Une grève du zèle déclenchée depuis le 4 mars par des agents des douanes à l’appel de plusieurs syndicats (intersyndicale Unsa-CGT-CFDT) pour réclamer davantage de moyens dans la perspective du ‘Brexit’ donne un avant-goût du « jour d’après » le 29 mars minuit, date prévue de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, en cas de non-accord entre Londres et Bruxelles pour organiser la transition.
Jusqu’à 2000 poids-lourds immobilisés le 7 mars
La grève du zèle consiste à effectuer systématiquement, pour chaque camion, tous les contrôles de marchandises prévus normalement mais habituellement effectués de façon aléatoire. A Calais et Dunkerque, des milliers de camions ont ainsi été immobilisés durant des heures depuis le début de cette semaine aux abords des ports, provoquant des kilomètres de bouchons sur les voies d’accès : jusqu’à 2000 poids-lourds à l’arrêt signalés encore le 7 mars en milieux d’après-midi, générant de gros embouteillages sur l’autoroute A 16, par exemple.
Cette grève du zèle s’est même étendue à d’autres postes frontières comme à la gare du Nord à Paris, où des retards atteignant jusqu’à deux heures au départ des trains Eurostar à destination de l’Angleterre ont été signalés à partir du 6 mars, où encore à l’aéroport de Nice-Côte d’Azur, où des perturbations ont également été signalées.
700 douaniers recrutés d’ici… 2020
Bercy a encore confirmé récemment, à l’occasion de la présentation du bilan 2018 de la Douane, le recrutement de 700 douaniers supplémentaires pour faire face au rétablissement des contrôles aux frontières avec le Royaume-Uni, mais le processus doit s’étaler jusqu’à 2020. L’administration des douanes a elle-même intensifié les préparatifs, multipliant notamment les réunions avec les entreprises.
Mais la perspective de plus en plus plausible d’une sortie du Royaume-Uni sans accord, que personne n’osait imaginer il y a encore quelques semaines, avant que le projet d’accord négocié par gouvernement britannique ne soit rejeté, le 15 janvier, par la Chambre des Communes, a fait monté de plusieurs crans la crainte d’une situation chaotique, faute de préparation suffisante.
Inquiétude des transporteurs
Alors que le ministre de l’Action et des comptes publics Gérald Darmanin a prévu de recevoir les représentants des syndicats de douaniers mardi prochain 12 mars, les fédérations professionnelles du secteur des transports et de la logistique sont montées au créneaux pour tirer la sonnette d’alarme face à l’enlisement.
« Après le mouvement des gilets jaunes, les épisodes neigeux, le secteur est encore une fois fragilisé » alerte dans un communiqué commun la Fédération nationale des transports routiers (FNTR et ses membres actifs la CSD et l’Unostra) et l’Union des entreprises transport et logistique de France (Union TLF). Tout en estimant que « les préoccupations et appréhensions relatives à la mise en œuvre du Brexit sont légitimes », ces organisations regrettent notamment qu’ « entre immobilisation forcée, files d’attente interminables et retards, le transport routier de marchandises est frappé de plein fouet… ». Elles appellent aussi à une meilleure coopération de la Préfecture « pour trouver de toute urgence des alternatives afin de fluidifier le trafic et permettre une reprise progressive de l’activité ».
Desk Moci