Sur une échelle d’évaluation du risque pays, qui va de A pour la meilleure à D la plus mauvaise, Coface vient de déclasser légèrement la Russie, en mettant le pays classé en B sous surveillance négative. « Ce n’est pas tant la crise en Ukraine que l’économie russe qui se détériore depuis un an qui nous a amenés à agir », a commenté sont économiste en chef, Yves Zlotowski (notre photo), lors d’une conférence de presse, organisée le 25 mars. Selon lui, la croissance économique, après 1,3 % l’an dernier, devrait s’établir à 1 % en 2014, « sauf montée des sanctions et crise politique auxquelles nous ne croyons, d’ailleurs, pas pour l’instant ». Mais « finalement, l’importance de l’Ukraine pour l’économie russe n’est pas si importante ». En revanche, l’investissement s’est tassé et des capitaux sortent du pays.
La baisse de l’investissement, un problème de confiance
« Il n’y a pas de raison objective que la Russie n’accueille pas d’investissement. Et si les Russes arrêtent d’investir dans leur pays, c’est un problème de confiance », souligne encore Yves Zlotowski. D’après les donnée qu’a pu recueillir Coface, les sorties de capitaux se seraient élevées à 63 milliards de dollars, chiffre auquel il faut ajouter les fuites de capitaux, de l’ordre de 49 milliards par an, 29 milliards pendant les trois premiers mois de cette année.
Si les sanctions prises par les Américains et les Européens à l’encontre des Russes devaient être alourdies, alors les retraits de capitaux du pays, russes et étrangers, pourraient s’accélérer. En mai 2013, comme les autres grands émergents, la Russie avait subi la décision de la Réserve fédérale des États-Unis d’injecter des liquidités dans l’économie américaine, ce qui avait entraîné un départ de fonds du pays.
La monnaie nationale, le rouble, avait alors terriblement souffert. La Banque centrale russe a, d’ailleurs, dû remonter de 150 points de base à 7 % son taux d’intérêt directeur, ce qui va accentuer « le ralentissement de la croissance en pesant sur le crédit et l’investissement », estime-t-on chez Coface. « Pour le moment, la consommation continue à soutenir l’activité et il y toujours des hausses de salaires », observe Yves Zlotowski. Mais si la Banque centrale décidait encore de relever son taux d’intérêt directeur, alors le crédit et la demande interne seraient à nouveau pénalisés.
François Pargny