La crise de la Covid-19 a remis en cause l’organisation géographique et le mode de pilotage des supply chain mondiales, nécessitant leur transformation pour les rendre plus résilientes, flexibles et… durables. Tel est le principal enseignement qui ressort d’une enquête de Bolloré Logistics menée en partenariat avec Transport Intelligence, le cabinet d’études britannique spécialisé sur le transport et la logistique.
Intitulée « Transport de fret : quel avenir dans le monde post-covid » (The futur of freight forwarding in a post-covid world), l’étude a été réalisée auprès de 422 professionnels (chargeurs, prestataires et institutions financières) en juillet et août 2020.
Des relocalisations de sourcing plus proches
Elle confirme pour 72 % des sondés que la crise sanitaire bouleversera l’organisation des supply chain mondiales. 31 % d’entre eux pensent notamment que l’éloignement des zones d’approvisionnement et leur concentration sur un faible nombre de pays pourraient être reconsidérés.
« Ce résultat traduit l’impact direct de la Covid-19 sur le sourcing en Chine et en Asie du sud-est des grandes entreprises qui ont eu du mal à s’y approvisionner pendant la crise, analyse Olivier Boccara, Global Chief Commercial Officer de Bolloré Logistics. Elles ont pris conscience de leur trop forte dépendance à l’égard de quelques grands fournisseurs asiatiques qui les a pénalisées avec la chute des capacités d’acheminement de marchandises, entraînant une envolée des coûts du transport et des prix des produits. Les entreprises veulent ainsi réduire cette dépendance par des relocalisations de sourcing plus proches qui permettent aussi de constituer des stocks stratégiques avancés de sécurité ».
Mais pas question d’abandonner totalement le sourcing asiatique : 61% des sondés estiment en effet que la crise ne mettra pas en cause la globalisation comme modèle économique.
« Les multinationales ne peuvent pas se défaire totalement des grandes capacités de production de leurs fournisseurs chinois à bas coûts, notamment sur les produits à faible valeur ajoutée. La Chine constitue un excellent équilibre entre capacité de production, prix et délais de transport » estime Olivier Boccara.
Assouplir le pilotage de la supply chain pour être plus réactif aux imprévus
L’enquête met également en évidence la trop grande rigidité du pilotage des supply chain mondiales face à la pandémie. Pour 76 % des répondants, il est indispensable de disposer d’une bonne visibilité des flux pour être plus réactif aux imprévus, alors que 64 % souhaitent assouplir les modèles de planification des flux pour permettre un pilotage plus flexible.
« Les supply chain bien planifiées ont été déstabilisées, voire cassées par la Covid-19, illustre Olivier Boccara. Pour y remédier, les entreprises s’orientent vers des solutions alternatives de transport en fonction des différents niveaux de crise, pour éviter la rupture de la chaîne logistique et récupérer les produits, coûte que coûte. Pendant l’épidémie, on a pris notamment l’initiative de traiter les colis la nuit sur le hub saturé de Roissy Charles de Gaulle pour gagner en productivité et de passer par les hubs alternatifs de traitement du Luxembourg, de Liège et de Mulhouse, pour avoir plus de flexibilité ».
Enfin, 67 % des sondés estiment qu’il faut mettre le développement durable au premier rang des critères de performance des solutions logistiques. « La crise sanitaire a été un excellent catalyseur des supply chain durables, plus respectueuses de l’environnement. Il en va de la crédibilité des entreprises plus soucieuses de l’impact carbone de leur production et de leur transport de produits » conclut Olivier Boccara.
Bruno Mouly