La signature d’un partenariat entre la banque publique Bpifrance et une banque commerciale, en l’occurrence la Société Générale (SG), visant une zone géographique particulière, l’Afrique est une première. Une première qui témoigne d’une volonté manifeste de tout mettre en œuvre pour accélérer le développement des entreprises françaises, en particulier des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), sur ce continent prometteur mais compliqué d’accès, où elles sont encore réticentes à aller. La convention a été signée solennellement le 20 septembre par Nicolas Dufourcq, directeur général de la banque publique et Frédéric Oudéa, son homologue à la tête du groupe SG, dans les locaux « hub » de Bpifrance, boulevard Haussmann à Paris (notre photo, de droite à gauche).
Les deux partenaires se connaissent bien. « Nous avons une relation forte et intime sur tout un tas de sujets et notamment en Afrique » a rappelé Nicolas Dufourcq, citant notamment la participation du groupe SG au Fonds d’investissement franco-africain (FFA) lancé en janvier dernier lors du Sommet de Bamako avec la société de gestion AfricInvest. Le patron de la banque publique a aussi relevé son dynamisme sur l’activité crédit export que la banque publique a lancée il y a deux ans : « La banque avec laquelle on travaille le plus sur le crédit export est la Société Générale : cela a représenté 250 millions d’euros cette année, et c’est en croissance » a-t-il précisé.
L’Afrique semble d’ailleurs la zone géographique qui profite le plus de la redynamisation de cet instrument financier qu’est le crédit export : 72 % des dossiers de demande en cours d’instruction chez Bpifrance concernent des opérations en Afrique, et la proportion est de 50 % pour les affaires conclues, soit environ 125 millions d’euros pour cette année.
SG affirme son pari africain
Avec 18 implantations en Afrique, dont la dernière au Kenya, où elle vient d’ouvrir un bureau, le groupe bancaire français affirme, de fait, son pari africain : « Avec le retrait de la Barclays, nous sommes avec la Standard Chartered la seule banque internationale présente sur ce continent » a rappelé Frédéric Oudéa.
Ce pari, qui se fonde sur les prévisions de forte croissance démographique et économique bien connues aujourd’hui, l’a conduit à ouvrir huit nouvelles filiales ces quinze dernières années et investir dans des solutions innovantes pour surmonter la sous-bancarisation des populations comme tout récemment son porte-monnaie électronique sur téléphone mobile Yup, qui vient d’être lancé à Dakar*. Mais il ne le regrette pas : son chiffre d’affaires en Afrique progresse à un rythme de quelque 7 à 8 % par an a notamment précisé Alexandre Maymat, responsable de la région Afrique/Asie/Méditerranée et Outre-mer, Banque et services financiers internationaux de SG, présent lors de la signature. « En banque de détail, c’est là où l’on croit le plus vite en revenus » a renchéri Frédéric Oudéa.
Bientôt une « mission d’immersion »
Grâce à ce partenariat avec la banque publique, qui ne possède pas de réseau en Afrique mais développe toute une gamme d’instruments financiers au service du commerce et de l’investissement, le directeur général de SG espère « augmenter l’intérêt que peuvent avoir les entreprises françaises à se développer en Afrique » dans des conditions sécurisées au plan financier.
Concrètement, les deux banques vont accentuer leur coopération, en matière de conseil, mise en relation et dispositifs de e-learning aux PME et ETI françaises ayant des projets de développement sur le marché africain. Elles participeront ensemble à des projets permettant notamment de contribuer à l’essor de secteurs clés tels que les énergies vertes ou la filière agro-industrielle. Une première traduction concrète sera l’organisation d’une « mission d’immersion » d’entreprises clientes en Afrique pour laquelle le réseau des filiales africaines de Société Générale sera mobilisé. Bpifrance mettra aussi à disposition des clients de Société Générale porteurs de projets en Afrique sa plateforme de mise en relation entre les sociétés et les investisseurs EuroQuity ainsi que son dispositif de formation Bpifrance-Université, qui sera enrichi par Société Générale.
Christine Gilguy
Pour prolonger :
–Afrique / Investissement : le FFA veut convaincre les PME françaises en quête d’une stratégie africaine
–Paiement mobile / Afrique : Société Générale lance Yup, son porte-monnaie électronique
–France / Afrique : les milieux d’affaires en attente d’une clarification de l’ambition africaine
Et aussi :
–Enquête : Afrique de l’Ouest, un grand marché à petit pas
–Rapport Afrique 2017 : Les entreprises françaises et l’Afrique (CIAN / Le Moci)
–Guide 2017 des aides à l’export pour les PME & ETI (Le Moci)