Plus encore dans les nations émergentes, plus encore dans les biens d’équipement, les risques sectoriels se sont accrus. Présentant ses dernières révisions des évaluations, le 13 avril à Paris, l’assureur crédit export Coface a mis, notamment, l’accent sur une région, l’Amérique latine, et deux domaines d’activité, énergie et métallurgie.
L’Amérique latine est une « zone peu diversifiée », une « région de minerais, d’énergie et de métallurgie », selon Paul Chollet (notre photo), responsable des Etudes sectorielles et des défaillances de Coface, qui a également qualifié de « sinistrogènes les secteurs de l’énergie et de la métallurgie. Dans toutes les régions de la planète, en particulier en Amérique latine, ces deux secteurs figurent dans les catégories de risque élevé ou très élevé.
En l’occurrence, l’assureur français a classé dans l’énergie en risque très élevé l’Amérique latine et l’Amérique du Nord et élevé l’Asie émergente, l’Europe de l’Ouest, l’Europe centrale, le Moyen-Orient + la Turquie. Quant à la métallurgie, sont placés dans la catégorie des risques très élevées l’Amérique latine, l’Asie émergente, l’Europe de l’Ouest, le Moyen-Orient + la Turquie. En risque élevé, on ne retrouve que l’Amérique du Nord et l’Europe centrale.
L’Asie émergente aussi affaiblie
« L’Amérique latine inquiète », n’a pas caché Paul Chollet. Et pour cause, hors énergie et métallurgie, la plupart des secteurs étudiés par Coface sont dotés d’une évaluation risque élevé (agroalimentaire, automobile, chimie, construction, distribution, papier-bois, textile-habillement, transport). Deux sont, toutefois, évalués risque moyen, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et la pharmacie, qui était, néanmoins, classée auparavant en risque faible.
D’après l’assureur crédit, la consommation dans la pharmacie, notamment la parapharmacie, est pénalisée par la réduction des dépenses publiques découlant des investissements en berne de la part des compagnies pétrolières comme Petrobras et Ecopetrel. Coface craint encore que d’autres acteurs soient affaiblis à l’avenir par des politiques publiques de remboursement des médicaments plus généreuses.
Le risque sectoriel augmente aussi en Asie émergente, puisque deux secteurs y ont été dégradés, passant respectivement de risque faible à risque moyen et de risque moyen à risque élevé : la distribution et les TIC sont touchées par un début de saturation du marché de l’électronique (ordinateurs personnels, tablettes…). En Chine, Carrefour a ainsi enregistré une chute de 17,8 % de ses ventes au quatrième trimestre 2015.
En définitive, aujourd’hui en Asie émergente, un secteur figure en risque très élevé, la métallurgie, est cinq autres entrent dans la catégorie des risques élevés : chimie, construction, énergie, textile-habillement et TIC.
L’Europe de l’Ouest en meilleure santé dans la pharmacie
De façon générale, dans le monde, « l’investissement des entreprises reste fragile », remarque Coface, qui table sur une petite croissance de l’économie (+ 2,7 % cette année). L’assureur crédit export observe aussi que la progression du commerce mondial est faible (1,8 % sur un an à février 2016 ; + 3 % depuis août 2015), ce qui affecte, en particulier, le fret maritime (80 % du commerce mondial). Au total, Coface a dû introduire onze changements dans les évaluations de son risque sectoriel, dont seulement deux à la hausse dans la pharmacie et l’automobile. Tous deux sont reclassés en risque moyen dans la même zone, l’Europe de l’Ouest. La pharmacie, un secteur qui y est bien orienté, compte du vieillissement de la population, « pour lequel nous avions été trop pessimistes, alors qu’en fait il présente peu de sinistralité », a précisé Paul Chollet.
S’agissant de l’automobile, les ventes de véhicules neufs ont progressé en un an de 10,1 % à fin février. D’autres facteurs sont favorables à une accélération en Europe de l’Ouest : chômage en baisse, faible inflation en zone euro, crédits bon marché, parc automobile vieillissant, etc. Le plus frappant est que l’Europe de l’Ouest figure maintenant dans la même catégorie que l’Amérique du Nord, dont l’automobile est rétrogradée de risque faible à risque moyen. Car si outre-Atlantique l’évolution des ventes est positive, en revanche, Coface s’interroge sur la qualité des crédits et leurs coûts qui augmentent.
François Pargny