Dans sa dernière enquête* sur le comportement de paiement des entreprises au Maroc rendue publique le 13 juin, Coface dresse une situation pour le moins préoccupante : les délais de paiement contractuels restent longs, atteignant, en moyenne, 93 jours.
Menée au cours du premier trimestre 2019 auprès de 175 entreprises marocaines issues de secteurs d’activité diversifiés (distribution, construction, agroalimentaire, énergie…), la quatrième enquête sur le comportement de paiement des entreprises au Maroc de la société d’assurance-crédit a pour objectif de suivre l’évolution des délais et des retards de paiement entre les différents acteurs économiques marocains.
Le crédit inter-entreprises au Maroc reste largement dominé par des délais de paiement longs, révèle l’enquête. En l’occurrence, 84 % des entreprises ayant répondu à l’enquête ont indiqué avoir été confrontées à des délais moyens dépassant les 60 jours. Les délais sont même supérieurs à 90 jours pour plus de 60 % de cet échantillon. Ces résultats suggèrent que plus de la moitié des entreprises ne respecte pas le délai légal maximum fixé entre 60 et 90 jours.
Des délais de paiement de 93 jours en moyenne
Néanmoins, bien que toujours élevés, les délais de paiement contractuels enregistrent une légère amélioration, par rapport à la précédente enquête de Coface, conduite fin 2017. Le délai de paiement moyen estimé a ainsi diminué de 5,4 jours, passant de 99 à 93 jours.
Malgré cette légère embellie, comme dans la précédente enquête, les retards de paiement restent très répandus. Ainsi, la moitié des entreprises interrogées (49,4 %) indiquent avoir connu des retards de paiements moyens excédant trois mois (90 jours). Et, près de la moitié des entreprises (49,7 %) ont constaté des délais de paiement maximaux supérieurs à 180 jours, « suggérant que la pratique au Maroc reste marquée par des délais de paiements ultra-longs », commente Coface dans son étude.
Autre constat, le niveau élevé des impayés, qui dépassent 20 % du chiffre d’affaires (CA) pour près d’un quart des répondants (24,6 %), suggère que ces longs retards de paiement se muent également régulièrement en factures impayées. Ce constat se vérifie particulièrement pour les TPE et PME, qui sont majoritaires à déclarer des impayés supérieurs à 20 % du CA. Pis, la moitié des TPE souffre d’impayés représentant plus de 15 % de leur CA. Si 14 % des grandes entreprises consultées indiquent connaître des niveaux d’impayés similaires, la majorité d’entre elles (34 %) enregistrent des niveaux inférieurs à 2 % du chiffre d’affaires.
Un accord à l’amiable, mesure jugée la plus efficace par les entreprises pour obtenir le règlement
En cas de retard de paiement, les entreprises estiment majoritairement (42,9 %) qu’un accord à l’amiable est la mesure la plus efficace pour obtenir le règlement. L’arrêt des livraisons s’avère être la précaution la plus efficace pour 31,4 % des fournisseurs. À l’inverse, l’enquête révèle qu’une écrasante majorité des entreprises, plus de 80 %, n’appliquent pas de pénalités en cas de retard.
En somme, la longueur persistante des délais de paiement suggère notamment que, faute de textes d’application sur les indemnités de retard et les délais spécifiques aux entreprises en difficulté ou à activité saisonnière, la loi sur les délais de paiement peine à être mise en vigueur, estime Coface.
Desk Moci
Pour en savoir plus :
Consulter l’étude de Coface en fichier PDF joint