Le top 3 mondial de l’assurance-crédit
(Coface, Euler Hermes et Atradius) a annoncé fin mai qu’il ne signerait plus de
nouveaux contrats d’assurance exportation à destination de la Grèce. Un coup
dur pour les exportateurs, mais qui pourrait n’être que passager.
Euler Hermes, filiale de l’assureur
allemand Allianz, a ouvert le bal le 29 mai en annonçant que, si elle allait
respecter les contrats déjà signés, elle n’assurerait plus les exportations à
destination de la Grèce en raison de la montée des risques d’impayés si le pays
venait à quitter la zone euro. Le lendemain, la Coface lui emboitait le pas,
suivie le 1er juin par le néerlandais Atradius. Ces trois assureurs
avaient déjà considérablement réduit la voilure de leurs activités en Grèce
(Euler Hermes a réduit son activité en Grèce de 28 % entre janvier et
avril, la Coface a amorcé une décélération à l’automne dernier) afin d’anticiper
une éventuelle sortie de la zone euro.
Le retour à la drachme, dont
le cours chuterait face à la devise européenne, contraindrait nombre d’entreprises
grecques à ne plus pouvoir honorer les factures libellés en euros, entrainant
de lourdes pertes pour les fournisseurs européens. Ce scenario catastrophe est
connu de longue date, mais l’incertitude sur l’avenir de la politique
économique grecque, grandissante à mesure que les élections législatives du 17
juin approchent, a précipité le mouvement. Les sondages d’opinion ont beau
montrer que 80 % des Grecs ne souhaitent pas sortir de l’euro, ceux portant sur
les intentions de vote sont tout sauf clairs.
Selon le dernier sondage
autorisé avant le vote, Antonis Samaras, chef de la Nouvelle Démocratie (centre
droit) remporterait 27,1 % des suffrages dépassant d’une courte tête Alexis Tsipras (26,4 %), le jeune leader de la Coalition de la gauche radicale (Syriza).
La partie est donc loin d’être jouée. D’autant que les précédents sondages ont
apporté des conclusions opposées. Et que la formation d’un gouvernement de
gauche autour de Syriza est plus qu’hypothétique, le Pasok, le KKE et la Gauche
démocratique n’ayant pas accepté la main tendue par Alexis Tsipras.
Dans ce contexte incertain,
les annonces des assureurs-crédits apparaissent bien plus comme des signaux d’alarme
que comme des décisions irrévocables. Euler Hermes, la Coface et Atradius ont d’ailleurs
tous trois annoncé que leurs positions pourraient évoluer après les élections
législatives qui porteront au pouvoir, soit des conservateurs favorables à l’austérité,
soit une gauche radicale opposée à ces mesures.
Sophie Creusillet
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