Christmasworld est « un salon de charme », a lancé sa directrice Eva Olbrich (notre photo), lors de la présentation de cette manifestation internationale des articles de décoration et de fêtes, qui se tiendra du 29 janvier au 2 février à Francfort. En fait, l’organisateur allemand Messe Frankfurt poursuit deux objectifs. Le premier est traditionnel pour un salon outre-Rhin : présenter l’offre globale mondiale, en tenant compte de l’évolution des comportements d’achat (individualisation, faire soi-même, souci de l’environnement).
Le second est plus original, puisqu’il s’agit pour lui de créer de nouveaux marchés, en privilégiant la présentation sur le salon de nouveaux univers propices à la vente. « Nous sommes des metteurs en scène », a ainsi affirmé la commissaire générale de Christmasworld qui a donné deux exemples, le premier pour expliquer que pour de simples décorations de Noël « de nouveaux univers, de nouvelles compositions » avaient été imaginés pour les mettre en valeur, une mise en lumière qui donnerait des idées d’achat et de vente, le second pour évoquer la fermeture du hall 11.1 il y a deux ans. « Les produits qui y étaient montrés étaient de qualité, mais les exposants et les visiteurs s’ennuyaient parce que c’était des articles classiques et qu’il n’y avait pas assez d’innovation. Nous avons alors décidé de répartir l’offre de ce hall dans le reste du salon, ce qui a été fort apprécié et bénéfique pour les ventes », a raconté Eva Olbrich.
Les 911 exposants, dont 707 étrangers originaires de 41 pays, présents cette année étaient regroupés par grand secteur : décoration de jardin, décoration saisonnière et cadeaux, univers du papier, etc. Un choix, volontairement sectoriel, qu’Eric Dinh Thao, délégué à Messe Frankfurt à Paris, a justifié par le souci de « faire gagner du temps au visiteur, qui est toujours pressé et veut trouver rapidement le segment d’activité qui l’intéresse ». Cette année, sur les 36 148 visiteurs recensés, originaires de 106 pays, 20 757 étaient étrangers, dont 4 464 d’Italie, 1 910 de France, 1 622 des Pays-Bas, 1 047 du Royaume-Uni et plus de 1 000 d’Autriche comme de Suisse.
Messe Frankfurt veut plus de fleurs et de plantes
L’an prochain, un nouveau segment sera lancé à titre expérimental sur une superficie de 400 m2 : fleurs fraîches et plantes. Une tentative qui pourrait être vouée à l’échec, car à la même période se déroulera à Essen le salon de l’horticulture IPM (26-29 janvier 2016), qui a reçu cette année 1 604 exposants venus de 49 pays et 56 500 visiteurs professionnels. « C’est un rendez-vous avec une offre de serres, pour l’aménagement des paysages et avec aussi des fleurs, mais, nous, sera différent », assurait Eva Olbrich. « Ce ne sera pas un musée, une esthétique, les produits seront mis en scène pour mettre l’accent sur les possibilités de les commercialiser », a-t-elle souligné, à l’instar du bouquet de fleurs « qui la dépassait d’un mètre » aperçu, il y a quatre semaines à Moscou.
« Bien sûr, il y a déjà des fleurs à Christmasworld, mais nous voyons une évolution de la demande qui croît chez les jardineries, les centres floraux, voire les magasins de bricolage, et aussi les supermarchés », a souligné Eva Olbrich. Une tendance particulièrement présente en Allemagne, premier importateur européen de fleurs coupées, avec un marché de l’ordre de cinq milliards d’euros, alors que les Pays-Bas sont le premier acheteur de produits en provenance de pays tiers (Kenya, Éthiopie…) et fournisseur numéro un de fleurs et de plantes dans l’Union européenne. « Les Néerlandais traitent au final la moitié du volume de fleurs de la planète », a tenu à rappeler la directrice de Christmasworld, qui va engager une coopération « avec une grande entreprise néerlandaise qui opère dans les plantes en pots ». Elle « possède aussi des grossistes et nous espérons que cette société va entraîner dans son sillage des producteurs ». En 2017, l’objectif sera d’agrandir l’espace fleurs, « en accueillant des producteurs allemands, mais aussi en assurant une présence mondiale », a ajouté Eva Olbrich.
Les Pays-Bas, première participation européenne, les Asiatiques pour le sourcing
Les Pays-Bas devraient donc se renforcer en 2016, alors que ce pays affichait déjà cette année la plus forte participation européenne avec 68 exposants, devant l’Italie, avec 54, la Pologne, avec 35, l’Autriche, avec 16, et la France, avec 15. « Ce chiffre des représentants français sera légèrement supérieur l’an prochain », a indiqué Eric Dinh Thao. De fait, au 7 octobre, ils étaient 16 inscrits : Anima, Blachere Illumination, Cellocoup International, Clayrton’s, Enesco France, Festilight, Karas, La Plastose, Michel Taillis Création, Papèterie du Poitou, Ponchon Imports, Santex et quatre nouveaux – Chaks, Illuminations Services, Oriol & Fontanel et Robin Pépinières.
L’offre asiatique sera rassemblée dans le hall 9.2 (15 000 m2), seule exception au modèle de segmentation sectorielle de Christmasworld. La présentation est dévolue au sourcing de produits à bas prix, commercialisés en grandes quantités. « Quand vous entrez dans le hall, c’est tout le contraire des autres, qui est soigné. L’accueil est y minimaliste, tous les stands se ressemblent comme des gros cubes », a ainsi témoigné Damien Da Rocha, directeur artistique d’Atelier Perspective, atelier d’art floral et de scénographie à Issy-les-Moulineaux, qui fait depuis 17 ans ses emplettes à Christmasworld pour constituer sa nouvelle collection de l’année. Ce sont des grossistes, des grandes surfaces et des magasins de bricolage qui sont capables d’acheter par palette ou conteneur des articles asiatiques.
Après avoir fait une tentative en Russie, Messe Frankfurt a réfléchi à la tenue d’un Christmasworld à Dubaï. Répondant ainsi à la question du Moci sur les intentions de la société de foires d’exporter son savoir-faire, Eva Olbrich a répondu par la négative « à moyen terme ». Et d’expliquer que « Noël est attaché à l’Europe », même si Christmasworld (littéralement , le monde de Noël en anglais), est aujourd’hui dévolu à toutes les occasions et tous les évènements festifs. « Dubaï, a-t-elle précisé, c’est surchargé. Il y a des décorations tout le long de l’année ». Et puis, a-t-elle fini par conclure, « c’est une ville d’expatriés » et « ce que nous voyons, c’est qu’il y a peu d’acheteurs professionnels ».
François Pargny