Nouvelle année oblige, l’heure est au bilan pour les ports français qui ont publié en janvier les chiffres de leur trafic pour l’année écoulée. Dans leur ensemble, les ports ont enregistré un trafic de conteneurs en hausse avec la reprise du commerce mondial observée fin 2014 dans les pays avancés, plus particulièrement aux États-Unis où la hausse de la demande intérieure profite aux importations. Ce qui a permis de contenir le recul du trafic global.
Au podium des sites portuaires français, Haropa, le leader, parvient à résister le mieux à la conjoncture (- 1,3 %) face au Grand port maritime de Marseille (GPMM) (- 2 %), globalement. Mais se sont les challengers qui affichent le plus de dynamisme, avec en tête Dunkerque (+ 8 %). Revue de détail, site par site.
Haropa : – 1,3 %
En 2014, le trafic maritime du groupement portuaire Haropa – qui réunit les ports du Havre, Rouen et Paris – a surtout été dopé par les conteneurs. Le trafic de conteneurs a ainsi progressé de 4,9 % à 26,9 millions de tonnes (Mt) transportées. « La hausse affichée sur le tonnage indique qu’il ne s’agit pas d’un trafic de repositionnement de conteneurs vides mais bien d’une augmentation réelle du trafic de marchandises, précise le premier port français dans un communiqué. La progression se poursuit dans le sillage de l’année 2013, les résultats reviennent au niveau affiché avant la crise de 2008 dont l’impact commence à s’atténuer ».
Le transport de vracs solides a, pour sa part, chuté de 11,7 % à 12,4 Mt (contre 14 Mt en 2013) dont 7,3 Mt de céréales exportées. La baisse est imputable en partie à la baisse du trafic de charbon enregistrée par Rouen (- 13,6 %) et le Havre (- 71 %).
Les vracs liquides ont été relativement stables dans un contexte économique tendu, avec une baisse modérée de 1,1 %, à 47 Mt transportées. Cette baisse, indique Haropa «s’explique par une diminution des importations de pétrole brut notamment due à l’arrêt de la raffinerie Total Grand-Puits ».
De manière globale, le trafic a diminué de 1,3 %, à 89,2 Mt en 2014.
Marseille-Fos : – 2 %
La crise de 2008 a affecté la production industrielle mondiale et a eu pour conséquence directe une baisse des importations et des exportations qui s’est fait ressentir sur le transport maritime du port foséen. Dans un contexte d’après-crise, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) a pris le parti de s’appuyer sur des filières s’imposant comme des relais de croissance tels que le trafic de conteneurs et de vracs solides.
La filière conteneurs est celle qui a enregistré la plus forte accélération avec une croissance moyenne de 7 % en 2014. « Cette hausse se situe bien au-dessus de la moyenne du marché », précise l’opérateur portuaire qui rapporte que selon les derniers résultats disponibles, les ports européens du range nord ont vu leur trafic progresser de 2,5 % en moyenne. Au total, en nombre, 1,17 million équivalents vingt pieds (EVP) ont été manutentionnés sur le port en 2014, soit + 74 670 EVP par rapport à 2013. Mais Marseille-Fos entend ne pas s’arrêter là, et ambitionne d’atteindre les 1,5 million EVP à horizon 2018, soit 19,4 Mt de marchandises diverses traitées contre 17,73 Mt actuellement.
Le trafic de vracs solides (charbon, minerais ferreux et non ferreux, ciment, sable, céréales…) a progressé de 2 % à 13,45 Mt, une croissance soutenue en grande partie par les vracs sidérurgiques qui ont augmenté de 6 %. En ce qui concerne le trafic des vracs agroalimentaires, il est resté stable, totalisant 0,95 Mt en 2014.
Les vracs liquides – composés majoritairement par les hydrocarbures (pétrole et produits pétroliers), le gaz naturel liquéfié (GNL) et les produits chimiques –, ont eux accusé le coup et enregistré une baisse de trafic de 4 % à 47,26 Mt.
De manière générale, le port de Marseille-Fos a enregistré une baisse de son trafic global de 2 % l’an dernier pour s’établir à 78,45 Mt.
Dunkerque-Port : + 8 %
Troisième port français, réputé notamment comme port de grands vracs, le port de Dunkerque affiche lui aussi un trafic de conteneurs en hausse (+ 7 %) à 2,9 Mt. « Un nouveau record est établi en nombre à 312 000 EVP. Les conteneurs pleins augmentent de 6 % pour 177 000 EVP », détaille le port dans un communiqué.
Le trafic de minerais a réalisé une bonne année 2014 avec une augmentation de 13 % à 13,5 Mt. Le trafic de charbon s’est redressé au second semestre mais reste en repli de 7 % pour 5,1 Mt. Les céréales ont établi un nouveau record annuel à 2,3 Mt, en progression de 48 % par rapport à 2013. « Le précédent datait de 1991 avec 2,2 millions de tonnes », précise le port. Globalement, les vracs solides sont en hausse de 9 % à 23,6 Mt.
Quant aux vracs liquides, ils ont accusé une baisse de 7 % à 5,6 millions de tonnes.
De manière générale, le port a enregistré une augmentation de son trafic global de 8 % à 47 Mt en 2014.
Nantes Saint-Nazaire Port : – 4,6 %
Le trafic conteneurisé de Nantes Saint-Nazaire, premier port de la façade atlantique française, s’est élevé à 177 000 EVP. La diminution des importations (- 7,4 % en tonnage) est liée au ralentissement économique national, les exportations ayant mieux résisté (- 3,4 %).
Le trafic total de Nantes Saint-Nazaire Port s’est élevé à 26,4 Mt en 2014, en baisse de 4,6 %.
Port Atlantique La Rochelle : + 4 %
Le trafic de conteneurs du port de la Rochelle a augmenté de 4 % en 2014 à 13 768 tonnes manutentionnées.
Les vracs agricoles ont enregistré la plus forte croissance (+ 5,8 %), « une performance, souligne le port, à mettre sur le compte de la bonne tenue des engrais, en lien direct avec l’excellente campagne céréalière précédente qui a permis aux agriculteurs d’investir dans les intrants tandis ». Deuxième filière en tonnage, après les céréales-oléagineux (- 2,2 % à 4,2 Mt), les produits pétroliers ont affiché en revanche une baisse de 7 % avec 2,6 Mt fin 2014.
Au total, avec 9 401 419 tonnes de marchandises traitées en 2014 (- 3,1 % par rapport à 2013), le port Atlantique La Rochelle se rapproche doucement de son objectif de 10 Mt à l’horizon 2015-2016.
Des résultats à mettre en perspective. En Europe, la compétition est particulièrement rude sur le plan des conteneurs avec les ports du range nord et du sud de l’Europe. Les ports français malgré leur croissance arrivent encore loin derrière le port de Rotterdam, premier port du continent, avec un tonnage bien supérieur à l’ensemble des ports tricolores réunis : il s’est établi à 445 Mt en 2014, en hausse de 1 %. La filière des conteneurs est, elle, en hausse aussi bien en nombre (+ 5,8 % à 12,3 millions EVP) qu’en tonnage : + 5,2 % à 127,6 Mt traitées, selon les derniers chiffres publiés le 19 janvier par le port néerlandais.
Venice Affre