En Europe de l’Est, les retards de paiement sont en baisse mais ils persistent : les fournisseurs sont payés en moyenne dans un délai de 59 jours, avec deux jours de retard de moins en moyenne que l’an dernier. C’est ce qu’observe la société d’assurance-crédit Atradius dans son dernier baromètre mondial des pratiques de paiement sorti en septembre 2018.
Cette édition 2018 du baromètre Atradius livre les résultats d’une enquête régionale conduite dans sept pays d’Europe de l’Est : Bulgarie, Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Turquie, auprès de 1 447 fournisseurs et exportateurs, des opérateurs économiques dont l’activité est étroitement liée aux chaînes d’approvisionnement.
En Turquie et République tchèque, des retards de paiement « fréquents »
Le baromètre révèle que 80,7 % des personnes interrogées dans la région ont été confrontées au cours de l’année à des retards de paiement « fréquents » de la part de leurs clients B2B (contre 83,7 % en 2017). En Turquie et en République tchèque respectivement 91,7 % et 89,8 % des répondants ont signalé des retards de paiement fréquents. En revanche, seuls 55,4 % en moyenne des fournisseurs implantés en Roumanie ont déclaré avoir été touchés par des retards de paiement.
La Turquie est également le pays avec la plus forte proportion de factures nationales et étrangères non honorées à la date d’échéance, soit 59,9 % en moyenne, contre 55,9 % en 2017. Après la Turquie, la Pologne s’affirme comme le pays dont le pourcentage de factures échues est le plus élevé : 39 % en moyenne.
Autre constat relevé par la société d’assurance-crédit, il semblerait que les délais de paiement soient beaucoup plus fréquents avec des clients basés sur le marché domestique qu’avec des clients à l’étranger. Ainsi, 39 % des retards en moyenne seraient imputables à des clients implantés sur le marché domestique contre 33 % à des clients présents à l’international, selon le baromètre. Un phénomène qui tend à montrer qu’au-delà du risque client à l’international, souvent perçu comme plus élevé par les entreprises que le risque client sur le marché domestique, il est plus facile d’obtenir le paiement dans les délais d’un client basé à l’étranger.
Une éclaircie pointe toutefois : les fournisseurs interrogés ont signalé une diminution de la durée des retards aussi bien de leurs clients internationaux que nationaux par rapport à l’an dernier. Ceux-ci s’établiraient à 20 jours en moyenne, contre 23 jours en 2017 pour les clients sur les marchés domestiques et 21 jours pour ceux à l’étranger.
L’insuffisance de trésorerie, principale raison des retards de paiement
Le baromètre montre que les retards de paiement imputables à l’insuffisance de trésorerie des clients B2B sur les marchés domestiques en Europe de l’Est ont sensiblement augmenté. En l’occurrence, pour 68,8 % des fournisseurs et exportateurs interrogés, la principale raison des retards de paiement réside dans la disponibilité insuffisante de fonds propres de leurs clients nationaux. Et 30,9 % des répondants déclarent que leurs clients sur le marché domestique payent leurs factures en retard car ils utilisent les factures impayées comme un moyen de financement.
La même raison est invoquée par 35,4 % des répondants à l’enquête Atradius pour expliquer les retards de paiement de leurs clients à l’étranger : une disponibilité insuffisante de fonds propres. Mais pour 32,5 % des personnes interrogées, ces retards s’expliquent aussi par la complexité de la procédure de paiement à l’international, raison la plus souvent invoquée par leurs clients eux-mêmes.
En outre, 64,2 % des sondés ont signalé que les créances domestiques ont été déclarées irrécouvrables le plus souvent en raison de la faillite du client ou de la disparition de la société. D’autres motifs invoqués respectivement par 28,6 % et 25,8 % des personnes interrogées sont l’échec dans les tentatives de recouvrement de la créance et l’impossibilité à localiser le client.
En conclusion, pour Yves Poinsot, directeur général d’Atradius France, « il est essentiel de porter une attention particulière au comportement de paiement des acheteurs et de limiter les risques de défaut de paiement grâce à l’assurance-crédit. Cela peut permettre aux entreprises exportant vers l’Europe de l’Est d’accroître leurs opportunités de croissance, d’améliorer leur trésorerie et de protéger leur rentabilité ». Une autre solution pour les fournisseurs et exportateurs serait de pratiquer le paiement d’avance, une façon de se prémunir contre le risque d’impayés de leurs clients ?
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez le baromètre des pratiques de paiement d’Atradius en Europe de l’Est (septembre 2018) ci-dessous en PDF.
Pour prolonger :
Notre Guide Gérer les risques d’impayés à l’export – 1ère édition 2018