Les risques
en Russie ont retrouvé leur niveau d’avant-crise, estime l’assureur-crédit Coface
qui a tenu le 19 avril à Moscou un colloque sur les effets de la crise dans le
pays et dans les Etats membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI).
Pour l’année
2010, Coface, dont la notation évalue le risque moyen présenté par les
entreprises dans le cadre de leurs transactions commerciales, a attribué à la
Russie une note B, qualifiant les pays où « des
incertitudes au plan économique et financier et un environnement des affaires
parfois difficile sont susceptibles d’affecter des comportements de paiement ».
La Russie est régulièrement épinglée pour son niveau de corruption et un
climat des affaires pour le moins délétère. Elle figure au 123ème
rang (sur 183) du classement Doing Business de la Banque mondiale et à la 146ème
place (sur (180) de l’indice de perception de la corruption de Transparency
International.
Ceci dit, cette
note B constitue une amélioration. Rétrogradée à B- en janvier 2009, puis à C
en janvier 2010, avant de remonter à C+ en mars 2010, elle a retrouvé son
niveau d’avant-crise (B) en septembre 2010. Et ne l’a plus quitté depuis. Une
amélioration que les experts de Coface imputent à la relative bonne santé du
PIB russe. Ce dernier, selon les perspectives de l’assureur-crédit, devrait
croître de 4,5 % en 2011, « tiré
par une reprise de la consommation privée et un rebond du prix du pétrole ».
« Le comportement de paiement des
entreprises russes, très dégradé durant la crise, s’est considérablement
amélioré avec la reprise de la croissance », estime Coface, qui note
cependant qu’un des principaux moteurs de la croissance russe est toujours la
dépense publique. Et que la note de la Russie demeure deux crans en dessous de
celles des autres BRICS. En outre, les entreprises étant encore dans un
processus de désendettement, les investissements demeurent limités.
Au niveau
régional, les pays membres de la CEI connaissent des situations variées. Le Kazakhstan
est noté B, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et l’Ukraine obtiennent C, tandis que la Biélorussie,
le Kirghizistan, la Moldavie, l’Ouzbékistan et le Turkménistan reçoivent un D,
la plus mauvaise note. Ce qui n’empêche pas Coface, qui lie l’amélioration du
risque à une hausse du PIB, de se montrer optimiste. Selon ses propres calculs,
alors que le PIB mondial devrait ralentir à 3,2 % en 2011, contre 4,2 % en
2010, « la CEI sera la seule région à accélérer légèrement sa croissance en
2011 avec une hausse de 4,7 %, contre 4,4 % en 2010.
Si la
situation s’améliore, elle n’en demeure pas moins fragile. Si les cours du
pétrole venaient à baisser, l’Etat russe ne pourrait plus profiter de cette
manne qui lui sert à stimuler son économie à coup de grands programmes
étatiques. Par ailleurs, la perspective d’élections présidentielles en 2012, provoquant
une période d’instabilité des décisions politiques, et une corruption rampante
ne sont pas pour rassurer les entreprises étrangères travaillant avec des
sociétés russes.
Sophie Creusillet