« Après deux années de
franche reprise de l’activité en 2011 et 2012, le marché devrait se stabiliser cette
année au niveau qui était le nôtre en 2008. Peut-il y aura-t-il quand même une
légère progression des livraisons aux États-Unis, notre principal débouché
extérieur, avec une part de 17 % dans nos exportations en valeur », a ainsi
confié à moci.com Jean-Luc Sylvain, le président de la Fédération française de
la tonnellerie, à l’issue de l’Assemblée générale de cette profession, le 28
juin, à la Maison des vins à Paris.
Trois ans après avoir été frappée
de plein fouet par la crise économique, notamment outre-Atlantique, la
tonnellerie française a connu en 2012 une hausse globale de ses ventes de 4,4 %
en volume et 6 % en valeur. Le chiffre d’affaires des 50 tonneliers de
l’Hexagone s’est ainsi élevé à 318,7 millions d’euros pour un volume de
525 100 fûts, grâce à l’export, qui a représenté 66 % de la valeur. Avec une
progression de 8 % en valeur, les livraisons à l’étranger ont atteint près de
219,5 millions d’euros. Les quantités sont, elles, passées à 346 300 fûts,
soit une hausse de 6,7 % par rapport à 2011.
Preuve de ce rattrapage depuis
2009, justement les États-Unis, où les fournitures françaises sur ce marché
l’an dernier ont affiché + 15 % en volume et + 17 % en valeur. Mais aussi la
Nouvelle-Zélande, où la France a gagné 14,7 % en volume et 16 % en valeur.
Un marché de niche avec une montée du haut de gamme
Leader mondial, la tonnellerie
française, qui emploie plus de 1 800 personnes, a suivi la tendance à la
« premiumisation » des vins en s’orientant, elle aussi, vers le haut de gamme. La
tonnellerie mondiale est déjà en elle-même un marché de niche, puisqu’elle
n’absorbe que 2 % des vins de la planète, mais c’est une niche dans la niche
qui s’est constituée avec un segment haute couture ou de luxe pour des vins
pouvant varier entre 100 et 400 euros la bouteille.
Le coût de la matière première,
le bois de chêne français, augmente de 5 % par an, et des solutions
alternatives à la barrique, comme la planche ou les copeaux de bois, ont gagné
le marché des vins d’entrée de gamme et grignoté celui du moyen de gamme, si
bien que pour poursuivre leur développement, les tonneliers n’ont d’autre choix
que de proposer des produits d’exception.
« Par produit d’exception,
nous entendons des barriques qui ont fait l’objet d’études scientifiques pour
parvenir aux meilleures qualités organoleptiques ou qui bénéficient d’un
chauffage ou d’un séchage particulier ou encore qui sont réalisées à partir de
bois d’une année précise », expose Jean-Luc Sylvain. C’est donc, selon
lui, « un travail sur mesure » qui est aujourd’hui réalisé « à
partir des cahiers des charges des clients ». Ce ne sont plus des produits
standards, qui font l’objet de stockages, mais « des fabrications à la
commande » qui permettent aux fabricants « de se démarquer les uns
des autres ».
La Chine, futur relais de croissance
Hors Chine, les expéditions ont
marqué une nette progression en Asie (+ 68,5 % en volume), tout comme en
Autriche (+ 25,7 %) et en Allemagne (+ 14,6 %). Mais c’est sur la Chine (+ 26,8
% en volume, + 28 % en valeur) que la fédération table à l’avenir pour trouver
un relai de croissance. Pas question, pour autant, d’envisager des
implantations sur place, comme c’est le cas des grands noms comme Séguin
Moreau, Radoux, Demptos et Nadalié aux États-Unis. « Le marché est encore
trop petit. Et, pour le coup, en Chine, précise Jean-Luc Sylvain, nous
exportons aujourd’hui plutôt des barriques communes ».
Après les États-Unis, les
premiers débouchés de la profession dans l’Hexagone sont l’Italie, l’Australie,
l’Espagne, le Chili, l’Afrique du Sud, l’Argentine, la Nouvelle-Zélande et la Chine. Chez certains,
les approvisionnements de France sont en retrait en 2012, comme l’Espagne (-
15,6 % en volume, – 7 % en valeur), pays de la zone euro en grande difficulté économique. Le recul
est aussi sensible en Afrique du Sud (- 9,1 % en volume, – 8 % en valeur), les
marges des exportateurs de vins, qui vendent en euros sur le Vieux Continent,
ayant fondu.
Enfin, les livraisons françaises
ont diminué en Argentine (- 13,2 % en volume, – 11 % en valeur), après que le
gouvernement ait imposé aux clients des tonneliers de réaliser des exportations
de vins au moins équivalentes en valeur aux coûts de leurs importations de
barriques. « Cette politique pourrait être reprise au Chili », craint
Jean-Luc Sylvain. C’est, en l’occurrence, les rumeurs qui circulaient lors du
récent Salon international des vins et spiritueux à Bordeaux, Vinexpo (16-20
juin).
François Pargny