Les exportations de vins et spiritueux français ont atteint 10,8 milliards d’euros l’an dernier, enregistrant « une légère baisse de – 2,8 % », a annoncé Christophe Navarre, le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (Fevs) lors de la conférence de presse sur les résultats 2014 de ce secteur, le 11 février, à Paris. « C’est la troisième année de record historique pour les vins et spiritueux. Et c’est la quatrième année consécutive que l’on se positionne au-dessus des 10 milliards d’euros », s’est-il félicité.
Les expéditions de vins et spiritueux ont baissé de 2,8 % en volume en 2014 par rapport à l’année précédente, conséquence direct de la moins bonne performance des récoltes enregistrée depuis 2012. « Ce retrait, a indiqué le président, s’explique principalement par les faibles disponibilités de vins mais également par les faibles disponibilités d’eaux-de-vie plus jeunes ». A noter cependant que la faiblesse de l’offre a touché davantage les vins, dont les volumes livrés à l’export ont reculé de 3,3 % à 143 millions de caisses de 12 bouteilles expédiées l’an dernier, contre – 1,6 % pour les spiritueux (49,9 millions de caisses).
En valeur, les livraisons de vins et spiritueux ont également accusé une baisse en glissement annuel de 2,8 %. Si la baisse a été moins forte pour les vins (- 1,7 %) elle a été plus marquée pour les spiritueux dont les ventes, constituées aux deux tiers par les cognacs, ont baissé de 5,3 % à 3,3 milliards d’euros. Les ventes de cognacs ont pour leur part accusé le coup, leur valeur ayant chuté de 7,6 % pour s’établir à 2,1 milliards d’euros. En effet, les exportations de cognacs de qualité supérieure, dont les prix atteignent parfois trois chiffres selon l’âge, se sont essoufflées. Ce produit est en effet moins prisé des Chinois, principaux clients à l’export, l’heure étant, en Chine, à la discrétion en matière de faste.
Baisse des exportations de cognacs et de bordeaux vers la Chine
De fait, la politique anti-ostentatoire instaurée depuis deux ans par Pékin continue d’avoir un impact négatif sur les exportations de spiritueux et de vins qui ont chuté, en valeur, de -17,4 % (à 681,2 millions d’euros) vers l’Empire du Milieu. Le gouvernement de Xi Jinping incite les citoyens à ralentir leur train de vie et à limiter les cadeaux d’affaires dans le cadre de la lutte anti-corruption. Ce sont surtout les ventes de spiritueux qui ont encaissé le coup, leur valeur ayant chuté de 30,3 %. S’agissant des expéditions de vins, celles-ci ont reculé de 6,8 % en valeur pour s’établir à 423 millions d’euros. Les consommateurs chinois délaissent les grands crus pour des vins aux prix plus abordables.
La consommation de vins de Bordeaux en Chine a été en repli de – 20 % tant en valeur qu’en volume, a précisé Georges Haushalter, directeur général de la Compagnie Médocaine des Grands Crus. Toutefois, avec 60 millions de bouteilles expédiées l’an dernier, la Chine (incluant Hong Kong), a-t-il rappelé, reste le principal marché pour les vins de Bordeaux.
De manière générale, la Chine demeure le cinquième marché (en valeur) de la France pour les vins et spiritueux. Et il « reste un marché à très fort potentiel pour nos exportateurs », a estimé Christophe Navarre.
Exportations en hausse de 4 % vers les Etats-Unis
Les États-Unis sont devenu le premier client de la France pour les vins et spiritueux : ils ont acheté pour 2 milliards d’euros l’an dernier, une facture en hausse de 4 %.
L’année 2014 a été marquée par le retour de la croissance aux États-Unis (voir notre article) : à la reprise de la consommation intérieure s’ajoute la dépréciation de l’euro face au dollar, un contexte donc très favorable aux ventes de vins français dont les exportations ont atteint 1 milliard d’euros (+ 2,5 %).
En ce qui concerne les spiritueux, les États-Unis ont conforté leur statut de premier marché d’exportation tant en volume qu’en valeur. La fédération pointe notamment les bonnes performances du cognac et de la vodka, qui représentent 85 % des exportations en volume comme en valeur. Globalement, les livraisons de spiritueux ont augmenté de 11,9 %, à 13,4 millions de caisses expédiées. En valeur, la progression a été de 5,6 % à 971,7 millions d’euros.
« 2014, a reconnu Christophe Navarre, a été une année compliquée, mais la baisse (des exportations) a été limitée. Les États-Unis repartent et les autres destinations du monde offrent de belles opportunités », s’est-il réjoui.
Venice Affre
Pour prolonger :
– Vins : les exportations de bordeaux victimes de la politique de la Chine
– Vin : les États-Unis remplacent la Chine comme moteur de la croissance mondiale