Alors que le pays est en récession profonde, malgré la perspective des prochains Jeux Olympiques d’été, dans trois mois, le Brésil devient un marché risqué pour les exportateurs. Euler Hermes a annoncé aujourd’hui avoir dégradé la note de risque pays du géant latino-américain de B3 à C3, soit un « risque de niveau significatif » sur une échelle de note allant de A à D, du meilleur au pire. Les défaillances d’entreprises sont encore prévues en forte hausse cette année par Euler Hermes avec +22 % (après +25 % en 2015).
Car l’économie brésilienne semble ne pas pouvoir voir le bout du tunnel. « Après avoir stagné en 2014 et enregistré une baisse de -3,8 % en 2015 – la pire récession en 25 ans – le PIB brésilien devrait se contracter de nouveau de -3,5 % en 2016 », explique Daniela Ordoñez, économiste spécialiste de l’Amérique latine cité par un communiqué de l’assureur-crédit.
Plusieurs indicateurs restent dans le rouge : l’investissement, qui a chuté de -14 % en 2015, de même que la consommation (-4 %) ; les conditions de financement des entreprises (explosion des taux d’intérêts, difficultés de remboursement) ; une inflation encore élevée (supérieure à 8 %), freinant ainsi la consommation privée (-4 % en 2015).
L’assainissement économique et financier en cours a toutefois permis d’améliorer plusieurs autres indicateurs économiques. « A l’heure actuelle, la balance nette des IDE (flux entrants d’IDE – flux sortants d’IDE) s’élève à 62 milliards d’USD, un montant suffisant pour couvrir l’intégralité du déficit courant du Brésil », observe ainsi Daniela Ordoñez. Pas d’inquiétude non plus du côté des réserves de change (15 mois d’importation) et de la dette extérieure (15 % du PIB seulement).
Le plus inquiétant reste le trop faible niveau d’investissement, qui, ajouté à un fort protectionnisme et un coût du travail jugé relativement élevé, ne présage rien de bon pour l’avenir en raison du manque de compétitivité que cela génère : selon Euler Hermes, « le taux d’investissement brésilien est aujourd’hui inférieur à 20 % du PIB, le dernier parmi les BRIC (Russie, Inde, Chine), et en dessous de la moyenne sud-américaine »…
C. G.