Le groupe Bolloré, qui veut accélérer sa digitalisation, prend une participation majoritaire dans la startup Ovrsea, commissionnaire de transport digital dont la notoriété a décollé l’an dernier à l’occasion de la crise sanitaire. Celle-ci revendique néanmoins une certaine autonomie et espère s’appuyer sur le géant français pour accélérer son développement international.
C’est une petite surprise dans le monde des commissionnaires de transport international. La pépite Ovrsea, spécialisée dans l’organisation de transport en mode digital, a finalement décidé de s’allier au géant français Bolloré Logistics pour accélérer sa croissance sur le marché mondial.
« Alors qu’on suivait le chemin classique de start-up, sur le point de clôturer une nouvelle levée de fonds fin 2020, on a préféré sceller une alliance avec le groupe Bolloré qui nous paraissait plus appropriée pour avancer rapidement dans notre développement en nous appuyant sur ses capacités, ses compétences et son réseau d’actifs mondial… » révèle au Moci Arthur Barillas, co-fondateur et président d’Ovrsea.
Créé en 2017, Ovrsea délivre aux entreprises une prestation d’organisateur de transport international à travers sa plateforme Internet de gestion du transport qui s’étend de la cotation à la facturation, en passant par le tracking en temps réel. « Notre outil sert pour nos clients chargeurs à gérer tout ce qui concerne leur transport international. Derrière, on organise l’acheminement physique des marchandises en faisant appel à des transporteurs, compagnies maritimes, aériennes ou ferroviaires pour répondre à leur besoin » explique Arthur Barillas.
« Les outils numériques sont en train de révolutionner la manière de transporter des marchandises »
L’association d’Ovrsea avec à Bolloré Logistics, géant mondial de la supply chain qui dispose d’un réseau de 607 agences dans 109 pays et de multiples hubs logistiques, marque d’abord une vision commune de l’impact de la digitalisation sur le secteur du transport et de la logistique.
« L’année 2020 a été un accélérateur et un révélateur de cette tendance. Nous vivons un tournant où les outils numériques sont en train de révolutionner la manière de transporter des marchandises. Ce n’est pas un hasard si on a connu une croissance exceptionnelle en triplant notre chiffre d’affaires » indique Arthur Barillas.
« En trois ans, cette startup a révolutionné le métier de commissionnaire de transport international en développant une plateforme digitale conçue pour simplifier le parcours clients. Notre prise de participation majoritaire est la promesse d’accélérer notre digitalisation », déclare de son côté, Cyrille Bolloré, président du groupe Bolloré.
Complémentarité dans la gestion des transports internationaux
L’alliance se traduit également par une belle complémentarité. Ensemble, les deux partenaires vont apporter davantage de simplicité, de transparence et de réactivité aux entreprises clientes dans la gestion de leurs transports internationaux.
« D’un côté, on amènera au groupe Bolloré notre savoir-faire dans le pilotage de ses choix technologiques, notamment dans sa démarche de changement de Transport Management System (TMS). De l’autre, Bolloré Logistics nous apportera la puissance de son réseau d’implantations mondial pour répondre à de grosses capacités de transport demandées par certains clients, dont on aurait du mal à construire l’organisation tout seul » souligne le dirigeant d’Ovrsea.
Devenir leader européen d’ici à 2025
Surtout, Ovrsea compte faire de ce rapprochement une étape importante dans son développement. La startup prévoit de doubler ses effectifs d’ici à fin 2021 en recrutant une cinquantaine de personnes. Elle a même l’ambition de devenir leader européen de la commission de transport digital, avec l’objectif d’atteindre 200 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2025.
Dès cette année, elle ouvrira de nouveaux bureaux en Europe, aux États-Unis et en Asie, grâce à l’appui de Bolloré Logistics.
En attendant, Ovrsea tient à garder son indépendance dans sa gestion d’entreprise (recrutement, management, développement commercial…). « Bolloré a pris une participation d’un peu plus que 50% dans notre capital. On reste néanmoins deux actionnaires à parts quasi-égales » conclut Arthur Barillas.
Bruno Mouly