Après deux ans de R&D, deux levées de fonds et une seconde augmentation de capital, la jeune start-up française Wistiki revient avec une nouvelle gamme d’objets connectés au design signé Philippe Starck permettant de retrouver clés « Wistiki Voilà! », portefeuille « Wistiki aha! » et même, animaux de compagnie « Wistiki hopla! ». Un concept original qui a déjà séduit les Américains et les Japonais, après les Français.
Retour sur le parcours de la start-up depuis la commercialisation en France de son premier objet connecté auprès des internautes à ses débuts sur la scène internationale.
Fondée en janvier 2014 par trois frères, Théo, Bruno et Hugo Lussato, la société Wistiki conçoit à ses débuts un accessoire connecté discret – blanc, carré, de la taille d’une pièce de deux euros, pesant 8 grammes – qui permet aux plus distraits de ne plus perdre leurs affaires. Le « Wistiki » s’accroche aux objets du quotidien : clés, sac à main, poussette d’enfant… Placé à l’intérieur d’une voiture, il permet à son propriétaire de la repérer facilement sur un parking en cas d’affluence.
Fonctionnant grâce à l’application gratuite Wistiki disponible sur iOS et Android, le Wistiki géolocalise l’objet que son utilisateur ne veut plus égarer et le fait sonner depuis un smartphone ou une tablette grâce à la connexion Bluetooth. Et ça marche dans l’autre sens : en cas de perte de son téléphone, il suffit d’appuyer sur le bouton du Wistiki pour le faire sonner et le retrouver. « Théo est actuellement aux États-Unis, et Bruno et Hugo sont constamment en déplacement pour le lancement du porte-clés voilà! », indique au Moci Aliénor Ghafari, chargée de relation presse de Wistiki que nous avons contactée.
En novembre 2013, la société lance le Wistiki sur la plateforme française de financement participatif MyMajorCompany.com, sur laquelle, la jeune pousse collecte 81 000 euros de pré-commandes auprès des contributeurs français, contre 20 000 euros initialement attendus. Le lancement est un succès, le produit plaît, il y a une véritable demande pour ce type de solutions. Wistiki gagne la confiance des investisseurs. En mars 2014, une première levée de fonds de 225 000 euros auprès d’investisseurs privés qui valorise la start-up 1,5 million d’euros permet de financer l’industrialisation 100 % made in France du projet. Les Wistiki sont développés dans les bureaux parisiens du 9e arrondissement de la société par une équipe R&D d’une dizaine de développeurs.
Aujourd’hui l’entreprise compte 25 salariés. « Il y a un an, on était six ! », lance Aliénor Ghafari. Côté fabrication, le petit objet connecté sort des lignes de production de l’usine BMS Circuits implantée au Pays basque à Bayonne.
« Nous avons livré les premiers contributeurs fin 2014 », renseigne Aliénor Ghafari. En parallèle, la société reçoit les retours des clients qui ont pré-commandé leur Wistiki sur MyMajorCompany. « Nous sommes à l’écoute des contributeurs, ils nous font part de leurs remarques pour améliorer le produit. Notre but, c’est de satisfaire le consommateur », insiste la jeune femme. Rapidement, tout s’accélère pour la start-up qui s’envole pour les États-Unis pour présenter son innovation made in France au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, rendez-vous mondial de référence dans l’électronique grand public.
En route pour les États-Unis
Wistiki a exposé du 6 au 9 janvier 2015 sur le Pavillon France de l’Eureka Park, l’espace du salon dédié aux startups. « Le CES nous a permis d’avoir une belle exposition et de nous faire connaître auprès des investisseurs », raconte Aliénor Ghafari. « Ça a vraiment été un tremplin », assure-t-elle. Dans le même temps, Wistiki tient compte des remarques des utilisateurs, qui souhaitent un produit « beau et plus design ». Ses fondateurs ont donc repensé la solution Wistiki en créant une collection de trois accessoires connectés de formes différentes : le « voilà! », qui s’attache aux clés, le « aha! » qui s’accroche au collier des animaux de compagnie et le « hopla! » en forme de carte de crédit à glisser dans un portefeuille.
En juillet 2015, la start-up fait une nouvelle levée de fonds de 1,5 million d’euros auprès d’investisseurs privés, valorisant cette fois la société à 16,5 millions d’euros. Grâce à cette levée de fonds, Wistiki apporte des améliorations technologiques à son porte-clés connecté et fait appel à Philippe Starck pour ajouter la touche design plébiscitée par les contributeurs. Outre le design, l’entreprise apporte des améliorations technologiques à son porte-clés. Le Wistiki est désormais doté d’une batterie d’une durée de vie de 3 ans, contre une autonomie de 1 an pour le « Wistiki 1 ». La portée du Bluetooth passe de 30 mètres à 100 mètres. La puissance sonore de la sonnerie du Wistiki est elle aussi améliorée pour être entendue jusqu’à 50 mètres. Les fonctions d’usage sont également développées : l’utilisateur du Wistiki est maintenant alerté lorsque l’objet auquel est accroché le Wistiki se rapproche de son périmètre. À l’aéroport, il est ainsi prévenu lorsque son bagage arrive sur le tapis roulant. Le propriétaire d’un Wistiki peut désormais partager son objet connecté avec d’autres utilisateurs en transférant ses droits pour que plusieurs smartphones gardent la trace de son Wistiki etc.
Le 12 novembre 2015, la société dévoilait lors d’une conférence de presse à San Francisco les visuels de la gamme « Wistiki by Starck » composée des trois nouveaux Wistiki déclinés en quatre coloris acidulés. Et débute dans le même temps le lancement de sa nouvelle gamme sur la plateforme de crowdfunding américaine Indiegogo.com. Nouveau succès, Wistiki collecte 245 000 dollars en pré-commandes ! La start-up a présenté en janvier dernier ces trois nouveaux « trackers bluetooth » dessinés par Philippe Starck sur le CES 2016.
En janvier 2016, Wistiki est alors retournée sur la plateforme MyMajorCompany pour faire connaître sa nouvelle gamme d’objets connectés auprès des contributeurs français. Elle a reçu 275 000 euros de pré-commandes. La campagne de crowdfunding s’est terminée le 25 mars dernier. « Les contributeurs seront livrés au plus tard la première semaine d’avril et le « Wistiki voilà! » sera disponible courant avril dans la grande distribution », confie notre interlocutrice. Le « aha! » et le « hopla! » seront, pour leur part, commercialisés à la fin de l’année.
À la conquête du marché japonais
Après les États-Unis, Wistiki a décidé de se lancer au Japon, « un pays à l’affût des dernières tendances en matière de mode et de high-tech », commente Aliénor Ghafari. « Les Japonais sont aussi très intéressés au 100 % made in France, un gage de fiabilité et de qualité », ajoute-t-elle. La société récolte 105 000 euros de pré-commandes sur la plateforme de crowdfunding japonaise MotionGallery.
Wistiki a démarré fin mars son crowdfunding au Royaume-Uni sur la plateforme crowdfunder.co.uk. « Le crowdfunding, souligne Aliénor Ghafari, est un véritable levier marketing pour rentrer dans un pays ». La société a intégré le crowdfunding dans sa stratégie de déploiement international, « ça permet de réaliser une étude de marché ». Avant de distribuer localement ses produits avec toute la logistique que cela implique, Wistiki teste d’abord le marché en ligne. A présent, elle souhaite avoir une présence physique et vise les réseaux de distribution au Royaume-Uni, en Allemagne, où des négociations avec un distributeur sont en cours, aux États-Unis et aux Japon. « À long terme, on ambitionne de conquérir le monde et d’aider au maximum les gens à retrouver leurs affaires », affirme Aliénor Ghafari.
Wistiki met le cap sur la Corée du Sud, où la société, accompagnée par Business France, participera à Séoul aux French Tech Days les 30 et 31 mai 2016. « Tout le monde perd ses affaires, le Wistiki répond à un besoin universel ! », conclut-elle.
Venice Affre