La RDI est l’acronyme de Recherche Développement Innovation. La Chine déploie depuis quelques années un effort phénoménal pour prendre le leadership dans plusieurs domaines clés du commerce du XXIème siècle, en premier lieu le E-commerce et les usages mobiles. Gilbert Réveillon, conseiller du commerce extérieur (CCE) et également président du « groupe d’expertise TIC économie numérique » du Comité national des CCE (Cnccef), explique comment dans cet article publié dans la dernière édition de La Lettre de la Chine hors les Murs (n° 16), publiée par L’Observatoire de la Chine hors les murs de la Commission Asie-Pacifique des CCE*.
Selon une définition généralement acceptée, l’Innovation est une proposition de valeur qui rencontre son marché et la demande mondiale en moins de 2 ans, le Développement entre 2 et 4 ans et la Recherche au-delà de 4 ans. Les acteurs chinois du digital ont récemment acquis la maîtrise du rendement des différents niveaux de RDI et s’affirment en leaders mondiaux.
- Sur un volume d’affaires mondial de ventes en ligne et par mobile de 1700 milliards (Mds) USD, la Chine réalise à elle seule 672 Mds.
- Sur un an, Alibaba réalise 450 Mds USD et tous les acteurs américains 340 Mds.
- Lors du Singles’Day (11 novembre), Alibaba a réalisé un volume d’affaires de 18 Mds USD dont 80% de M-commerce (Ndlr : Mobile-commerce, le commerce via tablettes et smartphones) quand tous les acteurs américains ont réalisé durant les 4 jours du Boxing Day 5 Mds dont 40% de M-commerce.
- AliPay réalise 58% du E-commerce chinois. Son concurrent WePay, partie de WeChat (Tencent), application mobile la plus intégrée dans ses fonctionnalités M-commerce, sert 800 millions d’acheteurs en ligne et par mobile.
- En matière de géolocalisation, Baidu, le Google chinois, cherche à couvrir 99% de la population mondiale avec ses cartes ; plus de 100 millions de voitures l’utilisent déjà.
Paiements sans contacts, voiture autonome, réalité augmentée, « fintech »…
Si la recherche appliquée chinoise et son champion Huawei ont déjà atteint des objectifs (supériorité des deux premiers supercalculateurs chinois sur leurs concurrents directs, brevets innombrables et laboratoires dans les principaux pays occidentaux pour Huawei), les projets en cours vont continuer d’assurer le leadership.
- AliPay a fait une levée de fonds de 4, Mds en sus de l’IPO (Ndlr : initial public offering/introduction en bourse) américaine de 20 Mds de sa maison-mère Alibaba et travaille sur les paiements par hochement de tête,
- Baidu investit aussi bien dans l’automobile autonome que dans la réalité augmentée et l’intelligence artificielle comme la reconnaissance vocale. Le groupe est aussi acteur en fintech via la blockchain en investissant dans l’américain Circle.
- De façon générale, les fintechs chinoises ont reçu plus de fonds de venture capital que leurs concurrentes américaines au dernier trimestre de 2016, et la blockchain est un axe fort d’investigation.
Qu’est ce qui sous-tend ces exemples de leadership irréfutables établis depuis plus de deux ans dans le digital chinois ? Une coopération forte avec les autorités de tutelle, appelées au chevet de l’innovation créatrice.
- OBOR (Ndlr : One Belt-One Road**), se décline en sous-segments parmi lesquels les infrastructures du futur avec l’OBOR IT mais aussi en OBOR scientifique (auquel aucun laboratoire français basé en France n’a contribué directement à ce jour), pour stimuler la recherche sur ce corridor de 65 pays avec des fonds ciblés et thématiques de recherche communes.
- Comme l’annonce la demande remarquée au Congrès du PCC du président de Xiaomi, l’installation d’incubateurs sur les nouvelles routes de la Soie va lancer les start-ups chinoises vers de nouveaux marchés et raccourcir l’horizon de rencontre de la demande mondiale en moins de 2 ans.
- La CCPIT, bras armé gouvernemental du soutien aux entreprises, va multiplier ses aides en matière de mondialisation aux sociétés d’e-commerce.
La bataille du leadership digital entre les bastions de la Silicon Valley et du MIT d’une part et Hong Kong, Shanghai, Shenzhen et Pékin, ne fait que commencer. A l’image de ces titans même si nous sommes loin de leur efficacité, c’est maintenant notre tour de préempter le périmètre de l’OBOR scientifique pour créer des maillons forts dans les écosystèmes et les chaines de valeurs de la RDI.
Gilbert Réveillon,
CCE des Yvelines
*Ce numéro est téléchargeable sous format Pdf sur le site du Cnccef, cliquez sur : www.cnccef.org/
**OBOR est l’acronyme de One Belt-One Road, référtence à la stratégie de la Chine pour établir de nouveaux corridors de commerce international. Lire à ce sujet : Chine / Commerce : le concept géant de route de la soie englobe l’Asie, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe