La filiale d’EADS spécialisée dans la fabrication d’hélicoptères Eurocopter s’est dotée d’un logiciel de gestion des transports (TMS) pour optimiser ses approvisionnements et ses expéditions internationales. Voici son appréciation.
Eurocopter (15 000 personnes, 4,8 milliards d’euros de CA en 2010) est composé de deux entités principales, l’industrie, qui s’occupe de la fabrication, et les services, pour la gestion des pièces de rechange et la réparation. La fabrication se partage entre les sites de Marignane (France), Donauwörth (Allemagne) et Albacete (Espagne).
Il existe également des chaînes de fabrication dites « déportées » en Finlande, en Australie et au Brésil, c’est-à-dire dans des pays où les hélicoptères sont envoyés en kit et assemblés sur place. Jérôme Brechet, responsable transports pour les flux industriels chez Eurocopter, en précise les modalités : « Pour la partie industrie, les flux import sont constitués des pièces et équipements pour la fabrication des appareils, et les flux à l’export concernent les livraisons vers nos sous-traitants (tôles, tubes composants) et les retours pièces. »
La société Eurocopter est organisée par produits (hélicoptères légers, moyens et lourds) et doit résoudre plusieurs problèmes, en flux import et export. D’abord elle doit choisir les bons Incoterms et les faire respecter : « Nous préconisons à nos acheteurs de déterminer des zones géographiques dans lesquelles nous sommes responsables des transports, pour un meilleur coût et une traçabilité des flux », précise Jérôme Brechet. Cette traçabilité est assurée par le logiciel de gestion des transports (TMS) dénommé DDS Shipper, éditée par la société DDS Logistics. Ensuite, elle doit faire respecter les délais aux transporteurs et avoir une vision de ces flux. Pour résoudre ces équations, Eurocopter décide en 2007 de s’équiper d’un programme capable de gérer ces opérations. Pour les flux internes, la filiale d’EADS utilise le progiciel du géant allemand SAP, et pour les flux externes, le constructeur a cherché une solution de marché compatible avec SAP et les logiciels des transitaires.
Après un appel d’offres, l’éditeur DDS a été sélectionné. « Parce que le prix proposé était correct. Le logiciel fonctionne aussi en mode ASP (Application Service Provider ou utilisation à distance), et surtout, il opère une gestion par alertes. De plus, il est facilement paramétrable », explique le responsable d’Eurocopter.
Autre atout clé du TMS, il est accessible via un portail Internet, donc consultable par tous, fournisseurs et transitaires. L’avantage est de passer d’un mode « pompier », c’est-à-dire de gestion de l’urgence (pièce en retard ou égarée), à un mode plus organisé d’alertes. Grâce à ce mode alerte, tous les matins, les colis non enregistrés font l’objet d’une alerte par courriel. Ainsi, le fabricant d’hélicoptères maîtrise aujourd’hui beaucoup mieux ce type d’incidents. Puis, le constructeur recueille les informations dans SAP (bons de livraison, commandes), il les envoie vers les transitaires SDV et DHL, et reçoit ensuite leurs données, comme les dates de livraisons. Les flux industrie sont de l’ordre de 4 000 expéditions mensuelles à l’export, et environ 500 bons de livraison par mois en import. « Mais il existe encore beaucoup de transporteurs non interfacés avec DDS, ce qui réduit fortement notre visibilité », regrette le responsable transport. Eurocopter s’oriente donc vers une modification des conditions d’achat, pour que les transitaires aillent chercher les pièces vers les fournisseurs. Le TMS se chargeant de tracer ces flux, puisqu’il est connecté au système d’information des transitaires. Avec ce logiciel, Eurocopter peut donc mieux manager les performances de ses transitaires et transporteurs. « Auparavant, nous n’avions aucun moyen de vérifier la véracité de leurs indicateurs de performance », conclut le responsable transport.
Patrick Cappelli
Un logiciel pour le sourcing
« L’enjeu principal des acheteurs aujourd’hui, avec l’explosion des fournisseurs asiatiques, est de comparer les offres sur la base d’un prix rendu à destination », explique Jérôme Bour, P-dg de l’éditeur DDS. C’est pour les aider qu’il a créé un outil de simulation des coûts (douanes, transports, etc.) doté d’un moteur de « costing » (calcul des coûts à l’international) nommé DDS Sourcing. Des enseignes de grande distribution comme Conforama et Carrefour l’ont adopté. Ce module permet de mettre en ligne les demandes des acheteurs : appels d’offres, demandes de cotation, etc. « Cette plateforme d’échanges autorise les descriptions complexes : packagings, produits soumis à la réglementation Reach (1), documents de dédouanement par exemple », ajoute Jérôme Bour. Grâce à ce « e-showroom », les produits ainsi sélectionnés sont disponibles pour les acheteurs, ce qui permet d’optimiser le coût de la logistique dès l’étape de la commande. Les fournisseurs peuvent se brancher sur la plateforme pour proposer leurs produits. La facturation se fait à la demande.
P. C.
(1) Impose depuis 2007 l’enregistrement des substances chimiques utilisées dans les produits.