‘Brexit’, élection du populiste et protectionniste Donald Trump… Le risque politique sera au cœur des préoccupations des analystes et des entreprises en 2017, estime Coface, qui présentait son panorama annuel des risques pays au plan mondial lors de son colloque annuel, le 24 janvier à Paris. Ce qui n’a pas empêché l’assureur-crédit d’effectuer, pour la première fois depuis deux ans, plus de reclassements que de déclassements.
Le contexte mondial sera un peu plus dégagé au plan macro-économique : après deux années consécutives de ralentissement, la croissance mondiale devrait ainsi connaître une légère amélioration en 2017 (+2,7 %, après +2,5 % en 2016). Elle sera tirée notamment par un rebond de l’activité dans les pays émergents (+4,1 %, après +3,7 %) lié en particulier au redémarrage du Brésil et de la Russie, qui compenserait le ralentissement graduel de l’économie chinoise.
Mais le commerce mondial peine à retrouver ses niveaux d’avant crise : Coface mise sur + 2,4 % en 2017, après une moyenne de 2,2 % entre 2008 et 2015, bien loin des 7 % annuel enregistré dans les années 2002 à 2007. Surtout, il est désormais gravement menacé par « la résurgence des mesures protectionnistes suite à l’élection de Donald Trump », estime Coface, qui confirme à cet égard le sentiment ambiant dans les milieux d’affaires français et européens.
Montée des risques politiques
Pour Coface, si des mesures protectionnistes auraient un faible impact à court terme sur l’économie américaine qui est en fin de cycle (croissance de + 1,8 % anticipée en 2017), elles auront en revanche des effets sensibles sur les pays qui exportent beaucoup vers les Etats-Unis : Amérique centrale (Honduras, El Salvador, Mexique, Equateur), Asie (Vietnam, Thaïlande.
Autre motif d’inquiétude : la remontée du risque politique en Europe en 2017 en raison du Brexit, mais aussi de plusieurs échéances électorales importantes : Coface indique que son indice du risque politique européen à bondi de 13 points en moyennes en Allemagne, France, Italie, Espagne er Royaume-Uni, France, Allemagne). « En cas de choc majeur de la même ampleur que le référendum britannique, la croissance européenne pourrait baisser de 0,5 point en moyenne » prévient l’assureur-crédit.
Mais les pays émergents ne sont pas épargnés : le risque politique y est « plus élevé que jamais », alimenté par « le mécontentement social et l’explosion du risque sécuritaire ». Les indicateurs de risques politiques les plus élevés se situent en Europe de l’Est avec la CEI à 63 % (à cause de la Russie), l’Afrique du Nord / Moyen-Orient (62 %) et l’Arabie Saoudite (62 %)
Le risque de crédit, pour sa part, sera plutôt en baisse dans les pays avancés, où les défaillances d’entreprises connaissent un reflux assez généralisé. Il sera en revanche en hausse dans plusieurs pays émergents en raison de l’endettement excessif des entreprises. Coface pointe ainsi les entreprises chinoises dont la dette a augmenté pour atteindre 160 % du PIB. Mais l’assureur-crédit pointe aussi la hausse des créances douteuses portées par les banques en Russie, Inde, Brésil et Chine, dans un contexte de durcissement des conditions de crédit.
Déclassements : Mexique, Jordanie, Afrique du Sud et Mauritanie
C’est dans ce contexte que Coface a dégradé les notes de risque pays de plusieurs pays dont le Mexique, directement concerné par l’effet Trump. Compte tenu d’une forte dépendance des exportations mexicaines vers les Etats-Unis (7 % de son PIB) et sur fond de hausse de l’inflation et de baisse des investissements, sa note est passée d’A4 à B.
Coface pointent la dette publique élevée de la Jordanie qu’il déclasse en C après B. En Afrique du Sud, rétrogradée de B à C, c’est la montée du mécontentement social dans le contexte d’une faible croissance est le principal facteur de risque. La Mauritanie est également rétrogradée de C en D.
Reclassements : Europe de l’Ouest et centrale et Afrique subsaharienne
Mais pour la première fois depuis mi-2015, Coface a effectué davantage d’améliorations de ses évaluations risque pays que de dégradations.
L’Espagne est reclassée en A3, tandis que les évaluations de l’Islande et de Chypre, où les risques liés aux contrôles de capitaux s’éloignent, sont désormais respectivement en A2 et B.
L’Europe centrale continue de grimper dans le classement des 160 pays évalués par Coface. L’Estonie (A2), la Serbie (B) et la Bosnie-Herzégovine (C) bénéficient d’une amélioration de leur environnement des affaires. La croissance dans ces pays atteint un niveau confortable. La Bulgarie (A4) confirme sa reprise avec une croissance modérée et la consolidation continue du secteur bancaire.
En Afrique subsaharienne, les petits pays se portent mieux que les grands. Deux pays se distinguent : le Ghana, dont la note grimpe à B, car il a réussi son test de maturité démocratique en décembre 2016 et a une bonne gestion des finances publiques, et le Kenya (reclassé en A4) qui connaît une reprise du tourisme et une augmentation des investissements publics.
V.A