Une conjonction de risques politiques assombrit l’horizon mondial en 2019 : la montée du protectionnisme aux États-Unis et celle du populisme en Europe, le regain de vivacité des guerres commerciales avec notamment l’escalade des tensions commerciales États-Unis-Chine, ou encore des tensions géopolitiques ravivées par l’instabilité du Moyen-Orient et les actes terroristes. C’est ce que dévoile Aon, un des leaders mondiaux du courtage en assurances pour les entreprises, dans son dernier rapport sur les risques politiques en 2019. Un constat qui rejoint celles de nombres d’analystes.
La conjugaison de ces éléments, « sur fond de ralentissement de la croissance mondiale » (2,9 % en 2019 contre 3,1 % en 2018), « fait de 2019 une année complexe et difficile à décrypter », selon la société britannique. D’où une carte 2019 des risques politiques où la couleur verte se raréfie.
Cette carte, mise à jour chaque année, synthétise les risques politiques et de violences politiques dans 163 pays et territoires émergents du monde. Les notes de risque sont attribuées selon un dégradé de couleurs allant du rouge (risque politique ‘très élevé’) au vert (risque ‘faible’) en passant par le orange foncé, le orange clair et le jaune. Or, à l’exception de la Guyane française, seul pays en vert, toutes les autres nations émergentes de la carte 2019* sont en jaune, orange clair, orange foncé et rouge.
Aon a toutefois rehaussé les notes de six pays : Azerbaïdjan, Croatie, Gambie, Ghana, Macao, Mongolie.
L’escalade tarifaire États-Unis / Chine risque de ralentir l’économie mondiale
Les incertitudes commerciales persistantes, qui découlent des guerres commerciales, et le protectionnisme restent les principales sources de risque en 2019 d’après Aon.
L’escalade des tensions tarifaires entre les États-Unis et la Chine freine aussi bien la croissance chinoise qu’américaine (6,6 % de croissance du PIB pour la Chine contre 2,6 % pour les États-Unis) pointe ainsi le spécialiste de la gestion du risque dans son rapport. L’économie nord-américaine sera impactée par cette politique qui trouve ses racines dans une rivalité croissante entre Pékin et Washington prévoit Aon qui estime que « cette situation pourrait bien s’installer dans la durée ».
À terme, la guerre douanière sino-américaine pourrait avoir des effets commerciaux défavorables au point de freiner la croissance économique et commerciale mondiale, d’après Aon. Un avis également partagé par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui estime elle aussi que la guerre commerciale entre Washington et Pékin va plomber la croissance économique en 2019 et 2020.
L’Europe est également menacée par des hausses de taxes de la part des États-Unis souligne la société de courtage d’assurances qui juge que la surtaxe douanière de 25 % de droits de douane envisagée par Washington sur le secteur automobile européen pourrait « diviser par deux le volume des exportations automobiles allemandes vers les États-Unis ». De plus, en Europe, « le Brexit, quelle que soit son issue encore très incertaine, est bel et bien la manifestation d’un repli protectionniste et menace de perturber fortement les chaînes logistiques mondiales », observe encore Aon.
Montée du populisme en Europe et en Amérique latine
« Le populisme est un sujet qui touche le cœur de l’Europe », constate Aon qui rappelle dans son rapport 2019 que 11 pays européens sur 33 « ont porté des partis populistes au gouvernement ». Pour le leader mondial du courtage d’assurances, « le Brexit constitue d’ailleurs un résultat visible » des discours populistes et protectionnistes des partis européens populistes.
Cette montée du populisme crée de nouveaux défis pour les entreprises, en touchant « toute leur chaîne logistique » souligne Aon. « Les partis populistes promeuvent souvent le nationalisme économique, créant ainsi des obstacles au libre-échange par des mesures discriminatoires », explique ainsi Jean-Baptiste Ory, directeur Risques politiques chez Aon France, cité dans un communiqué de la société experte en conseil et courtage d’assurances. « Le risque d’interruption des contrats augmente sensiblement et les entreprises concernées se voient contraintes de revoir leur chaîne logistique et de production pour contourner ces obstacles et continuer à servir leurs clients », ajoute-t-il.
En Amérique latine, le paysage politique est complètement redéfini avec l’élection de gouvernements populistes : Andrés Manuel López Obrador au Mexique et Jair Bolsonaro au Brésil notamment. « Ces nouveaux leaders vont tout faire pour construire une économie locale forte au détriment possible de fournisseurs étrangers », estime encore Aon. Ces changements « ont des conséquences significatives sur les chaînes logistiques des grands industriels », prévient le spécialiste du courtage d’assurance et de réassurance pour les entreprises.
Dans ce contexte de conjonction de risques politiques, Aon a adapté sa palette de solutions de gestion des risques et d’assurances pour répondre à cette nouvelle donne. « Nous mettons en place un ensemble de solutions pour accompagner nos clients dans toutes leurs démarches d’export et d’implantations à l’étranger, de la recherche de financements aux solutions d’assurance », a ainsi fait savoir Louis Bollaert, directeur Crédit, risques politiques et solutions M&A, chez Aon France, également cité dans le communiqué.
Desk Moci
Pour en savoir plus :
Consultez la carte des risques politiques 2019 d’Aon en PDF joint ci-dessous