L’OMC (Organisation mondiale du commerce) a revu une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de croissance du commerce mondial pour 2019 et 2020 : elle s’établirait à seulement 1,2 % en 2019, au lieu de 2,6 % prévu en avril dernier, et à 2,7 % en 2020, au lieu de 3 % initialement projeté.
Les principaux facteurs du ralentissement des échanges cette année sont, pour les économistes de l’OMC, « l’escalade des tensions commerciales » et le « ralentissement de l’économie mondiale », précise un communiqué de l’institution. Concernant cette dernières, l’OMC a également rabaissé ses prévisions de croissance du PIB mondial au taux de change du marché pour les ramener à 2,3% en 2019 et en 2020, contre 2,6 % précédemment.
Ces économistes n’excluent pas une nouvelle détérioration de la situation et précisent que « la projection pour 2020 dépend d’un retour à des relations commerciales plus normales ». Autrement dit, le ralentissement de la croissance du PIB et des échanges pourrait être encore plus prononcé en cas d’aggravation des tensions commerciales.
Car d’autres facteurs de risque sont à l’œuvre : « le ralentissement de la croissance (…) reflète également des facteurs cycliques et structurels propres à chaque pays, y compris l’évolution de l’orientation de la politique monétaire dans les pays développés et l’incertitude liée au Brexit dans l’Union européenne. Les risques macroéconomiques sont clairement des risques baissiers » soulignent les économistes de l’OMC.
L’Amérique du nord est restée la plus dynamique
Si toutes les régions du monde sont concernées par ce ralentissement des échanges, au premier semestre de 2019, la croissance des exportations a été positive partout, malgré un affaiblissement notable de la demande mondiale : Amérique du Nord +1,4%, suivie par l’Amérique du Sud +1,3%, l’Europe avec + 0,7%, l’Asie + 0,7%, et les autres régions (qui comprennent l’Afrique, le Moyen-Orient et la Communauté d’États indépendants, y compris les anciens États membres et les États membres associés) avec + 0,1%.
Côté importations, le ralentissement est perceptible, même si elles ont progressé encore en Amérique du Nord avec + 1,8% et en Europe avec + 0,2%. Deux régions ont enregistré des baisses : Amérique du Sud avec -0,7% et Asie avec -0,4%. Collectivement, les importations des autres régions ont quant à elles augmenté plus vite que celles de l’Amérique du Nord, à savoir 2,4%.
« La demande d’importations a été particulièrement faible en Asie, ce qui a lourdement pesé sur les exportateurs de produits manufacturés (par exemple le Japon, la Corée et l’Allemagne), observent les économistes de l’OMC. Les exportateurs de ressources naturelles ont également vu la demande de leurs produits s’affaiblir, comme le montre la baisse de 12% en glissement annuel des prix des produits de base au mois d’août ».
L’indice des commandes à l’exportation en berne
Pour les mois qui viennent, plusieurs indicateurs inquiètent l’OMC parce qu’ils sont en berne. Le premier est un indice des nouvelles commandes à l’exportation dérivé des indices des directeurs d’achat : il est tombé de 54,0 en janvier 2018 à 47,5 en août 2019, son niveau le plus bas depuis octobre 2012. Or, « les valeurs inférieures à 50,0 indiquent une contraction » indique l’OMC.
Un autre indicateur mesure davantage le climat des affaires, et il est mauvais. Basé sur la fréquence de certaines formulations dans les communiqués de presse, cet indice rend compte des aspects de l’incertitude monétaire, budgétaire et commerciale. En 2019, il est passé de 289 en janvier à 348 en août, « son plus haut niveau jamais enregistré ». Or, « dans la mesure où l’incertitude économique décourage l’investissement, elle peut avoir un effet négatif disproportionné sur le commerce » en réduisant les commandes de biens d’équipements.
Pas de quoi rassurer sur l’évolution de cette conjoncture.
Desk Moci