C’est la saison des résultats annuels pour toutes les entreprises cotées en bourse, mais les assureurs-crédits sont particulièrement à suivre parce qu’ils accompagnent de nombreuses entreprises exportatrices dans la gestion de leurs risques sur les clients étrangers. Au vu des résultats publiés le même jour par Euler Hermes et Coface, ils se portent plutôt bien, mais ils ont un point commun : c’est de leurs activités hors d’Europe qu’ils ont tiré une bonne part de leur croissance.
Croissance modeste de l’activité, sinistralité en légère baisse
Avec un chiffre d’affaires consolidé de 2,527 milliards d’euros (Mds EUR), Euler Hermes, filiale du groupe Allianz dont la filiale française est une des locomotives, confirme sa position de leader mondial mais son chiffre d’affaires a connu une faible progression, + 1,7 % à taux de change constant, freiné par la conjoncture économique décevante, notamment en Europe. La part des primes acquises représente 84 % de ce total, le reste étant constitué des prestations de services. Son résultat net, part du groupe, a pour sa part reculé de 3,7 %, à 302,1 M EUR, mais il est en hausse de 8,7 % à taux de change constant.
Même tendance chez Coface. L’assureur-crédit français a enregistré une progression de 1,6 % de son chiffre d’affaires en 2014 « à périmètre et change constant », celui-ci s’établissant à 1,441 milliard d’euros (Md EUR), dont les trois quarts -78,8 %- généré par les primes acquises. Son résultat net part du groupe a reculé de 0,6 % à périmètre comparable, s’établissant à 125 M EUR, mais il est en hausse de 23,2 %, à 140 M EUR « hors éléments retraités » (notamment les coûts de déménagement).
Côté sinistralité, malgré un contexte économique fragile et un niveau de défaillances d’entreprises qui reste élevé dans de nombreux pays, les deux assureurs-crédits affichent des résultats plutôt stables, voire en amélioration pour Coface, ce qui montre qu’ils pratiquent une gestion de leur portefeuille de risques serrée.
Le taux de sinistralité net (de réassurance) a ainsi baissé encore de 1,7 points chez Euler Hermes, à 48,8 %, et de trois points chez Coface, à 50,4 %. Quant aux ratios combinés (qui mesure la part des sinistres et des coûts fixes sur les primes encaissées) , ils sont également en amélioration : 75,4 % chez Euler Hermes (75,3 % en 2013), 79,7 % chez Coface (après 82,5 %).
Une croissance venue des marchés non-européens
Dans un contexte économique encore incertain en Europe, les deux-assureurs crédit ont également en commun d’avoir tout deux tiré une bonne partie de leur croissance de leurs activités hors d’Europe.
Euler Hermes, qui est présent en direct dans plus de 50 pays, a ainsi connu des progressions faibles, voire des reculs de son chiffre d’affaires dans ses marchés d’implantation traditionnelle en Europe : -4,2 % pour l’Allemagne-Autriche-Suisse (759,8 MEUR), + 0,3 % en France (399 M EUR), – 0,7 % en Europe du Nord (550,7 M EUR). Ces trois marchés représentent 67,6 % du chiffre d’affaires du groupe. En revanche, les progressions sont nettes dans les autres parties du monde : + 5,4 % pour la zone pays méditerranéens-Moyen Orient-Afrique (322,7 M EUR), + ,3 % pour les Amériques (266,5 M EUR) et + 20,9 % pour l’Asie Pacifique (108,2 M EUR).
Chez Coface, à périmètre et change constants, le chiffre d’affaires a reculé de 2,1 % en Europe de l’ouest et de 3,3 % en Europe du Nord. Ces deux zones représentent encore 56,5 % de son chiffre d’affaire global. En revanche, il a connu des progressions partout ailleurs, allant de 3,3 % en Europe centrale à 11,5 % en Amérique latine. Dans la zone Méditerranée & Afrique, devenu son troisième grand marché à l’international, son chiffre d’affaires total a atteint 226,5 M EUR, en progression de 6,7 %.
Poursuite de l’expansion internationale
Enfin, et c’est là que la comparaison s’arrête, les deux assureurs-crédit ont également misé sur de nouvelles offres : chez Euler Hermes, les grands programmes d’assurance-crédit, mais aussi la caution et les offres nouvelles en matière de « trade finance cover » et d’ « excess of loss » font partie des nouveautés dont les développements sont mis en avant par le groupe. Coface, de son côté, a mis l’accent sur l’innovation produit, notamment en matière numérique (à l’instar d’applications pour smartphone ou de services de gestions nouveaux).
Une chose est sûre : les deux groupes, qui se livrent une vive concurrence, ont tout deux affirmé qu’ils continueront à miser sur leur expansion internationale. Coface a décroché, l’an dernier, des licences en Colombie, Maroc et Israël et ouvert des bureaux de représentation commerciale aux Philippines et au Kazakhstan. Euler Hermes, qui avait pris de l’avance sur Coface en matière d’ouverture de filiales ces dernières années, notamment grâce à des acquisitions, vient d’ouvrir en Bulgarie. C’est une bonne nouvelle pour les entreprises exportatrices françaises, car c’est un gage de meilleur service, notamment d’arbitrage, sur leurs clients à l’export.
Christine Gilguy