Spécialiste de la robotisation des entrepôts logistiques, Scallog profite de l’essor du e-commerce et de la réorganisation des supply chains. En pleine pandémie de Covid-19, cette entreprise française mise sur l’international et a décroché un important contrat aux États-Unis.
En quelques années, cette entreprise de 60 salariés fondée en 2013 s’est fait une place dans le monde de l’intralogistique, une expression qui désigne les déplacements de biens à l’intérieur des usines, des centres de distribution ou des entrepôts, et où le concurrent principal s’appelle Amazon.
L’idée est simple : remplacer les opérateurs par des robots qui déplacent des marchandises jusqu’au poste de préparation de commande. Résultat : un gain de temps considérable et un retour sur investissement rapide pour les entrepôts qui investissent dans ce type de systèmes automatisés.
Concurrent du Kiva d’Amazon, le robot Boby a le vent en poupe
Boby (notre photo), le robot qui déplace des armoires jusqu’à l’opérateur en charge de la préparation de commande a été développé par l’équipe de Scallog en 2013-2014, soit peu de temps après le rachat par Amazon de Kiva Systems dont les robots équipent désormais les entrepôts du géant américain.
Les produits de l’Oréal seront les premiers à être transportés par Boby, en 2014. Depuis, l’entreprise a développé d’autres robots dont le Flexytote qui fonctionne sur le même principe mais déplace un assortiment de bacs et non plus une armoire entière. Une innovation saluée par une premier prix dans la catégorie « meilleure innovation intralogistique, robotique et automatisation » des 20e Prix de l’innovation logistique du SITL en 2020.
« La tendance est ancienne et date d’avant la pandémie, mais cette dernière, avec la hausse du e-commerce et les besoins d’optimisation des chaînes d’approvisionnement a mis en lumière le besoin de robotisation des entrepôts, analyse Olivier Rocher, P-dg de Scallog. Dans le e-commerce, j’ai des clients qui ont vu leurs commandes multipliées par 10 ! »
Une aubaine pour l’entreprise, d’autant que la marge de robotisation est importante : seulement 5 % des entrepôts dans le monde sont automatisés et 15% semi-automatisés, selon une étude de DHL. Ironie de l’histoire, en pleine crise sanitaire, c’est dans la patrie d’Amazon que Scallog a signé un contrat de distribution, avec l’intégrateur américain Bastian, division de Toyota Advanced Logistics, pour la mise en route d’une première installation en février 2021.
Le contrat avec Bastian a été négocié sans aucune rencontre physique
« Nous ne nous étions jamais rencontrés et c’est sur Internet que Bastian nous a trouvés il y a environ 8 mois », se remémore Olivier Rocher. De la présentation du produit aux dernières négociations, tout le processus s’est effectué à distance. Y compris la formation d’une soixantaine de commerciaux américains.
Cette digitalisation forcée, dans un contexte de restriction des déplacements, « n’a pas ralenti le processus » selon le dirigeant.
Une communication d’autant plus fluide que Scallog n’en est pas à son premier « coup » à l’international. Dès 2016, ses robots ont pris place dans des usines et des entrepôts à Singapour, au Portugal, en Belgique ou encore en Allemagne. Aujourd’hui l’entreprise dispose de bureaux en Allemagne, en Espagne, au Brésil et à Singapour.
« Nous travaillons soit en direct, soit avec des intégrateurs, explique Olivier Rocher. Les gens de Bastian ont été rassuré par notre expérience de travail avec des intégrateurs ». Dans le petit monde de l’intralogistique, le bouche-à-oreille est important. « Australie, Mexique…, énumère le dirigeant. Toutes les semaines nous recevons des demandes du monde entier ».
Un site Internet remis à neuf juste avant le 1er confinement
Pour structurer sa prospection internationale, que l’entreprise compte développer, elle a constitué deux équipes. La première travaille en direct avec des clients essentiellement européens. La seconde défriche des marchés plus lointains et est chargée de nouer des partenariats avec des intégrateurs.
Dans un monde sans salons professionnels, sans rendez-vous d’affaires et sans démonstration de produits en direct, une maîtrise des outils digitaux est vitale. Coup de chance, Scallog avait procédé à la refonte de son site en janvier 2020, soit quelques semaines avant le début du premier confinement.
Une vitrine toute neuve, comportant des vidéos de démonstration et une information complète sur les systèmes proposés par Scallog. « C’est le hasard du calendrier, mais cette refonte est très bien tombée et nous avons dégagé du budget pour pouvoir abonder régulièrement le site en contenus », se félicite Olivier Rocher.
Sophie Creusillet