Pour la première fois, des ambassadeurs français se rendront en région, le 31 août, après leur traditionnelle conférence annuelle que le Quai d’Orsay a organisée cette année du 27 au 29 août à Paris. Ils seront ainsi 111, a annoncé le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui en clôturait la 26e édition, rebaptisée conférence des ambassadeurs et des ambassadrices. Dans son introduction, le patron du Quai d’Orsay s’est, en effet, félicité de ce « signe » de la « modernisation » du ministère, avec une proportion cette année de « plus d’un quart » de femmes, « contre à peine plus de 10 % il y a six ans ».
Ils seront une poignée d’ambassadeurs (Trinité-et-Tobago, Cambodge, Botswana…) à se rendre en Alsace pour visiter notamment les entreprises Lohr Industrie, Safran Landing Systems et CroisiEurope. Toutes les régions métropolitaines, à l’exception de l’Ile-de-France et la Corse, accueilleront ainsi des ambassadeurs.
Dans son fief électoral de l’Yonne, l’ancien sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État à l’Europe et aux Affaires étrangères, recevra en personne douze d’entre eux. Treize autres, en poste de l’Algérie à Israël en passant par l’Uruguay, se rendront encore dans la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Commerce extérieur : réforme du dispositif d’appui en cours
Dans son discours de clôture de la conférence des ambassadeurs, le 29 août, Jean-Yves Le Drian affirmait que « la bataille du commerce extérieur se gagne d’abord sur les territoires, d’abord en France ». Les ambassadeurs, dans leur mission de diplomatie économique, intégrant le commerce extérieur, seront donc plus souvent invités à sillonner l’Hexagone et à rencontrer les entrepreneurs.
A Paris, les ambassadeurs et ambassadrices ont reçu, lors de la journée de « speed dating » 1 ambassadeur / 1 entrepreneur le 27 août, près de 400 entrepreneurs pour des entretiens d’une durée moyenne de 15 minutes.
A l’international, a rappelé le ministre, l’objectif est « de parvenir à ce que le dispositif de soutien à l’export s’incarne dans une interlocuteur unique sous la responsabilité de l’ambassadeur ». Et, alors que le Premier ministre, Édouard Philippe, a présenté, le 23 février dernier à Roubaix, la nouvelle stratégie nationale en matière de commerce extérieur, c’est le même schéma de référent unique pour l’entreprise qui est adopté en région.
« Nous avons redéfini les rôles de Business France, des Régions, de la BPI et des CCI pour qu’il y ait là aussi [comme à l’étranger, NDLR] un interlocuteur unique », a confirmé Jean-Yves Le Drian. La réforme « est en cours ». « Je me suis beaucoup investi avec les présidents de région, a-t-il souligné, pour faire adopter le plus largement possible ce schéma qui clarifie le rôle de chacun et place notre opérateur, Business France, au plus près des acteurs économiques du terrain ».
L’ancien président du Conseil régional de Bretagne a dévoilé devant les ambassadeurs qu’il se rendrait avec Jean-Baptiste Lemoyne « chaque mois dans une région différente pour vérifier la bonne mise en place de ce dispositif et la bonne articulation avec le dispositif que vous-mêmes [les ambassadeurs, NDLR] vous mettez en place dans les pays d’accueil ». Ce sera « dès le mois prochain » la Normandie.
Réorganisation et économies dans les ambassades
A l’ouverture de la conférence des ambassadeurs, le 27 août au Palais de l’Elysée, le président de la République, Emmanuel Macron, dans un discours de politique étrangère centré sur l’Europe, avait estimé qu’il fallait « axer notre action collective sur une stratégie export pour les ETI et les PME » pour réduire le déficit commercial.
« Les chiffres de notre commerce extérieur demeurent singulièrement décevants » et « les ambassadeurs et les ambassadrices doivent donc devenir les chefs de file, encore plus qu’avant, de notre expansion économique à l’étranger », a pointé deux jours après Jean-Yves Le Drian.
Le patron du Quai d’Orsay a ainsi demandé aux ambassadeurs de lui délivrer « dès le mois prochain » une liste de « dix contrats prioritaires pour nos entreprises » et de faire remonter, « toutes les huit semaines », un point sur « l’avancée de ces projets, sur ce qui a été enregistré concrètement pour les aider, ainsi que sur les difficultés rencontrées et les actions utiles à mener depuis la France ».
Pour sa part, Édouard Philippe, qui intervenait le 28 août lors d’un autre temps fort de cette conférence des ambassadeurs, avait confirmé à ces derniers ce que la réorganisation globale des services de l’État, engagée dans le cadre de la démarche « Action publique 2022 » impliquait pour eux. D’abord, « une révolution » au quotidien, avec le pilotage des fonctions supports (équipes d’assistants, véhicules, immobilier), ainsi que de l’ensemble des réseaux de l’État à l’étranger.
Les fonctions supports, qui représentent aujourd’hui 30 % des coûts en équivalent temps plein (ETP) à l’étranger devront passer sous la barre des 25 %. Globalement, les économies générées représenteront « 10 % de la masse salariale d’ici 2022, soit environ 110 millions d’euros », a précisé le chef du gouvernement.
Pour y parvenir, des fonctionnaires expatriés pourront être remplacés par des agents de droit local, « par exemple dans les services culturels et économiques, en particulier en Europe », a indiqué Édouard Philippe. De même, il va falloir réfléchir « à une meilleure répartition des implantations des opérateurs de l’État à l’étranger et de leurs modes d’action ». Et à cet égard, le Premier ministre a mentionné que si dans certains pays, des postes seront à créer, dans d’autres, il faudra en supprimer.
Une aide publique au développement renforcée
Les ambassadeurs et ambassadrices en poste en Afrique auront été particulièrement sensibles aux propos du chef de l’État sur ce continent. « L’importance de l’Afrique pour la France », Emmanuel Macron l’a confirmé avec l’inscription au budget 2019 « d’un milliard d’euros en autorisations d’engagements supplémentaires » à l’aide au développement.
Par ailleurs, dix ans après l’Union pour la Méditerranée, initiée par Nicolas Sarkozy, le président a annoncé au début de l’année prochaine la tenue d’un sommet à Marseille pour « retrouver le fil d’une politique méditerranéenne ». II s’agira, pour l’hôte de l’Élysée, d’une nouvelle politique visant à inclure « toutes les sociétés civiles » et la jeunesse.
François Pargny