Organisé tous les deux ans à Düsseldorf, le Salon international des technologies de traitement des métaux Metav se tiendra l’an prochain du 23 au 27 février.« Pour cette édition, nous avons décidé d’étendre notre offre. Nous avons évidemment conservé notre noyau dur, c’est-à-dire la chaîne de valeur ajoutée du métal, avec les machines outils, les outillages de précision ou les logiciels, auquel nous avons ajouté quatre nouveaux espaces pour des stands individuels ou collectifs avec des forums de discussion, à savoir la production additive (modèles et prototypes réalisés par découpe ou soudure), l’assurance qualité, la construction de formes et d’outillages et la technique médicale », a ainsi confié, le 22 février, Wilfried Schäfer (notre photo), directeur de l’Association allemande des fabricants de machines outils (VDW), partenaire de l’organisateur Messe Düsseldorf, lors d’une conférence de presse à Paris, le 22 octobre.
Une concurrence vive entre villes allemandes dans les métiers du moulage
S’agissant les formes et outillages, le pari est osé, car la foire de Stuttgart vient de lancer un salon spécialisé, Moulding Expo, dont la deuxième édition est déjà annoncée avec plus de 120 inscrits à ce jour entre le 30 mai et le 2 juin 2017. Wilfried Schäfer explique que Metav devrait attirer « des clients du Nord de l’Europe qui ne vont pas à Stuttgart ». Peut-être… mais le parc d’expositions de Düsseldorf accueille aussi Euromold , le Salon européen du moulage et de l’outillage, du design et du développement d’applications, qui est organisé par Messe Frankfurt. La prochaine édition se déroulera donc à Düsseldorf du 22 au 25 septembre 2016. Enfin, le moulage est présent dans toute une série de salons spécialisés, comme K, le Salon des plastiques et caoutchoucs (19-26 octobre), toujours à Düsseldorf.
Même si à Messe Düsseldorf, on affirme que tous ces rendez-vous professionnels proposent des approches différentes, il n’est pas certain que les visiteurs et les exposants ne voudront pas arbitrer. Son directeur, Hans Werner Reinhart, reconnaissait à Paris qu’il y a « à l’heure actuelle une vive concurrence entre les salons allemands », mais il refusait d’afficher une quelconque inquiétude, estimant que si « Moulding Expo avait bien marché à Stuttgart en 2015 », Euromold, quant à lui, était plus diversifié, proposant « non seulement des moules, mais aussi des procédés de production additifs ».
Outre les quatre thèmes ou secteurs qui seront ajoutés en 2016, Metav présentera un parc « Industrie 4.0 – solutions pour la production », « un thème très fort à l’heure actuelle en Allemagne », selon Wilfried Schäfer, qui estime à une vingtaine le nombre de sociétés qui pourraient y participer, à l’instar de Siemens ou de Trumpf déjà inscrits. Tout récemment le VDM a lancé une étude sur le degré de préparation des professionnels à la numérisation. Une analyse qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative nationale « Industrie 4.0 », lancée, il y a près de trois ans, par les fédérations des industries électriques et électroniques (Zvei), de la construction mécanique (VDMA) et l’Association allemande du secteur des TIC (Bitkom), sous l’égide des ministères de la Recherche et de l’Économie. « J’ai envoyé un formulaire aux entreprises, précisait le dirigeant de VDM, pour leur donner un fil conducteur, les aider à s’auto positionner et à savoir où elles en sont en matière de numérisation ».
Machines outils : l’Allemagne, premier fournisseur et client de la France
En 2014, Metav avait reçu 610 exposants, dont 155 étrangers de 25 pays, dont une dizaine de Français, et 31 000 visiteurs, dont 500 Français, sur une superficie globale nette de 28 569 m2. « Le nombre de visiteurs français est particulièrement faible », regrettait Patricia Muller, directrice de Promessa, qui représente Messe Düsseldorf dans l’Hexagone. Pourtant, l’Allemagne était le premier fournisseur de machines outils en France en 2014, avec une part de 33 % sur un total d’importations de l’Hexagone de 718 millions d’euros, et son principal débouché extérieur, à égalité avec la Russie et la Chine, avec un taux de 11 % sur un chiffre global d’exportations françaises de 530 millions d’euros.
Au premier semestre de cette année, les exportations allemandes de machines outils vers la France ont reculé à 161,3 millions d’euros, après 173,7 millions durant la période correspondante de 2014. Parallèlement, les achats de l’Allemagne dans l’Hexagone ont augmenté, passant de 39,7 à 42,5 millions d’euros. « Ces mouvements ne sont pas significatifs », d’après Wilfried Schäfer, évoquant des évolutions erratiques et conjoncturelles dans des secteurs comme l’automobile et l’aéronautique, où « le passage de l’aluminium au titane, par exemple, se traduit par l’utilisation de cinq fois plus de machines ».
Reprise de la consommation en Europe en 2015 et 2016
Ce qui paraît plus important au dirigeant allemand est l’évolution des investissements de l’industrie en Europe (+ 3,7 % cette année, + 4,5 % en 2016, après + 2,6 % l’an dernier) et, plus particulièrement, dans son pays (+ 4,3 % les deux années, après + 5,3 % en 2014), et de la consommation de machines outils à l’est de l’Europe.
A cet égard, d’après par la société Oxford Economics, partenaire du VDM (données établies en septembre), si la consommation de machines outils sur l’ensemble du continent va reculer de 1,3 % à 16,8 milliards d’euros cette année, elle regagnera 4,1 % l’année suivante pour s’élever à 17,5 milliards d’euros. En Europe de l’Est, elle bondira de 14 % en 2016 en Slovaquie, 11 % en Pologne, 10 % environ en République tchèque, 9 % en Hongrie. A comparer notamment avec l’Espagne, la France et l’Italie : plus ou moins + 5 %. Les marchés orientaux, tout proche, sont bien connus des professionnels allemands. Les exportateurs outre-Rhin devraient donc pouvoir profiter à l’avenir de la reprise qui se dessine.
François Pargny