La recrudescence au deuxième trimestre 2018 des retards de règlement supérieurs à 30 jours en Europe a alourdi la moyenne européenne pour la porter à plus de 13 jours. C’est ce que révèle l’étude* du cabinet français d’informations BtoB Altares sur les comportements de paiement des entreprises et organismes publics en Europe et en France au cours des premier et deuxième trimestre 2018, publiée le 26 septembre. Une tendance qui confirme celle également relevée en Europe de l’Est par Atradius dans une étude sur les retards de paiements.
Après être passé sous le seuil des 13 jours (12,9 jours) au premier trimestre 2018, les retards de paiement –soit tout paiement effectué au-delà du terme convenu contractuellement– des structures privées et publiques européennes (entreprises et organismes publics) ont augmenté pour atteindre 13,1 jours au deuxième trimestre 2018. Bien que le nombre de jours de retard varie selon les pays retardataires, l’étude révèle qu’en Europe moins d’un client sur deux (46,1 %) paie ses factures à l’heure.
Portugal, Italie, Irlande, Royaume-Uni, les mauvais payeurs de l’Europe
Au cours du deuxième trimestre, au Portugal, seules 16 % des entreprises et organismes publics ont réglé leurs fournisseurs ou sous-traitants à la date prévue (15,6 % au 1er trimestre). Avec 18,8 % de clients privés et publics qui ont réglé leurs factures avec au moins 30 jours de retard au deuxième trimestre, le Portugal est « le champion des grands retards », souligne l’étude. La moyenne européenne de 8,9 % étant largement surclassée. En moyenne, la durée des retards s’établit à 26 jours au Portugal.
En Italie, pays à la réputation de plus mauvais élève européen en matière de comportement de paiement, 14 % des structures privées et publiques règlent leurs factures fournisseurs dans un délai de 30 jours ou plus après le terme prévu. A contrario, 37,2 % des structures payent sans aucun retard, et 48,8 % avec un retard inférieur à 30 jours.
De plus, au deuxième trimestre, la moyenne des retards déjà élevée est passée à 18,5 jours contre 18,1 jours le trimestre précédent, un allongement du délai de paiement qui contribue à la dégradation de la moyenne européenne. En Irlande, autre mauvais élève, la durée moyenne des retards était légèrement inférieure (17,5 jours) au deuxième trimestre.
Au Royaume-Uni, 8 % des organisations privées et publiques réglaient au deuxième trimestre leurs fournisseurs avec des retards supérieurs à 30 jours et 60,8 % avec des retards inférieurs à 30 jours. L’étude montre également que dans ce pays les retards de paiement se sont allongés passant de 14,3 jours au premier trimestre à 14,7 jours au trimestre suivant.
Pays-Bas, Allemagne, France, les bons élèves
Les Pays-Bas et l’Allemagne continuent de truster les premières places dans le classement des comportements de paiement des entreprises et organismes publics en Europe. Dans ces deux pays, les retards de paiement demeurent très faibles, respectivement de 4,3 jours et 6,7 jours au deuxième trimestre. Dans le détail, l’étude montre que sur cette période respectivement 71,5 % et 67,6 % des structures néerlandaises et allemandes ont payé leurs fournisseurs sans aucun retard.
La France a pour sa part enregistré aux premier et deuxième trimestre de cette année un plus bas historique à 10,7 jours de retard après respectivement 10,9 jours et 11,2 jours aux quatrième et troisième trimestre 2017. Elle se classe ainsi à la troisième place en Europe derrière les Pays-Bas et l’Allemagne.
Dans le secteur privé, les artisans et commerçants, les sociétés civiles ou les associations présentent des indicateurs de paiement plutôt stables au deuxième trimestre, note l’étude.
Dans le secteur public, les comportements de paiement ont globalement eu tendance à se dégrader sur le deuxième trimestre. « Les questions budgétaires et parfois organisationnelles pèsent encore sur le traitement de la chaîne de facturation », précise Thierry Million, directeur des études Altares, cité dans l’étude. Les petites collectivités territoriales sont les plus nombreuses à respecter les échéances de règlement, pointe l’étude. Près d’une sur deux (47,4 %) payent les fournisseurs sans retard. En revanche, les collectivités comptant plus de 20 collaborateurs sont à peine plus d’une sur dix (11 %) à ne présenter aucun retard, un taux en baisse rapide (-3 %) par rapport au début d’année.
Les retards de paiement ont des répercussions négatives sur les entreprises. Ils affectent leurs liquidités et leur flux de trésorerie, compliquent leur gestion financière et donc in fine entravent leur développement. « Les exportateurs vont devoir redoubler d’attention quant à la qualité de leurs clients, non seulement sur le grand international, mais aussi en Europe. La situation politique incertaine que traverse l’Italie actuellement, ou les incertitudes commerciales liées au Brexit au Royaume-Uni font peser un risque sur les comportements de paiement et le traitement des procédures de recouvrement », conclut ainsi Thierry Millon.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
*Consultez l’étude détaillée d’Altares sur les comportements de paiement des entreprises en Europe et en France en fichier PDF joint ci-dessous.