La nouvelle liaison ferroviaire
intercontinentale dédiée au fret, au départ du port d’Anvers (Belgique) jusqu’à
Chongqing (Chine), testée depuis début mai, est désormais opérationnelle. Elle
traverse neuf pays, à savoir : la Belgique, l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine, la Russie, le Kazakhstan, la Mongolie, et la Chine. Vrai
alternative aux porte-conteneurs, cette ligne (11 179 km) pourrait
bien révolutionner le commerce entre l’Union européenne et la
Chine dont les flux sont jusqu’ici
transportés à 90 % par voie maritime.
« La ligne de chemine de fer va diviser par deux le temps de transport
moyen du fret avec la Chine »
promet Huang Qifan, maire de Chongqing, selon une déclaration rapportée par l’Agence Chine Nouvelle. « Il faut environ 40 jours pour à un navire porte-conteneur pour faire
la liaison avec un grand port chinois. Ce n’est là que le temps
nécessaire entre Anvers et la côte est de la Chine. Il faut encore y
ajouter le transport vers l’intérieur de la Chine, par voies d’eau ou par camions. Avec le
train, le voyage durera entre 20 et 25 jours» confirme au Moci Marc Van Peel, homme
politique belge, échevin de la municipalité d’Anvers.
« Nos trains pourront, à terme, emporter 50 conteneurs par jours et ce,
5 fois par jour. Nous avons commencé avec les produits de l’industrie
pétrochimiques, les pièces détachées automobiles, mais aussi des pièces
électroniques et des ordinateurs. Même si cette ligne ne peut espérer capter
guère plus de 1 % des volumes de marchandises
échangées avec la Chine,
c’est un bon début», explique Marc Van Peel.
Pour l’heure, les débuts sont
modestes, avec « seulement une liaison quotidienne avec Chongqing »,
selon Annik Dirkx, porte-parole du port belge, qui ajoute : « le
trajet jusqu’à Chongqing dure actuellement 22 jours, délai qui pourra être
ramené à 16 jours». En effet, « les formalités douanières avec
les autorités des pays traversés sont toujours en cours de négociation.
Celles-ci devraient se poursuivre jusqu’en octobre », précise
l’échevin d’Anvers. Ce dernier indique au passage que « la ligne peut
aussi intéresser les entreprises françaises qui ont des flux commerciaux avec les
ports d’Afrique de l’Ouest vers la
Chine ».
Le projet a été initié dès 2010 par la société de développement de la province
d’Anvers conjointement avec le port, l’administration des douanes belge et la
ville de Chongqing, ville champignon de 32 millions d’habitants.
Située au cœur de la Chine
continentale, la mégalopole connaît une croissance économique de 10 à 12 % par
an. Elle est déjà considérée comme l’un des premiers hubs mondiaux de
marchandise et un levier économique majeur pour le gouvernement Chinois, qui
souhaite équilibrer un développement trop longtemps cantonné aux zones
côtières.
Quant au rôle
d’opérateur-exploitant de cette ligne, il a été confié à la société suisse Hupac,
spécialiste du transport combiné rail/route et qui est également le deuxième
acteur majeur de transport du port d’Anvers, après la SNCB (Société des chemins de
fer belge). Le groupe suisse, qui fait déjà circuler quotidiennement plus d’une
centaine de trains de marchandises en Europe, profite de la forte croissance du
transport combiné européen.
Gilles Naudy