Si le commerce international de biens traverse une mauvaise passe, les échanges de services, eux, restent très dynamiques. Ils pourraient constituer l’un des moteurs d’évolution du commerce mondial tout en restant pour la France un secteur d’expansion, si l’on en croit les conclusions de la dernière étude de HSBC sur les perspectives du commerce mondial, Global Trade Forecast, réalisé en 2016 sur la base des échanges entre les 25 pays les plus actifs de l’économie mondiale.
Ainsi, constate l’étude, « l’exportation des services a évolué ces dernières années de manière plus rapide que celle des biens de consommation ». De fait, « alors que les aléas économiques et politiques ralentissent le commerce mondial des matières premières et produits manufacturés, la part des services est passée de 20 % à 23 % de 2011 à 2015 et les experts d’HSBC estiment que d’ici 2030 ce taux atteindra 25 % ».
Les perspectives de croissance des échanges de services sont très positives : « si les gouvernements s’abstiennent d’instaurer de nouvelles restrictions, précise l’étude, on devrait pouvoir s’attendre à une croissance annuelle du commerce de services de 7 % en moyenne, faisant passer le total des exportations mondiales de 4,8 à 12,4 trillions* de dollars entre 2016 et 2030 ». Le commerce de marchandises progresserait moins vite, à un rythme de 6 % par an.
Évolutions technologiques et développement d’une ‘classe globale moyenne’
Qu’est-ce qui tire ce commerce des services, dans lequel ont trouve des activités comme le support technique, la maintenance ou encore la traduction ou les soins à distance, l’achat de logiciels ou encore les réservations touristiques en tout genre ?
Selon Andrew Wild, directeur du marché des Entreprises chez HSBC France, cité par le communiqué de la banque, « les évolutions technologiques et les avancées dans la libéralisation du commerce international, mais aussi les mutations profondes que connait l’économie mondiale, comme l’émergence de la ‘classe globale moyenne’, ont bouleversé la demande en termes de services destinés notamment au Consommateur ». Ainsi, alors que « les avancées technologiques, l’accroissement des dépenses des ménages et la diminution des coûts de déplacement stimulent le secteur des services, tandis que la volatilité des prix des matières premières et les faibles dépenses d’investissement pèsent sur la croissance du commerce des marchandises ».
La répartition géographique des échanges de services donnent encore un avantage aux pays développés, notamment dans les services BtoB « requérant un important savoir-faire ou dans le tourisme », explique HSBC. Mais certains pays émergents deviennent plus performants et montent comme l’Inde. Selon les prévisions de HSBC à l’horizon 2030, ce dernier pays pourrait ainsi presque doubler sa part de marché mondial de 2,9 à 4,2 %, et se hisser au 6ème rang mondial juste derrière la France, avec des points forts dans les services d’outsourcing de process, les services financiers, la médecine et l’ingénierie.
Autres puissance montante dans les services, la Chine, qui est déjà le 3ème exportateur mondial avec 40 % de part de marché dans les secteurs du tourisme et des voyages et une croissance annuelle de l’ordre de 7,2 % par an d’ici 2030. Mais les Émirats arabes unis ont également fait une percée remarquable ces 15 dernières années dans le tourisme, avec un fort développement de la connectivité aérienne, des infrastructures hôtelières et touristiques.
La France tire son épingle du jeu au 5ème rang mondial
Dans ce contexte, la France tire plutôt bien son épingle du jeu selon les prévisions d’HSBC. Entre 2016 et 2030, les exportations françaises de services passeront de 241 milliards à 567 milliards de dollars, permettant à la France de se maintenir au 5ème rang des exportateurs mondiaux de services en 2030.
En 2015, avec 5 % de part de marché, la France était déjà en 5ème position parmi les 10 pays les plus exportateurs, derrière l’Angleterre au 2ème rang (avec près de 8 %, et les États-Unis, premiers exportateurs de services avec plus de 15 % de part de marché. Le principal secteur exportateur de l’Hexagone dans les services (48 %) est l’expertise B2B liée à l’ingénierie aéronautique, énergétique ou des transports. Le deuxième secteur est le tourisme, avec 19 % des exportations de services, la France restant le pays le plus visité au monde. L’étude d’HSBC ne dit pas si la vague d’attentats terroristes qu’a connue la France affectera ces performances et reste plutôt optimiste : « ces tendances devraient perdurer pour les 15 prochaines années, avec une progression annuelle de 6 %, emmenée toujours par les secteurs de l’ingénierie, de la finance et de l’assurance, et du tourisme », précise l’étude.
Au niveau national, les exportations de services représentent 10 % du PIB et 32 % du total des exportations de l’Hexagone.
Qui sont les principaux clients des services de la France ? Selon l’étude d’HSBC, les principales destinations d’exportations de services devraient rester assez identiques d’ici 2030, avec le Royaume-Uni en 1ère place, grâce notamment à la qualité des services financiers français, « mais ce partenariat sera bien évidemment impacté par l’évolution de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ». Autres destinations phares : l’Allemagne devrait ravir la 2ème place aux États-Unis, tandis que les pays émergents, bien qu’en progression, devraient recueillir une part modeste des exportations françaises de services.
*1 trillion = 1 000 milliards
Pour en savoir plus :
L’intégralité de l’étude est consultable au lien suivant : https://eu.vocuspr.com/ViewAttachment.aspx?EID=3NX1%2fGBp5kL3Po1sdMRluGS6KDxN5EOzk1ybpVq9L0s%3d