Sans grande surprise, les investissements directs étrangers (IDE) ont fortement baissé au cours du premier semestre 2020, mais les disparités régionales sont fortes, selon le dernier Global Investment Trends Monitor publié le 27 octobre par la Cnuced (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement).
De mémoire d’économiste, on n’avait jamais vu ça. Au premier semestre et en glissement annuel, les flux mondiaux d’IDE ont dévissé de -49 %. Selon l’étude de la Cnuced, cette chute vertigineuse s’explique par les confinements mis en place partout dans le monde et par la perspective d’une profonde récession qui a incité les entreprises multinationales à réduire la voilure.
Les IDE vers les pays en développement ont mieux résisté
« Le déclin des IDE est plus important que nous ne l’avions prévu, en particulier dans les économies développées. Les économies en développement ont relativement mieux résisté à la tempête au cours du premier semestre », a déclaré James Zhan, directeur des investissements et des entreprises à la Cnuced. Et d’ajouter : « Les perspectives restent très incertaines ».
Les IDE à destination des économies développées, qui ont atteint 98 milliards d’euros au premier semestre, affichent une baisse de -75 % en glissement annuel. Cette tendance, souligne le rapport, a été exacerbée par des flux entrants fortement négatifs dans les économies européennes, principalement aux Pays-Bas et en Suisse.
Les flux d’IDE vers l’Amérique du Nord ont quant à eux chuté de – 56 %, pour atteindre 68 milliards de dollars.
Dans le même temps, la baisse de -16 % des flux d’IDE vers les économies en développement a été moins importante que prévu, principalement en raison de la résistance des investissements en Chine. Les flux n’ont diminué que de -12 % en Asie, contre – 28 % en Afrique et -25 % en Amérique latine et dans les Caraïbes. A eux seuls, les pays en développement asiatiques ont représenté plus de la moitié des IDE mondiaux.
Les flux vers les économies en transition ont diminué de -81 % en raison d’une forte baisse en Fédération de Russie.
Toutes les formes d’investissement sont concernées
Le rapport estime la valeur des fusions-acquisitions transfrontalières à 319 milliards de dollars au cours des trois premiers trimestres en 2020.
La baisse de -21 % dans les pays développés, qui représentent environ 80 % des transactions mondiales, est restée limitée grâce à la poursuite des activités de fusions-acquisitions dans les industries numériques.
La valeur des annonces de projets d’investissement dans de nouvelles implantations (un indicateur des tendances futures des IDE) s’est élevée à 358 milliards de dollars au cours des huit premiers mois de 2020.
Les économies en développement ont connu une chute beaucoup plus importante (- 49 %) que les économies développées (- 17 %), ce qui reflète une capacité plus limitée à mettre en place des programmes de soutien à l’économie, estime la Cnuced.
Le nombre d’opérations de financement de projets transfrontaliers annoncées a diminué de -25 %, les plus fortes baisses ayant été enregistrées au troisième trimestre 2020, ce qui laisse penser que le glissement s’accélère encore.
Nombreuses incertitudes
Les perspectives pour l’ensemble de l’année restent conformes aux projections antérieures de la Cnuced, soit une baisse de 30 à 40 % des flux d’IDE.
Une lueur d’espoir néanmoins : la courbe à la baisse dans les économies développées devrait s’aplatir, car certaines activités d’investissement semblent avoir repris au troisième trimestre. Les flux vers les économies en développement devraient se stabiliser, l’Asie de l’Est montrant des signes de reprise imminente.
Selon le rapport, les flux dépendront de la durée de la crise sanitaire et de l’efficacité des interventions politiques visant à atténuer les effets économiques de la pandémie. Mais la pandémie de Covid-19 n’est pas le seul facteur de déstabilisation. « Les risques géopolitiques continuent d’ajouter à l’incertitude », souligne l’étude de la Cnuced.