Face à une croissance mondiale qui s’essouffle (PIB de 2,6 % prévu en 2015 contre 2,7 % l’an dernier) et des dynamiques sectorielles qui demeurent contrastées dans le monde, le groupe français d’assurance-crédit Coface a révisé au troisième trimestre 2015 son évaluation du risque pour trois secteurs : l’énergie, l’automobile et les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les trois zones géographiques étudiées dans son dernier Panorama* des risques sectoriels : l’Amérique du Nord, l’Asie émergente et l’Europe de l’Ouest.
« Nous avons dégradé deux grands secteurs : l’énergie en Europe de l’Ouest, Amérique du Nord et Asie émergente, et l’automobile en Asie émergente », a indiqué Paul Chollet, responsable des études sectorielles chez Coface, lors de la présentation de la révision trimestrielle des évaluations sectorielles du groupe d’assurance-crédit, le 15 octobre, à Paris.
Énergie: le risque se dégrade dans les trois régions étudiées par Coface
La chute assez brutale du cours du pétrole a conduit Coface à dégrader le secteur de l’énergie dans les trois grandes zones géographiques que le groupe d’assurance-crédit étudie chaque trimestre à savoir Amérique du Nord, Asie émergente, Europe de l’Ouest, qui représente désormais un risque « élevé ». « La baisse des prix du pétrole, a indiqué Paul Chollet, s’explique par les surcapacités : la production fait plus que de répondre à la demande ». Les grands groupes pétroliers ont été amenés à réduire leurs investissements et certaines compagnies pétrolières se désengagent dans les régions où l’exploitation est trop onéreuse à l’instar de Shell, qui a arrêté ses explorations au large de l’Arctique. Les entreprises parapétrolières pâtissent du ralentissement des investissements pétroliers.
La baisse des prix de l’énergie pénalise la croissance mondiale. Fragilisés en raison de la chute des prix des produits pétroliers, les marchés russe et brésilien ont accusé des baisses respectives estimées à -2,5 % et -3,5 % en 2015. « La Russie et le Brésil demeureront mal orientés. On s’attend à une contraction de – 0,5 % au Brésil et de – 1 % en Russie pour 2016 », a précisé l’économiste Paul Chollet.
À l’instar de l’énergie, le secteur de la métallurgie – où les surcapacités sont toujours aussi présentes, créant une distorsion entre l’offre et la demande – subit la baisse des cours mondiaux. Après une croissance de +0,7 %, la consommation mondiale en acier devrait enregistrer une baisse de -1,7 % en 2015, estime Coface.
Face à l’arrêt des investissements dans l’exploration-production pétrolière aux États-Unis, « la production d’acier chute énormément en Amérique du Nord », a précisé Guillaume Bacqué, économiste chez Coface.
Toutes les activités intensives en métaux : industries lourdes (machines-outils, engineering), construction (BTP, immobilier) et automobile sont affectées. Toutefois, en Europe de l’Ouest, le secteur bénéficie du dynamisme des ventes automobiles. Les immatriculations de véhicules neufs en zone euro soutiennent en effet la demande en métaux.
Automobile : détérioration du risque en Asie émergente
Dans le secteur automobile en Asie émergente, pénalisé par le ralentissement chinois, le risque augmente et devient « moyen ». La croissance des ventes a ralenti en Chine à 2,6 % sur les huit premiers mois de l’année. « Depuis trois mois, les ventes de voitures ont tendance à diminuer », a affirmé Paul Chollet. Parallèlement, les salaires des Chinois ont eux aussi tendance à ralentir, obligeant les ménages à revoir leur budget à la baisse pour acheter des modèles de voiture moins chers. Ainsi, 65 % des voitures achetées sont des petites cylindrées. Pour répondre à ce besoin, le gouvernement chinois a mis en place des mesures de soutien sur l’achat des petites cylindrées.
Le risque sur le secteur automobile reste toutefois « modéré », a prévenu l’économiste, dans la mesure où il se compte en Chine 75 véhicules pour 1 000 habitants contre 600 pour 1 000 aux États-Unis.
Le risque sectoriel demeure « élevé » en Europe de l’Ouest. Une embellie apparaît, principalement due à la reprise de la croissance européenne. Toutefois, l’affaire qui touche actuellement Volkswagen pourrait bien apporter une zone d’ombre au tableau. « Le scandale de Volkswagen nous conduit à être prudent », a ainsi commenté Paul Chollet. Le constructeur allemand est très présent dans les pays d’Europe centrale à travers des implantations en Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie, où ses véhicules représentent une part importante des ventes. « 53 % des véhicules produits en République tchèque appartiennent au groupe Volkswagen », a rappelé l’économiste.
Soutenue par la dynamique des ventes de véhicules haut de gamme, l’industrie automobile est en bonne voie en Amérique du Nord où le risque demeure « faible ». Aux États-Unis, les ventes de véhicules continuent d’augmenter enregistrant une croissance en rythme annuel de 2,9 % en août 2015.
TIC : le risque s’améliore en Europe de l’Ouest, soutenu par la consommation privée
La seule vraie bonne nouvelle ce trimestre est observée par Coface dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) en l’Europe de l’Ouest, où le risque se réduit et devient « moyen ». Le secteur est tiré par une consommation plus vigoureuse des ménages qui se rééquipent avec des smartphones à écran plus large.
En Asie émergente, le risque demeure « moyen ». En Chine, l’essor rapide du marché des smartphone s’essouffle. Les ventes de smartphone ne progresseront que de 1 % en 2015. De nouveaux relais de croissance apparaissent pour les entreprises asiatiques en Afrique subsaharienne avec notamment le développement des infrastructures de réseau de téléphonie mobile et l’utilisation croissante des smartphones.
En Amérique du Nord, où le marché des télécommunications doit affronter une nouvelle concurrence émanant de sociétés de services comme Google et Facebook, le risque reste « moyen ».
Venice Affre
Pour en savoir plus :
*Consultez en PDF ci-joint le dernier Panorama de Coface publié en octobre, dans lequel est analysée l’évolution de cinq secteurs : automobile, énergie, métaux, TIC, papier-bois dans trois grandes zones : Amérique du Nord, Asie émergente et Europe de l’Ouest.