« La concurrence
s’accélère » et « la prudence est de mise », ont souligné
Charles Collard (notre photo) et François Collache, respectivement directeur
Marketing et commercial et directeur Vins et spiritueux de Sopexa, lors de la
présentation du baromètre Wine Trade Monitor 2013 de Sopexa, le 23 mai à Paris.
Pour ce 5e baromètre,
l’agence de marketing et de communication a recueilli les témoignages de près
de 1 430 importateurs, grossistes, agents et distributeurs du marché des
vins tranquilles (non effervescents) dans douze pays (*). Et, de fait, après
avoir clairement fléchi en 2012, cette année, l’optimisme se maintient à un niveau
équivalent. Ils sont ainsi 58 %, contre 57 % l’an dernier, à anticiper une
hausse de leurs ventes en volume.
La France en tête dans six pays sur douze
Autre enseignement de l’étude
Sopexa, parmi les trois principales origines européennes, France, Italie et
Espagne, la France vient en tête dans les anticipations de ventes dans la
moitié des douze pays, d’une part, seuls au Japon, au Danemark, en Chine et en
Allemagne, et, d’autre part, à égalité avec l’Italie au Canada et aux Pays-Bas.
L’Italie occupe aussi la première place en Russie, aux États-Unis et en Suisse,
pendant que l’Espagne se classe au premier rang à Hong Kong, au Royaume-Uni et
en Belgique.
Enfin, certains marchés, malgré
la crise économique mondiale, demeurent
particulièrement dynamiques. C’est ainsi que 89 % des opérateurs de
Russie, 85 % du Canada, 74 % des États-Unis et 68 % du Japon tablent sur une
progression de leurs ventes. Le bon score de l’archipel confirme le rebond du
marché nippon constaté en 2012, avec la mise en marché de vins de consommation
courante, en provenance du Chili ou d’Espagne. Il y aujourd’hui encore une
demande croissante des professionnels pour les premiers prix. Autre recherche
de leur part, les vins bios.
Le Royaume-Uni, malgré
l’établissement de taxes sur les alcools, « demeure un marché clé »,
assure François Collache, qui estime que la propension des grandes surfaces et
des grands magasins (GSM) à s’accaparer les marges bénéficiaires y a renforcé la concurrence. Selon
lui, « les intermédiaires ont dû rechercher de nouveaux gisements, ce qui
favorise encore aujourd’hui la demande de vins premium ».
Chine : vers une réorganisation du réseau d’importation
Autre
marché majeur, la Chine. Le
ralentissement de la croissance de son économie se reflète aussi dans la baisse
du dynamisme du marché du vin. « Seuls 58 % des opérateurs y sont
optimises sur leurs ventes, contre 69 % en 2012 et 87 % en 2011 et 16 %
envisagent même une régression », explique Sopexa. Cette baisse dans les
anticipations « est le reflet de l’organisation du monde de l’importation
plutôt que d’une tendance de la consommation finale », précise François
Collache.
En quatre ans, le nombre
d’importateurs est passé de 2 000-3 000 à 8 000. Résultat :
la concurrence interne est particulièrement vive et les importateurs ont
constitué ces dernières années de stocks importants. « De fait, les
conditions d’établissement des importateurs ont été assouplies, ce qui se
traduit par une offre exponentielle. Mais la consommation continue à croître
dans les villes secondaires », observe Catherine Etchard Leconte,
directrice du bureau Sopexa à Pékin. « Il faut maintenant s’attendre à une
restructuration, un grand nettoyage parmi les importateurs, de façon à ce que
chacun d’entre eux puisse gagner de l’argent », ajoute François Collache.
En Chine, la France reste la
référence, mais les appétits en Europe et hors Europe se révèlent. En
particulier, l’Australie y est mieux placée que l’Italie et l’Espagne, en
raison des nombreux programmes de formation qu’elle y mène, non seulement dans
les grandes métropoles, mais aussi les villes secondaires.
Suisse : l’Hexagone en perte de vitesse
Le baromètre Sopexa confirme, en
revanche, que la France a abandonné le leadership à l’Italie en Suisse. Alors
que dans les douze pays étudiés, la France en moyenne est référencée par 95 %
des opérateurs, ce qui est une performance supérieure à celles de l’Italie (82
%) et de l’Espagne (79 %), en Suisse, la France est sous-référencée (77 %),
parce que « les Français n’y sont pas assez actifs », affirme
François Collache. Selon le dirigeant de Sopexa, la France ne s’est pas adaptée
à l’ouverture du marché helvète.
Après avoir imposé un système de
contingent, qui a largement profité aux beaujolais, bourgogne, côtes du Rhône
livrés en vrac, Berne y a apporté des assouplissements il y a cinq à six ans, ce
qui a généré un appel pour les bouteilles hors contingent. L’Italie a su
profiter de cette évolution pour supplanter la France en Suisse.
François Pargny