Finies les Rencontres Africa, vive Ambition Africa 2018, les 22 et 23 octobre au ministère de l’Économie et des finances ! C’est sous ce nouveau nom que l’évènement business officiel de référence entre la France et l’Afrique sera organisé pour la première fois cette année par Business France, sous l’égide du Quai d’Orsay et de Bercy. Les Rencontres Africa, pour leur part, continuent à exister et se tiendront les 24 et 25 septembre.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des finances, et Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État à l’Europe et aux affaires étrangères, ouvriront la manifestation, qui « comprendra une séance plénière, 12 ateliers thématiques et sectoriels*, des rendez-vous B to B (3 000 sont prévus) et un Village d’experts », a détaillé le directeur général de Business France, Christophe Lecourtier, lors de la présentation d’Ambition Africa, le 11 septembre.
Cette réunion dans les locaux de l’agence s’est déroulée en présence d’une trentaine de journalistes et d’autant de représentants des partenaires institutionnels et privés : outre les ministères concernés, Cian, Medef International, Bpifrance, CCEF, CCI Ile-de-France, Société Générale, etc.
600 entreprises attendues, dont 350 africaines
S’exprimant après Christophe Lecourtier, Jean-Baptiste Lemoyne (notre photo) s’est félicité qu’il y ait « une prise de conscience pour faire du secteur privé le pivot, la clé ». Et de rappeler qu’à la demande d’Emmanuel Macron, un soutien d’un milliard d’euros est dévolu aux très petites et petites et moyennes entreprises (TPE et PME)..
Jean-Baptiste Lemoyne a également cité Proparco. La filiale pour le secteur privé de l’Agence française de développement (AFD), dont les autorisations d’engagement ont porté en Afrique sur 728 millions d’euros en 2017, soit 53 % de son activité, devra consacrer 2,7 milliards d’euros au continent d’ici 2020. Autre outil à la disposition des sociétés de l’Hexagone, le plan d’investissement pour l’Europe, « le fameux PIE de l’Union européenne, avec son système de garantie de 4 milliards d’euros pour générer dix fois plus ».
Il est prévu qu’Ambition Africa 2018 offre une vitrine importante aux milieux d’affaires. Quelque 600 entreprises sont espérées, dont 250 françaises et 350 africaines. Elles seraient déjà 200 du continent à être inscrites. Business France les sélectionne en fonction de leur expérience de l’international, de leur capacité et de l’existence de projets de développement. Une tâche d’autant plus facile que l’agence dispose de bureaux sur l’ensemble du continent.
Toute l’Afrique est invitée
Christophe Lecourtier a insisté sur la volonté de Business France « d’aller au-delà de l’Afrique francophone ». C’est ainsi que le Premier ministre d’Éthiopie et le ministre des Finances du Nigeria, entre autres, sont invités. En fait, des délégations officielles de tout le continent sont attendues : en particulier, Éthiopie, Côte d’Ivoire, Kenya, Nigeria, Algérie, Ghana.
Jean-Baptiste Lemoyne a encore souligné l’enjeu d’Ambition Africa, au moment où l’Union européenne subit « des coups de boutoir » sur ses quatre libertés (circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes) et doit relever un « défi » de l’autre côté de la Méditerranée. De fait, du nord au sud du continent, l’Afrique, déjà confrontée au sous-développement, subit de nouveaux coups de boutoir, avec la montée du terrorisme et des migrations.
Le secrétaire d’État auprès de Jean-Yves Le Drian a été on ne peut plus clair : « soit on réussit ensemble, soit on échoue ensemble ». D’où, selon lui, la nécessité « tous les jours » de « diversifier ses relations » pour qu’elles ne soient plus seulement politiques, mais aussi « économiques, culturelles et entre personnes ».
Outre Ambition 2018, « notre mobilisation », a indiqué Jean-Baptiste Lemoyne, se traduira en 2020 par la tenue dans l’Hexagone de la Saison des cultures africaines et d’un Sommet Afrique-France Ville durable.
J-B. Lemoyne : « ne pas se reposer sur des pseudo-lauriers »
Il y a, selon lui, une « deuxième évidence » à prendre en compte : « la mondialisation est passée par là » et « il n’y a plus d’unilatéralisme évident », comme le montre le récent Sommet Chine-Afrique, « impressionnant », selon le ministre, si l’on s’en tient « aux moyens mis sur la table par Pékin ». Et de prévenir : « on ne peut pas se reposer sur de pseudo-lauriers » et « on doit réinventer continuellement nos relations avec l’Afrique ».
Par exemple, il est important « d’utiliser les diasporas et les communautés françaises en Afrique » pour « enrichir la relation » et « confirmer notre position de hub ». Environ 80 % des entreprises implantées en France la considéreraient comme un carrefour sur le continent.
Or, la France avec plus de 11 milliards d’euros d’exportations y conservent un poids réel, malgré la baisse de sa part de marché et de son excédent commercial, tombé de 3,5 milliards à 2,9 milliards entre 2016 et 2017. Au moment où le continent progresse dans la constitution d’une Zone de libre-échange continentale (ZLEC), selon Jean-Baptiste Lemoyne, « l’Union européenne et la France en particulier ne peuvent pas rester en marge ».
François Pargny
* environnement des affaires, financement, mix énergétique, agro-industrie africaine, eau et gestion des déchets, startups et PME africaines, transports urbains, numérique, infrastructures de transport et logistique multimodale, accès à la santé, formation professionnelle, biens de consommation français.