La construction, le papiers-bois et la chimie en Asie émergente sont les trois seuls secteurs a avoir subi, au troisième trimestre, une dégradation de leur évaluation par Coface dans le cadre de son dernier Panorama secteurs, publiés le 17 septembre. Ces dégradations de risques sont à mettre sur le compte de la situation en Chine, dont les données dominent les indicateurs de Coface dans la zone. En cause : les surcapacités et les difficultés d’accès au crédit, notamment des PME chinoises.
Ce panorama, présenté par Yves Zlotowski, économiste en chef, et deux économistes de son équipe, Khalid Aït-Yahia et Guillaume Baqué passe en revue 14 grands secteurs d’activité* dans trois zones : Europe de l’Ouest, Amérique du nord et Asie émergente (Chine principalement).
La construction en Asie émergente, du fait de la Chine, est passée de risque moyen à risque élevé en raison des surcapacités dans l’offre de logements en Chine, matérialisées par la multiplication des « villes fantômes ». Même tableau dans la chimie, qui souffre, en Chine, de surcapacités de production dans les produits transformés de base (PVC, éthylène, chlore, etc.), plus ou moins liées au ralentissement de la construction. Enfin dans le papier-bois, passé de risque « modéré à « moyen », le nombre de défaillance de PME serait en augmentation, et une consolidation du marché est en cours.
Dans les deux autres zones géographiques, la situation se présente mieux : l’Amérique du Nord continue à bénéficier d’investissements et d’une consommation dynamiques qui bénéficient à tous les secteur, exception faite de la métallurgie, toujours dans le rouge. L’automobile est repartie aux Etats-Unis (ventes en hausse de 4,6 % à fin juillet sur un an) et la chimie y bénéficie à plein du faible coût des matières premières et de l’énergie (profitabilité en hausse de 12 %).
Enfin, l’Europe de l’Ouest commence à voir les timides signes d’une « lente reprise ». Si la métallurgie et l’automobile sont dans le rouge, avec un risque « élevé », elles bénéficient d’un reclassement après avoir été longtemps noté en risque « très élevé ». Si aucun des 14 secteurs sous revue* n’est plus dans le noir, ce retournement est toutefois fragile -la construction, par exemple, reste très surveillée par les analystes-avec des évaluations de risque « moyen » à élevé » mais aucun « modéré ».
L’embargo russe : peu d’effets sur l’agroalimentaire européen
Même l’embargo russe sur les produits alimentaires n’a pas convaincu Coface de modifier son évaluation du secteur agroalimentaire, qui reste en risque « moyen » sur l’Europe de l’Ouest.
Selon ses analystes, si les effets de l’embargo sur les producteurs et entreprises de ce secteur sont à surveiller, ils sont à relativiser compte-tenu du poids relatif de la Russie dans les exportations européennes de ces produits : même si elles ont fortement progressé en 15 ans -12,5 milliards de dollars en 2013- elles ne représentent que 7 % des exportations européennes totales de produits alimentaires.
Quand aux risques de chute des prix liées au surplus de production, il est lui aussi à relativiser, dans la mesure où la plupart des prix du secteur ont entamé leur baisse dès 2009, bien avant l’embargo. Enfin, certains produits sous embargo semblent avoir trouvé les circuits pour le contourner, via des pays non sanctionnés par Moscou comme la Serbie ou encore le Maroc.
Pour la France, l’impact global de cet embargo est également à relativisé, selon les analystes de Coface : la Russie représente à peine 2 % des exportations françaises, et cette part tombe à 1,2 % dans l’agroalimentaire. « L’effet de cet embargo est faible en Europe. Il est inflationniste en Russie et déflationniste en Europe », a conclu Khalid Aït-Yahia.
C. G.
*Construction, papier-bois, métallurgie, transports, mécanique, services, automobile, pharmacie, énergie, agroalimentaire, distribution, textile-habillement, chimie, électronique, IT.