L’atonie de la croissance dans les principaux pays émergents pèsera sur la croissance mondiale en 2016. Mais l’activité économique devrait se raffermir quelque peu et la croissance économique mondiale atteindre 2,9 % (après 2,4 % en 2015), soutenue par la reprise dans les pays développés. Telles sont les conclusions de l’édition 2016 des Perspectives économiques mondiales, publiée par la Banque mondiale le 6 janvier. Un document de référence pour anticiper les évolutions des marchés cette année.
Au plan mondial, la croissance économique a été plus faible que prévu en 2015 –année au cours de laquelle l’activité économique a été freinée par la baisse des prix du baril de pétrole, le ralentissement chinois, le ralentissement du commerce mondial (+ 2,8 % en 2015 selon l’OMC), ainsi que par un environnement financier marqué par des mouvements de capitaux et des périodes de volatilité financière.
La Banque mondiale tablent sur une croissance de 4,8 % des économies en développement en 2016 (après 4,3 % en 2015) et de 2,1 % dans les pays à revenu élevé (contre 1,6 % en 2015). « À l’avenir, estime la Banque, le raffermissement de la croissance dépendra de la persistance de la dynamique en cours dans les pays à revenu élevé, de la stabilisation des cours des produits de base et de la transition progressive de la Chine vers un modèle de croissance davantage fondé sur la consommation et les services ».
Dans son rapport de janvier 2016, l’institution dresse ses perspectives régionales dans les pays en développement :
– Asie de l’Est et Pacifique.
La croissance devrait continuer à décélérer pour atteindre 6,3 % (prévision) en 2016, contre 6,4 % (estimation) en 2015. La croissance de la Chine va s’infléchir davantage pour tomber à 6,7 % cette année, contre 6,9 % en 2015, d’après les prévisions de la Banque. « Si l’on fait abstraction de la Chine, la croissance régionale s’est établie à 4,6 % en 2015, niveau globalement inchangé par rapport à 2014 », indique la Banque mondiale.
Et de rappeler que dans cette région, « les risques incluent un ralentissement plus prononcé que prévu de l’activité en Chine, l’éventualité de nouvelles turbulences sur les marchés financiers ainsi qu’un durcissement brutal des conditions de financement ».
– Europe et Asie centrale.
La croissance devrait s’établir à 3 % en 2016, contre 2,1 % l’année passée : grâce au redressement de l’Ukraine et aux effets de la stabilisation ou du ralentissement de la baisse des prix du pétrole sur l’économie russe. « En Russie, l’activité économique pourrait baisser de 0,7 % en 2016 après s’être contractée de 3,8 % durant l’année qui vient de s’achever », indique la Banque mondiale. Celle-ci prévoit par ailleurs que « si les cours des produits de base se stabilisent, la croissance pourrait redémarrer quelque peu dans la partie orientale de la région, qui inclut l’Europe de l’Est, le Caucase du Sud et l’Asie centrale ».
La partie occidentale de la région (Bulgarie, Roumanie, Turquie et Balkans occidentaux) pourrait, elle, connaître une croissance modérée en 2016, dynamisée par la reprise dans la zone euro, estime la Banque.
– Amérique latine et Caraïbes.
En 2016, la région devrait sortir mollement de la récession en enregistrant une croissance nulle après avoir connu une baisse d’activité de 0,9 % en 2015. La région « fait face à la baisse prolongée des prix des produits de base ainsi qu’à des problèmes internes qui pèsent sur ses principales économies », commente la Banque mondiale. La récession en cours au Brésil (croissance estimée à -3,7 % en 2015) devrait perdurer en 2016 (-2,5 %), mais la croissance devrait repartir en 2017 (+1,4 %).
Bien que pénalisée par la faiblesse des cours pétroliers et les tensions budgétaires qui en découlent, au Mexique, la croissance devrait repartir grâce aux retombées des réformes structurelles mises en œuvre et au raffermissement de la demande aux États-Unis. Pour 2016, la Banque mondiale table ainsi sur une croissance de 2,8 %, contre 2,5 % en 2015.
– Moyen-Orient et Afrique du Nord.
La croissance économique devrait doubler pour atteindre 5,1 % en 2016, contre 2,5 % l’année dernière.
La Banque mondiale rappelle par ailleurs que la suspension ou la suppression prévues des sanctions économiques à l’encontre de l’Iran devrait permettre à ce pays de jouer un rôle plus important sur les marchés mondiaux de l’énergie. L’activité devrait également se renforcer dans d’autres pays exportateurs de pétrole, surtout dans l’hypothèse d’une stabilisation des prix du pétrole.
Toutefois souligne l’institution : « La région est exposée à d’importants risques – escalade possible des conflits, poursuite de la baisse des cours pétroliers et incapacité à améliorer les conditions de vie – susceptibles de déclencher des troubles sociaux ».
– Asie du Sud.
Selon les prévisions de la Banque, la croissance devrait accélérer pour atteindre 7,3 % en 2016, contre 7 % pour 2015.
En tant qu’importatrice nette de pétrole, la région profitera de la faiblesse des prix mondiaux de l’énergie. Par ailleurs, une intégration économique limitée avec le reste du monde devrait protéger la région de fluctuations conjoncturelles affectant d’autres économies. L’Inde, économie dominante de la région, devrait connaître une croissance encore plus rapide (7,8 %), tandis que celle du Pakistan devrait aussi se renforcer pour s’établir à 4,5 % (sur la base du coût des facteurs).
– Afrique subsaharienne.
La croissance de cette région devrait accélérer pour passer de 3,4 % en 2015 à 4,2 % en 2016, grâce à la stabilisation des prix des produits de base, estime la Banque mondiale.
L’activité économique variera d’un pays subsaharien à l’autre, la croissance de la consommation demeurant faible dans les pays exportateurs de pétrole du fait de la hausse du coût des carburants, tandis que le ralentissement de l’inflation dans les pays importateurs de pétrole contribue à doper les dépenses de consommation.
La croissance du Nigeria devrait s’établir à 4,6 %, contre 3,3 % en 2015 tandis que celle de l’Afrique du Sud progressera sans doute modestement pour atteindre 1,4 %, contre 1,3 % l’année dernière.
-Economies avancées.
S’agissant des économies avancées, la Banque mondiale observe qu’aux États-Unis, la demande intérieure en 2015 a été soutenue par une consommation solide et un investissement dynamique dans le secteur non pétrolier. Ces deux facteurs devraient continuer à être les principaux moteurs de la croissance en 2016, qui devrait s’établir à 2,7 % (contre 2,5 % en 2015).
La reprise dans la zone euro en 2015 a été soutenue à la fois par le renforcement de la demande intérieure et les exportations qui ont redémarré sous l’effet de la dépréciation de l’euro. La Banque prévoit une croissance de 1,7 % en 2016, contre une croissance estimée à 1,5 % pour 2015.
Quant à la croissance au Japon, elle reste fragile mais celle-ci devrait se redresser modérément à 1,3 % en 2016, contre 0,8 % en 2015.
Toutefois, « un raffermissement de la croissance dans les pays développés ne compensera que partiellement les risques d’une atonie persistante dans les principaux pays émergents », estime Ayhan Kose, directeur du groupe Perspectives des services Économie du développement de la Banque mondiale. En somme, la Banque mondiale ne se montre pas optimiste pour 2016. Selon le rapport, les répercussions de la faiblesse des économies émergentes entraveront la croissance des pays en développement et menacent de compromettre les progrès difficilement accomplis pour sortir les populations de la pauvreté.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consulter le rapport (en anglais) de la Banque mondiale (286 pages) disponible au lien suivant : http://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects