Plus résilients que le reste de l’Europe à l’expansion de la Covid-19, les pays d’Europe orientale et centrale (Peco) ne doivent pas être négligés dans la perspectives d’une reprise. A l’occasion de deux webinaires organisés par le Medef Ile-de-France le 20 et 26 janvier et consacrés à l’export et à l’implantation dans six de ces pays , les ambassadeurs en France de ces pays et les présidents du comité de chaque pays des Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) ont présenté les opportunités qui s’offrent aux entreprises tricolores.
Proximité géographique, résilience à la crise sanitaire, croissance économique, secteurs porteurs…Les pays d’Europe centrale et orientale (Peco) membres de l’Union européenne (UE) ou non (Ukraine), moins touchés par la pandémie que le reste de l’Europe, représentent de réels relais de croissance et de développement pour les entreprises françaises. Ils prévoient en effet un rebond économique conséquent dès cette année, avec des taux de croissance estimés entre 4 % et 6 %.
Plan de relance économique polonais de 58 milliards d’euros
Ainsi, la Pologne (40 millions d’habitants), le plus grand marché de la région, anticipe une croissance à +4,1 % en 2021, après une récession de seulement -3,2 % en 2020, deux à trois fois moindre que celle de la France.
Du coup, l’environnement économique est favorable. « Nous encourageons une coopération avec les entreprises françaises dans 4 secteurs à fort potentiel : l’énergie nucléaire, l’aéronautique avec le développement de notre cluster d’excellence Aviation Valley, les technologies vertes et l’électromobilité pour laquelle nous visons un million de véhicules électriques en circulation en 2025 » a indiqué Tomasz Mlinarsky, l’ambassadeur de la Pologne en France.
« Les coopérations potentielles dans l’hydrogène et l’informatique sont déjà sur la table » a ajouté Jean Rossi, président du comité Pologne des CCEF.
Quatrième investisseur étranger en Pologne, la France pourrait aussi profiter du Plan de relance économique polonais d’un montant de 58 milliards d’euros (dont 23,8 milliards de fonds structurels européens) pour accentuer la présence ou l’export de ses entreprises dans le pays.
« Les trois priorités du Plan sont l’innovation dans l’industrie, avec la création de centres régionaux de soutien à l’innovation numérique pour favoriser la robotisation industrielle, la réforme de la réglementation sur le travail et l’emploi et surtout la transition énergétique avec une feuille de route de l’énergie verte vers la neutralité carbone » a souligné l’ambassadeur.
Le gouvernement polonais prévoit à cet effet la mise en place d’un nouveau cadre juridique favorable aux énergies renouvelables et son soutien aux investissements dans la rénovation thermique des bâtiments et dans l’économie circulaire.
Renouvellement du partenariat stratégique franco-roumain
Les entreprises tricolores pourraient également bénéficier des nouvelles opportunités du Plan de résilience et de relance économique de la Roumanie (20 millions d’habitants), d’un montant de 33,5 milliards d’euros.
« Il prévoit des investissements dans une douzaine de secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation, la cybersécurité, les transports durables, la transition énergétique… Autant d’occasions de développement pour les entreprises françaises alors qu’un partenariat stratégique franco-roumain a récemment été renouvelé par une nouvelle feuille de route qui donne de nouvelles perspectives à la coopération économique » a exposé Luca Niculescu, l’ambassadeur de la Roumanie en France.
Dans un pays qui vise une croissance de 4,5 % en 2021, après une chute de -4,4% en 2020, et où l’Hexagone est le troisième investisseur étranger avec la présence de 37 sociétés du CAC 40 (Renault Dacia, Carrefour, Auchan, Engie, Saint-Gobain…), les entreprises tricolores ont encore un grand potentiel d’implantations ou d’exportation.
« La Roumanie a beaucoup d’atouts, une main d’œuvre qualifiée et compétitive, des pôles urbains attractifs et en développement, des centres d’excellence dans l’automobile, l’aéronautique ou l’informatique…et des secteurs porteurs en rattrapage comme les infrastructures, la santé ou l’agriculture » a insisté Eric Stab, président du comité Roumanie des CCEF .
Hongrie, République Tchèque et Slovaquie :résilience et hubs industriels
Les petits pays d’Europe centrale, Hongrie, République Tchèque et Slovaquie, ne manquent pas non plus d’atouts pour attiser la convoitise des entreprises françaises. D’abord par leur résilience économique. « Après avoir connu une récession de -6,4% en 2020, la Hongrie vise une croissance de 3,5% en 2021 et 4% à 5% à partir de 2022 » a relevé Georges Karolyi, l’ambassadeur de Hongrie en France.
Le gouvernement compte favoriser les implantations industrielles par des aides financières. Ce qui devrait permettre d’accroître les investissements des entreprises tricolores, dont les plus grandes sont déjà sur place (Sanofi, Auchan, Schneider, PSA, Michelin, Valeo, Colas…).
« Dans le secteur des services où la situation est plus contrastée, il est préférable de travailler en partenariat avec des entreprises locales » a toutefois prévenu Peter Bosznay, président du comité Hongrie des CCEF.
En République Tchèque, les sociétés françaises peuvent déjà se positionner sur le plan national de Relance d’un montant de 8,7 milliards d’euros. « Il comporte trois priorités : la transition écologique, la transition numérique et le soutien aux entreprises » a précisé Michal Fleischmann, son ambassadeur en France.
Le pays, qui table sur une croissance de 3 % en 2021, constitue aussi une porte ouverte sur son voisin la Slovaquie. « Il y a beaucoup d’activités intégrée entre les deux pays » a résumé Miroslav Kot, président de la Chambre de commerce franco-slovaque. Pays industriel notamment dans l’automobile comme son homologue Tchèque, et hub d’exportation en Europe, la Slovaquie prévoit une croissance de 4,5 % en 2021 et 4 % en 2022.
C’est aussi une économie tournée vers le numérique, l’électronique et les centres de services partagés. Près de 400 entreprises françaises y ont élu domicile, dont 50 dans l’automobile.
Ukraine : exonération des droits de douane pour certains produits
Enfin, l’Ukraine (42 millions d’habitants) n’est pas à négliger, même si le pays ne fait pas partie de l’UE.
« L’Ukraine pâtit d’un déficit de notoriété et d’image. C’est pourtant un marché ouvert et actif qui a l’avantage d’avoir un accord d’association avec l’UE le plus complet » a souligné Charbel Kanaan, président du comité Ukraine des CCEF.
Ainsi, nombre de produits (cosmétiques, vins…) ne sont pas soumis à des droits de douane à l’importation lorsqu’ils sont originaires de l’UE, et l’on peut produire sur place pour exporter en Europe sans droit de douane non plus.« Le climat des affaires s’est nettement amélioré. Beaucoup de Français sur place, Crédit Agricole, Danone, Auchan, Bel, Servier, Décathlon… ne s’y sont pas trompés » a expliqué Charbel Kanaan.
« Notre pays propose des aides publiques qui peuvent atteindre 30 % de l’investissement sur plusieurs grands projets notamment d’infrastructures et présente de belles opportunités dans la chimie, la métallurgie, les équipements électriques, l’agriculture et de l’IT » a révélé Vadym Omelchenko, son ambassadeur en France.
De quoi stimuler l’appétit des entreprises françaises.
Bruno Mouly