On ne peut qu’être surpris du faible degré d’utilisation de cet outil qu’est la lettre de crédit standby (LCSB, en anglais standby letter of credit, SBLC), le plus à même de garantir à 100 % le paiement par l’acheteur dans les délais prévus au contrat. On lit encore, ici et là, que son utilisation est limitée essentiellement aux États-Unis et à quelques autres pays anglo-saxons. Cela laisse perplexe. C’est plutôt la liste des pays dans lesquels il est impossible d’en faire émettre qui est révélatrice. Elle se réduit un peu plus chaque année : Afghanistan, Albanie, Algérie, Angola, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Corée du Nord, Éthiopie, Haïti, Irak, Iran, Mali, Mongolie, Palestine, Rwanda, Somalie, Soudan, Surinam, Tchad, Togo, Turkménistan, Yémen, Zimbabwe… Nous avons dû en oublier une dizaine mais guère plus.
C’est peut-être le point noir le plus significatif : sa méconnaissance par les entreprises.
Pour l’utiliser, rien de plus facile.
Cas pratique de LCSB
Reprenons l’exemple précédent, la vente d’acier à un acheteur marocain. Cela tombe bien car les principales banques marocaines émettent des LCSB. Donc, au lieu de préciser dans ma facture proforma :
« Paiement : crédit documentaire irrévocable et confirmé, conforme à nos instructions, payable à 60 jours de la date de connaissement, ouvert par votre banque à notre bénéfice, auprès de notre banque : DUPONT-DURAND Telex N°…………, adresse SWIFT DUPDURFRPP………».
Je vais à la place écrire :
« Paiement 60 jours date de connaissement, virement SWIFT sur notre compte ouvert auprès de notre banque : DUPONT-DURAND Telex N°………adresse SWIFT DUPDURFRPP…………, garanti par une lettre de crédit standby selon modèle ci-joint. »
Repère
Qu’est-ce qu’une standby ?
Rappelons que la lettre de crédit standby n’est pas un moyen de paiement, mais une garantie bancaire à première demande. Pour simplifier à l’extrême, c’est un crédit documentaire « soft », que l’on utilise par défaut, si l’acheteur ne respecte pas ses engagements. Il faut donc l’adosser à un mode de paiement, le virement bancaire. Comme les crédocs, elle présente l’avantage d’être régie par des règles universelles, établies par la CCI : d’une part les RUU 600, qui les évoquent, et d’autre part les ISP 98 (International Standby Practices) (voir Glossaire).
Avantages
On le voit avec le tableau page précédente, parmi les avantages les plus significatifs, la lettre de crédit standby est plus souple, plus simple, moins onéreuse, plus sécurisante, que le crédit documentaire. Et surtout, il n’y a quasiment pas de possibilités de soulever des réserves !
La lettre de crédit standby est aussi une alternative évidente à l’assurance-crédit. En cas de carence du débiteur, pas besoin d’attendre plusieurs semaines, voir plusieurs mois pour l’indemnisation. Le bénéficiaire est payé sous 5 jours maximum.
Brève étude comparative crédoc-standby
Voici synthétisé dans le tableau ci-dessous en PDF les principaux points communs et différences entre les crédocs et les lettres de crédit standby.
Inconvénients
Citons également les quelques points faibles :
– pour le bénéficiaire, l’attestation de non-paiement implique bien évidemment le respect de ses obligations contractuelles ;
– il est également essentiel d’avoir une comptabilité clients à jour en temps réel, pour suivre de près les échéances (essentiel pour déclencher une mise en jeu de la garantie qu’est la standby au moment opportun) ;
– et, par-dessus tout, il faut la volonté de faire payer son client à l’échéance prévue. Volonté parfois pas vraiment évidente dans certaines entreprises où le client est encore considéré comme roi et paie quand il veut.