Business France a présenté le bilan de la première édition de son programme Ubistart 2014, le 27 janvier dernier, et a annoncé à cette occasion le nom des neuf finalistes et des trois lauréats du concours Ubistart lors d’une réunion avec les entreprises participantes à laquelle Le Moci était convié.
Le programme Ubistart (Ubi Synergistic Transfer for Advanced Research Technologies) mérite qu’on s’y arrête. Lancé au printemps 2014, il est né du rapprochement d’Ubifrance –qui à l’époque n’avait pas encore fusionné avec l’Afii pour devenir Business France–, et de la fondation américaine Galien Foundation, dont l’objectif est de promouvoir l’excellence dans le domaine de l’innovation scientifique.
La prestigieuse fondation américaine et l’agence publique française se sont donc associées en vue de développer des partenariats franco-américains dans le domaine de l’industrie pharmaceutique et des biotechnologies, entre d’une part des entrepreneurs français à la tête de start-up, PME et ETI innovante ayant moins de dix ans d’existence, et d’autre part des institutions et entreprises nord-américaines. L’objectif premier était de créer des synergies entre les apports des entreprises tricolores et ceux des entreprises américaines.
Ce programme s’est avéré être un véritable sésame pour les jeunes entreprises innovantes qui n’arrivent pas à percer sur le marché américain faute de moyens financiers et de visibilité. Le processus de sélection a été rigoureux et long. Au nombre de 203 au départ, elles n’étaient plus que 9 entreprises en lice, après une sélection en plusieurs phases.
Trois lauréats décrochent de 20 000 à 50 000 euros
Retour sur les principaux moments clés de cette opération lancée au printemps 2014.
Ubifrance a reçu, le 30 avril 2014, 203 candidatures d’entreprises souhaitant souscrire au programme Ubistart, mais seules 51 d’entre-elles ont été retenues pour participer au Ubistart Tour, première étape du programme. L’Ubistart Tour a consisté à accompagner à New York ces 51 candidates du 10 au 12 juillet 2014 afin qu’elles rencontrent une vingtaine d’entreprises américaines en vue de nouer avec celles-ci des partenariats, et de construire un projet international.
De ces trois jours, 22 projets de partenariat franco-américains ont émergé. Pour encourager leur aboutissement et les voir se concrétiser en futur développement commercial, la Galien Foundation et Ubifrance ont alors organisé, en octobre 2014, le concours Ubistart Award, deuxième étape du programme. Il s’agissait de distinguer alors les projets de partenariat les plus prometteurs en leur apportant une aide financière pour accompagner leur développement commercial. La Galien Foundation offre, en effet, une dotation de 100 000 dollars aux trois lauréats répartie entre 50 000 dollars pour le 1er prix, 30 000 pour le 2ème et 20 000 pour le 3ème.
En l’occurrence, 9 projets de partenariat sur les 22 retenus ont été pré-sélectionnés par un jury franco-américain constitué d’experts du secteur pharmaceutique. Les noms des finalistes ont été dévoilés le 15 novembre 2014 : Affilogic, Anagenesis Biotechnologies, Axenis, Celenys, CellProthera, Incell-art, i2a, Rondol Industrie, Sovinty. Et les trois lauréats – Anagenesis Biotechnologies, Affilogic et CellProthera – qui ont reçu leur prix le 4 décembre, à Monaco, lors de la cérémonie de remise du Prix Galien International et du Prix Galien de la recherche pharmaceutique.
Quel type de projet a-t-il séduit ?
Retour sur les projets d’Anagenesis Biotechnologies, Affilogic et CellProthera
Le premier prix a été décerné à la start-up française Anagenesis Biotechnologies, experte dans la dystrophie musculaire de Duchenne, pour son projet de collaboration avec la société américaine Q-State Biosciences qui vise à développer une nouvelle classe de médicaments pour le traitement de la maladie de Duchenne, mais également pour les traitements d’autres maladies chroniques comme la cachexie (liée au cancer) et la sarcopénie (liée au vieillissement). Le marché annuel des maladies musculaires est estimé à 10 milliards de dollars par an. Les revenus attendus pour la start-up tricolore pourraient représenter à horizon 7 à 10 ans jusqu’à 10 % de ce marché.
Le deuxième prix a été remis à l’entreprise Affilogic dont le partenariat avec l’institut américain de recherche Ferring consiste à développer un traitement pour la pré-éclampsie, une hypertension artérielle pathologique lors de la grossesse. Le contrat de partenariat est en cours de signature et devrait générer, côté français, en cas de commercialisation du traitement, plusieurs dizaines de millions d’euros.
Enfin, le troisième prix a été attribué à la société de biotechnologie médicale CellProthera, spécialisée dans la réparation des tissus après un infarctus sévère. CellProthera a mis au point une technique qui permet de régénérer la lésion cardiaque après un infarctus sévère, en injectant un greffon de cellules souches. Son partenaire américain, Biocardia, lui apporte la solution d’injection du traitement. Près d’un million de patients par an seraient susceptibles de recevoir ce type de traitement. La société française table sur un chiffre d’affaires situé entre 1,5 et 2 milliards d’euros à horizon 5 ans.
D’autres partenariats dans les tuyaux pour les nominés
Mais ces lauréates, n’ont pas été les seules à bénéficier des retombées du programme. A l’exception d’Incell-art, toutes les entreprises emmenées à New York ont en effet noué des partenariats à l’instar de la société Rondol Industrie, spécialisée dans l’extrusion, une techniques de transformation plastique. Ce procédé utilisé dans l’industrie pharmaceutique permet de mélanger efficacement, sans les détruire, des principes actifs onéreux et fragiles, en vue d’améliorer l’efficacité des traitements thérapeutiques de certains cancers par exemple. Rondol Industrie est aujourd’hui en discussion avec l’Université de Strasbourg École de Pharmacie, et côté américain avec l’institut de technologie du Massachusetts MIT-Novartis center of continuous manufacturing, et la société Dow Chemicals afin de développer une nouvelle ligne d’extrusion de petite échelle entièrement équipée pour l’industrie pharmaceutique. La société tricolore table sur un chiffre d’affaires de 200 000 euros en 2015 et de 1 million d’euros en 2016.
L’entreprise i2a de diagnostic en microbiologie a, elle, établi un partenariat avec le centre de recherche du Memorial Sloan-Kettering Cancer à New York, dans le but de développer des antibiogrammes pour traiter une infection bactérienne de patients atteints de cancer. L’objectif est de faciliter le bon usage des antibiotiques et de diminuer les résistances aux antibiotiques. La société française espère générer 3,85 millions de dollars de chiffre d’affaires d’ici 2017 sur les technologies issus de ce partenariat.
Quant à la start-up Sovinty, autre finaliste du concours Ubistart, elle a conçu une application pour smartphone qui permet à l’utilisateur de rentrer des informations sur son état de santé et d’être suivi par son médecin. Ces données anonymes sont ensuite collectées et analysées par son partenaire américain l’institut CoSSMO qui bénéficie d’une expertise dans les mathématiques et les statistiques. Ensemble, ils pourront créer un outil d’algorithmes. Cet outil algorithmique intelligent permettra d’exploiter de très nombreuses données médicales, émises par des patients du monde entier, pour faire progresser la médecine.
Devant le succès de ce programme, Business France envisage d’organiser à nouveau en 2015 une opération Ubistart. Pour l’heure, le format et la destination ne sont pas encore connus, ils seront décidés en février avec les entreprises et les prescripteurs.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez le site d’Ubistart Tour 2014 en cliquant ICI