Les exportations de biens de la zone euro* représentent plus du quart des exportations mondiales. Bien que menacée et fragile, cette part de marché se stabilise depuis quelques années, selon une étude économique que vient de publier le groupe Crédit Agricole.
La part de marché de la zone euro s’est d’abord réduit entre 2000 et 2010, sous l’effet de la concurrence accrue des pays asiatiques, en particulier de la Chine. Mais elle a aussi subi le repli de la demande mondiale à partir de 2008. En effet, après avoir progressé au rythme élevé de 4,3 % par an entre 2000 et 2008, la demande adressée à la zone euro a subi le contrecoup de la crise et ralenti à 0,7 % par an entre 2008 et 2012. Depuis 2012, la performance de la zone euro à l’exportation s’est stabilisée et, selon le Crédit Agricole, elle devrait se maintenir dans les années à venir.
La Chine, premier client de la zone euro entre 2008 et 2012
Entre 2000 et 2015, la part de la zone euro dans les exportations mondiales a perdu 7 points alors que l’Asie en a gagné 13. Parallèlement, des changements se sont manifestés dans la répartition des partenaires commerciaux.
Ainsi, en 2010, les premiers clients à l’exportation de la zone euro étaient le Royaume-Uni et les États-Unis avec respectivement 14,4 % et 13,5 % des exportations (hors commerce intra-zone euro). Suivaient dans le Top 5, loin derrière, la Chine (7,1 %), la Suisse (7 %) et la Pologne (5,6 %). Mais sur la période 2008-2012, la donne a changé et la Chine a été le plus gros contributeur, suivie par la Suisse, « qui a contribué trois fois plus que les États-Unis, la crise ayant eu des impacts différenciés sur ces pays ».
Puis, sur la période 2012-2016, les États-Unis sont devenus le principal contributeur à la croissance de la demande adressée à la zone euro en raison de leur poids et du dynamisme de l’économie et des importations. Parallèlement, la contribution des importations chinoises s’est affaiblie. La Russie, en revanche, du fait de la crise ukrainienne et des sanctions européennes, a eu une contribution négative tout comme la Suisse depuis l’appréciation de la devise helvète.
Les pays du Sud de l’Europe gagneront le plus de parts de marché à l’exportation d’ici à 2020
Concernant les perspectives d’évolution des parts de marché de la zone euro, les analystes du groupe Crédit Agricole ont calculé la demande adressée à la zone euro à partir des prévisions du Fonds monétaires international (FMI) concernant les importations des pays tiers. Il en ressort qu’à moyen terme, les pays du sud de l’Europe (Espagne, Grèce, Portugal, Italie) seront ceux « qui gagneront le plus de parts de marché à l’exportation ».
L’Espagne devrait ainsi voir ses exportations augmenter au rythme de 3,6 % par an entre 2017 et 2020, alors que la demande qui lui sera adressée progresserait de 3,2 % par an sur cette période. En Italie, les exportations sont attendues en forte hausse (+4,6 % par an, d’ici à 2020) et leur rythme de progression devrait dépasser la demande qui sera adressée au pays (+3,5 %), « permettant ainsi au pays d’inverser la tendance des quinze dernières années », estime les analystes de la banque. Les exportations de l’Allemagne sont elles attendues en hausse de 3,3 % par an d’ici 2020.
Les Pays-Bas devraient voir ses parts de marché se stabiliser. À l’inverse, la France continuerait de voir ses parts de marché se dégrader « régulièrement ».
Tandis que le dynamisme de la position de la Chine dans le commerce mondial semble s’affaiblir, les craintes portent désormais sur le risque d’une poussée protectionniste notamment outre-Atlantique, observent toutefois les analystes de la banque verte. L’élection de Donald Trump et ses déclarations sur la dénonciation d’accords multilatéraux font craindre une hausse des barrières tarifaires et/ou non tarifaires pour accéder au marché américain.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
– Consultez l’analyse économique du groupe Crédit Agricole en fichier PDF
– Site Internet des études économiques de Crédit Agricole : http://etudes-economiques.credit-agricole.com/site/page.php