Trois villes chinoises : Chengdu, Chongqing,
et Shenyang sont venues présenter le 5 mai, dans les locaux d’Ubifrance,
à Paris, leurs projets et initiatives en matière d’environnement. Cette présentation a eu lieu dans le cadre de l’accord de coopération en matière d’éco-quartiers signé entre le ministère français de l’Economie et des finances et
le ministère chinois du Commerce extérieur lors du voyage officiel du président chinois en France en novembre
dernier. La partie
française, via l’Ademe, a présenté son concept d’éco-cité et neuf entreprises
(GDF Suez, Arte Charpentier Architectes, Terao, Schneider Electric, MBD Design,
Biotope, EDF R&D, Paprec, Egis) ont mis en avant leur savoir-faire.
La
ville-province de Chongqing, en plein milieu de la Chine, et ses 28,3 millions
d’habitants est la plus grande des trois villes-pilotes retenues. Il s’agit d’une
ville très industrialisée (automobiles-motocycles avec presque 30% de la
production chinoise, équipements lourds, chimie-pétrochimie, textile,
électroniques, énergies). Les besoins environnementaux sont centrés surtout sur
le traitement de l’eau, le traitement des déchets, et l’éclairage. La ville a
mis en avant sa Chongqing Economic and Technology Development Zone, qui s’étend
sur 59 km² entre deux montagnes et comprend l’aéroport et l’autoroute externe
de la ville. C’est au sein de cette zone que les autorités municipales veulent
établir un Chongqing Sino-France Ecological Park de 2 km².
A vrai dire, à
Chongqing comme ailleurs, l’intérêt chinois se porte surtout sur les
technologies innovantes et la R&D
centrée sur l’environnement. Dans ce domaine, les Chinois souhaiteraient la
concentrer sur les véhicules électriques, les gaz compressés, le dépoussiérage,
le traitement des eaux usées, et le traitement des déchets solides. A plus long
terme, Li Ruixue, vice-directeur du Chongqing Economic & Technical Zone
Administration Committe, a évoqué une « coopération dans l’industrie d’information
électronique, la fabrication de machines modernes, et le photovoltaïque ».
Chengdu
est la capitale de la province du Sichuan et a une taille plus modeste avec ses
12,7 millions d’habitants. Elle se définit comme une ville bénéficiant déjà d’un
environnement protégé. Chengdu souhaite persévérer en créant des zones «low carbon»
et trois villes-jardins. Selon Liu Xin, directeur du Sichuan Provincial
Department of Commerce, la ville et la province attendent que « les Français
investissent dans plusieurs secteurs comme les nouvelles énergies, la
construction d’éco-quartiers, l’électroménager économe, les nouvelles énergies
de transport, l’énergie solaire, l’éolien, et les batteries ».
Dernière ville pilote, Shenyang
est, avec ses 7,2 millions d’habitants, la capitale de la province du Liaoning,
située au nord du pays, avec une frontière commune avec la Corée du Nord. La présence
économique japonaise est particulièrement marquée et il existe déjà de la
coopération scientifique sino-japonaise dans de nombreux secteurs touchant à l’écologie.
La province a un projet de ville nouvelle, qui serait exemplaire au niveau
écologique. Elle accueillera les jeux nationaux de la Chine en 2013. Comme à
Chongqing, dans le Shenyang Economic and Technology Development Park, se
créerait un China-France Environment Protection Industrial Park, sur 5 km². On
y travaillerait sur l’éolien, les écrans LED, le photovoltaïque, et les
équipements destinés au traitement des eaux usées. Mme Wang Li, du Shenyang
Environmental Protection Bureau, a évoqué les besoins de recherche
franco-chinoise qu’elle souhaiterait voir se mettre en place dans «l’éolien,
les véhicules fonctionnant avec des énergies nouvelles, le traitement des
plastiques usés, les bâtiments écologiques et les services écologiques».
Si
les salaires et le locatif sont bien moins chers dans ces trois villes que dans
les grandes métropoles côtières de l’Est de Chine, reste plusieurs
interrogations qu’ont soulevées les participants français à la rencontre
commune du 5 mai dernier. Selon Egis, vu la taille des villes chinoises, les
quartiers écologiques européens ne sont pas concevables en Chine. De son côté,
François de la Chevalerie,
directeur du fonds technologique Itgium, estime que «si toutes les grandes
villes chinoises ont des projets d’éco-cités ou d’éco-quartiers, on a l’impression
que ceux-ci dépendent de promoteurs immobiliers, car il s’agit d’une solution
de facilité, et qu’au final beaucoup ne se concrétisent pas».
Jean-François
Tournoud