L’ensemble des huit départements de Rhône-Alpes participent aux performances exportatrices de la région. À des niveaux divers toutefois.
Selon une étude livrée fin 2009 par le Conseil régional sur la mondialisation, l’Ain, l’Isère et le Rhône pèsent 66 % de ces flux et le seul département du Rhône se taillant la part du lion.
Selon cette étude, les pays de l’Union européenne représentent 61 % des exportations régionales, la Chine ne venant qu’en neuvième position. Toutefois, si on se réfère aux chiffres les plus récents du troisième trimestre 2010, la grande exportation est en train de partir en flèche : les ventes vers le Brésil étaient en hausse de 66 % sur un an, de 117 % vers la Corée du Sud et de 69 % vers l’Inde.
Composants électriques et électroniques, équipements mécaniques, chimie-caoutchouc-plastique, équipements électriques et électroniques, automobile sont quelques-uns de ces produits d’excellence rhônalpins à l’export. En toute logique, ils ont donné naissance à de nombreux pôles de compétitivité et clusters – la pharmacie avec Lyonbiopôle, les composants électroniques avec Minalogic à Grenoble, la chimie avec Axelera… – qui dopent les exportations régionales. Mieux organisées autour de ces pôles et clusters, qui renforcent jeu collectif et synergies, les entreprises se trouvent aussi mieux épaulées pour aller à l’international.
Dopées par les pôles et clusters
Plusieurs exemples illustrent ce phénomène. Ainsi, dans l’industrie du décolletage (usinage de pièces mécaniques de haute précision), une spécialité de la vallée de l’Arve, en Haute-Savoie, qui concentre 70 % des 600 entreprises françaises du secteur. Cette industrie pèse 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 14 000 emplois. En février, le syndicat professionnel et le pôle de compétitivité Arve Industries ont organisé les premières Assises du décolletage français. Objectif : conquérir un leadership mondial. Ces premières assises ont abouti à la création de deux fonds de capital investissement (en particulier grâce au Crédit agricole de Savoie) qui vont renforcer ce tissu industriel. « Il s’agit de permettre l’émergence d’entreprises de taille plus importante aptes à conquérir les marchés internationaux », explique-t-on au Crédit agricole. Autre exemple, l’aéronautique et l’espace. Avec le cluster Aerospace, c’est l’ensemble de cette filière régionale (500 entreprises sous-traitantes, 16 000 personnes, 1,5 milliard de CA) qui peut s’appuyer sur des actions collectives à l’international. Parmi les dernières en date, les rencontres d’affaires avec des donneurs d’ordres en Pologne et République tchèque qui se sont déroulées en octobre 2010. Et ce cluster aura un stand au Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget, qui aura lieu du 20 au 26 juin 2011.
Quant au pôle de compétitivité Lyonbiopôle, il s’est doté en 2009 d’un centre d’infectiologie, une plateforme unique en Europe avec des équipements rares, tels trois laboratoires de haute sécurité (P3) et un mode de fonctionnement mutualisé, ce qui réduit d’autant les coûts. Le centre abrite des équipes de chercheurs qui sont à l’aube de proposer de nouveaux médicaments contre les maladies infectieuses et virales.
Parmi les derniers arrivés, IMAccess, filiale à 100 % de l’Institut Mérieux, planche sur de nouveaux produits à forts développements internationaux : des tests fiables, rapides et faciles d’usage – puisque mis en œuvre « au pied du patient », dans les endroits les plus reculés – pour dépister ces maladies qui dévastent les pays en voie de développement : paludisme, dengue, méningite, etc. « Les premiers tests sur le paludisme devraient sortir en 2012 », se réjouit Emmanuel de Guilbert, à la tête d’IMAccess. Ces nouveaux produits, qui intéressent les organismes internationaux de santé, les ONG, les gouvernements des pays concernés, ne devraient pas manquer de débouchés à l’export.
Laurence Jaillard