Coface dégrade cinq États européens dans son dernier baromètre des évaluations pays pour le deuxième trimestre 2019. Quatre sont membres de l’Union européenne : Allemagne, Autriche, République tchèque et Slovaquie.
Tous sont dégradés d’un cran. Le risque d’impayés des entreprises reste, néanmoins, « faible » en Allemagne et en Autriche, où il passe de la catégorie A 1 à A 2, et « satisfaisant » en République tchèque et en Slovaquie, où il passe de A 2 à A 3.
Le cinquième pays est l’Islande, qui est confrontée au ralentissement de l’économie mondiale. Il est déclassé de A 2 à A 3. Lors d’une conférence de presse le 4 juillet, Coface a annoncé qu’il reclassait également deux pays d’Asie centrale, en C « risque élevé » pour le Kirghizstan au lieu de D « risque très élevé », et en B « risque assez élevé » pour l’Ouzbékistan au lieu de C. Ces deux républiques auraient connu une relative ouverture politique et économique qui serait favorable (libéralisation du change par exemple).
La panne de l’automobile allemande fait tâche d’huile
« En Allemagne, l’économie ne devrait augmenter que de 0,8 % cette année, après 1,5 % en 2018 », a souligné Sarah N’Sonde, responsable Analyses sectorielles de Coface. Les services et la construction y sont résilients, alors que la production automobile a subi un recul de 19 % en avril dernier.
En juin, le puissant syndicat IG Metal a appelé à la constitution d’un fonds d’aide aux fournisseurs de composants des grands constructeurs automobiles. Moteur économique du Vieux continent, l’Allemagne risque la panne de son industrie automobile, au moment où les nuages s’accumulent : plans sociaux annoncés liés à la révolution technologique, intégration des normes anti-pollution, menaces de taxation à l’entrée du marché américain.
L’Allemagne entraîne dans son sillage la République tchèque et la Slovaquie, très liées à l’automobile germanique, et l’Autriche dans une moindre mesure. D’après la base de données GTA-IHS Markit, spécialisée dans le commerce extérieur de biens, fin avril, l’automobile représentait 13 % des importations allemandes en provenance d’Autriche, soit un montant de 1,8 milliard d’euros, une proportion qui monte à 23,9 % pour la République tchèque, soit 3,9 milliards d’euros, et 32 % pour la Slovaquie, soi 1,6 milliard.
Parallèlement aux pays, Coface a effectué des évaluations des grands secteurs d’activité. Sans surprise, l’automobile est dégradée d’un cran en passant de « risque moyen » à « risque élevé » en Europe centrale et de l’Est comme en Europe de l’Ouest.
En Europe centrale et de l’Est, la Tchéquie et la Pologne sont plus particulièrement sanctionnées, en raison de leur dépendance à la demande d’Europe de l’Ouest. De « risque moyen », l’automobile y passe à « risque élevé ». Pour la Roumanie, Coface anticipe un freinage croissant des ventes, ce qui justifie que l’évaluation passe de « risque faible » à « risque moyen ».
Frein sur les ventes de véhicules en Asie
L’inquiétude en Europe est d’autant plus perceptible que la situation n’est pas meilleure en Asie. De grands pays, comme le Japon et l’Inde, qui étaient en catégorie « risque moyen », rejoignent l’Australie, la Corée du Sud et la Chine en « risque élevé ».
Coface évoque la dette de groupes puissants, comme l’indien Tata, la réduction des ventes véhicules de tourisme de l’Inde et des exportations japonaises de voitures particulières en Amérique du Nord. Surtout ces deux grandes nations asiatiques craignent que l’Administration Trump mette à exécution sa menace d’imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations de composants automobiles étrangers.
« La Chine subissant les assauts de la Maison Blanche est aussi confrontée aux défis de son industrie automobile, qui doit en même temps s’adapter aux normes environnementales et constate que les ménages chinois sont déjà bien équipés », confiait, avant la conférence de presse, Julien Marcilly, économiste en chef de l’assureur-crédit.
Bras de fer Chine-États-Unis : un impact encore modéré sur le commerce
D’après Coface, « le secteur automobile résume à lui seul les vulnérabilités actuelles de l’économie mondiale », laquelle est pénalisée à la fois par le ralentissement économique et le protectionnisme commercial. La croissance du produit intérieur brut (PIB) aux États-Unis ne serait plus que de 2,5 % cette année et 1,3 % en 2020, après 2,9 % en 2018.
Dans ce pays et en Chine, l’impact de la guerre commerciale pour la population comme le secteur privé n’est pas encore significatif, même si les exportations chinoises vers les États-Unis on reculé de 10 % pendant les quatre premiers mois de l’année.
Une légère reprise du commerce international est probable au deuxième trimestre, sans pour autant effacer complètement le repli constaté depuis le début de l’année. Globalement sur l’année, les échanges mondiaux devraient subir une contraction en volume de 0,7 %, prévoit Coface. Leur recul serait, toutefois, inférieur aux pertes en matière de PIB.
Hausse générale des défaillances d’entreprises
En l’occurrence, la croissance économique devrait faiblir, avec + 2,7 % en 2019, contre + 3,1 % l’an dernier. Dans ce contexte, d’après les estimations, les défaillances d’entreprises dans une majorité de pays devraient augmenter. Seules exceptions notables, le Brésil (- 16 % sur un an), la Corée du Sud (- 14 %) et les États-Unis (- 2 %).
En revanche, des hausses sont à attendre au Danemark (+ 22 %) ou encore en Pologne (+ 9 %), en Roumanie (+ 6 %), en Islande et en Slovaquie (+ 5 %), en Tchéquie (+ 4 %), en France et en Russie (+ 2 %), en Allemagne (+ 1 %). Au Japon et au Canada, où les défaillances avaient légèrement diminué en 2018, le niveau serait stable.
François Pargny