« L’export tire le chiffre d’affaires de la profession en France ». En une phrase, tout est dit. Consultant depuis des années par le Salon mondial de tous les savoir-faire en sous-traitance industrielle (Midest), Daniel Coué (notre photo) n’a jamais sa langue dans la poche. Cet ancien journaliste, spécialisé dans la sous-traitance, se félicite ainsi de l’assouplissement des politiques budgétaires en Europe, « qui ont jusqu’à présent asséché les marchés intérieurs ». Comme les prix des matières premières, pétrole y compris, ont baissé, et que le dollar a augmenté par rapport à l’euro, « l’Europe a renoué avec la croissance et l’industrie en a profité, les sous-traitants avec », expliquait Daniel Coué, le 11 octobre, lors de la conférence de presse sur l’édition 2016 du Midest (6-9 décembre, Paris Nord Villepinte). Selon lui, « dans la sous-traitance, 28,5 % des produits français ont été exportés en 2015, contre 27,4 % l’année précédente, une proportion qui grimpe même à 60 % si l’on considère les ventes réalisées à travers les donneurs d’ordre ».
L’Allemagne, invité d’honneur
Pour la première fois, le Midest, se tiendra en même temps que Smart Industries, salon dédié aux acteurs de l’usine digitale et de la révolution numérique. S’y ajoutera le forum Industrie du futur, visant à promouvoir l’industrie de demain. Ces trois opérations, organisées sous le signe de la « convergence pour l’industrie du futur », devraient rassembler au total 1 700 exposants et 45 000 industriels pour répondre aux objectifs du plan Industrie du futur, annoncé par François Hollande en avril 2015, et porté par l’Alliance pour l’industrie du futur.
Pour le chef de l’État, pour porter cette ambition d’une industrie intégrant les technologies les plus modernes, il faut encore que ce « grand salon de l’industrie du futur » dépasse les frontières de l’Hexagone. « Nous devons penser européen », a-t-il clairement affiché, en annonçant qu’il convenait que l’industrie du futur soit « conçue en complémentarité avec la plateforme Industrie 4.0 allemande ». Ce qui justifie que l’Allemagne soit l’invité d’honneur de cette opération.
L’export, + 5,8 % prévu en 2016
En 2015, le chiffre d’affaires de la sous-traitance dans l’Union européenne, réalisé par 425 830 entreprises, s’est élevé à 486,5 milliards d’euros, grâce à une pointe de plus de 3 % par rapport à l’exercice précédent. L’an dernier, le Midest avait accueilli 34 000 visiteurs professionnels, dont 15 % d’étrangers. Côté exposants, « 38 % seront cette année originaires de 34 pays étrangers, avec des évolutions sensibles à la hausse pour le Portugal et l’Allemagne et le retour de la Thaïlande, la Lituanie et l’Italie », a précisé Marie Jason, directrice du salon, qui s’est également réjouie de la venue, le 6 décembre, du secrétaire d’État chargé de l’Industrie Christophe Sirugue.
Les perspectives de la sous-traitance en France sont favorables, a annoncé Daniel Coué, qui prévoit en 2016 une hausse du chiffre d’affaires de 3,2 % en valeur et 3,6 % en volume. Mais alors que la demande progresserait de 2,2 % en valeur sur le marché domestique, l’exportation augmenterait de 5,8 %, confirmant ainsi la poursuite de l’embellie sur les marchés étrangers, après une hausse de 6,9 % en 2015.
Pour autant, le consultant français n’a pas manqué de souligner les faiblesses de la profession. D’abord, sa trop grande dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Or, l’économie mondiale s’affaiblit, avec des prévisions de croissance qui diminuent (+ 3,1 % pour le FMI et même 3 % selon l’OCDE), ce qui pourrait peser sur les exportations européennes. Ensuite, les compétiteurs du monde entier ont tendance à se livrer à une guerre des prix. Un autre risque pour les sous-traitants européens, notamment français.
François Pargny