Chypre a mis deux ans à sortir d’un contrôle des capitaux mis en place en mars 2013 pour sauver et restructurer son système bancaire, la Finlande pas moins de 7 ans : dans une note publiée le 2 juillet, à la veille du référendum sur les conditions du nouveau plan de sauvetage de ses partenaires, l’assureur-crédit Euler Hermès (EH) dressait un tableau inquiétant d’une Grèce coupée des circuits bancaires internationaux et donc du commerce*. Avec la large victoire du « oxi » (non en grec) le 5 juillet, et les incertitudes qu’elle ouvre quant à la suite des négociations entre Athènes et ses créanciers, ces prévisions prennent un relief particulier.
Pour les auteurs de cette note, sortir de mesures de contrôle des capitaux met du temps et ne peut se faire que progressivement -retour à la confiance oblige-, et celles mises en place par le gouvernement grec à partir de la décision de fermeture des banques -contrôle interne et externe- et des marchés financiers, le 29 juin, devraient être renforcées après le référendum et non pas supprimées au 7 juillet comme annoncé par Athènes; elle devraient même demeurer en place « au moins deux mois », quelle que soit l’issue du vote, pour EH.
35 % des transactions commerciales internationales sur la Grèce se font déjà par paiement d’avance
Malgré le mécanisme d’assistance d’urgence maintenue par la Banque centrale européenne (BCE) pour continuer à fournir un minimum de liquidités aux banques grecques (il est plafonné à 89 Mds EUR) la situation est d’ores et déjà problématique pour les opérateurs économiques.
A court terme, pénurie de devises, ruptures des approvisionnements (carburant et pétrole raffiné, machines, matériels et services informatiques, véhicules sont particulièrement exposés), pression sur les prix vont s’accentuer, plombant les perspectives déjà déprimantes de l’économie grecque : une récession de -1,5 % du PIB est attendue cette année par EH après la fragile reprise de l’an dernier (+0,8 %); une hausse de près de 10 % des défaillances d’entreprises, déjà à un très haut niveau selon l’assureur-crédit, est anticipée par ce dernier.
La Grèce, qui importe de tout (ses importations, avec 47,7 Mds EUR, sont le double de ses exportations 27,1 Mds EUR) était déjà considérée comme parmi les plus mauvais risques pour les exportateurs, comme l’attestent les notations recensées pour ce pays dans notre Atlas des Risques pays 2015* : risques significatif (EH), C (Coface), 4/ 7 court terme et 5 sur 7 en risque de transfert (Credendo), 5 /10 négatif (Atradius).
Le risque pays grec, avant le référendum, était moins bien noté que celui de la Bulgarie ou de la Roumanie, au même niveau que l’Azerbaidjan ou le Nigeria. Quelques 35 % des transactions commerciales internationales sur la Grèce se font déjà par paiement d’avance, une pratique devenue rare dans la zone euro, mais en hausse avec les opérateurs grecs. Et selon la tournure que vont prendre les discussions entre Athènes et ses créanciers, ces évaluations déjà très pessimistes pourraient être encore revues à la baisse en cas d’impasse.
C.G
*Cette note d’Euler Hermes est accessible au lien suivant : http://www.eulerhermes.com/economic-research/news/Pages/2015_07_02_Weekly_Export_Risk_Outlook-n26.aspx; voir aussi la note de Coface postée aujourd’hui sur les réseaux sociaux au lien suivant : http://coface.com/Economic-Studies-and-Country-Risks/Greece
Pour prolonger :
Lire : Grèce/Aide à l’export : la France proroge le dispositif d’assurance-crédit court terme de Coface