Deuxième région française en termes d’attractivité des investissements étrangers, Rhône-Alpes abrite un grand nombre de sociétés étrangères. Là encore, les acteurs jouent collectif pour se faire connaître et attirer les entreprises.
C’est tout simplement le plus gros investissement direct étranger de France : le 19 novembre 2010 était inauguré à Montélimar, dans la Drôme, une plateforme logistique de 36 000 m2 voulue par Amazon pour servir le sud de la France et, au delà, l’Europe du Sud. Marc Onetto, senior vice-président en charge des opérations monde de ce poids lourd américain du commerce en ligne, avait fait le déplacement. Quelque 300 personnes travaillent depuis dans cette implantation pour laquelle Rhône-Alpes a dû batailler car de nombreuses places européennes, dont la Défense, à Paris, étaient en lice. « Emplacement géographique, bassin d’emploi, immobilier existant », Aymeric de Mollerat, directeur d’Erai Invest, énumère les atouts de Montélimar dans cette âpre compétition.
Son équipe de 7 personnes appartenant à Erai fait la chasse aux entreprises à capitaux étrangers. Elle intervient en amont en prospectant et en établissant le cahier des charges, mais s’appuie beaucoup sur les huit agences de développement économique présentes dans les départements rhônalpins qui jouent leur partition – Sesame dans le cas d’Amazon. En matière d’attractivité des investissements étrangers, Rhône-Alpes se place en deuxième position derrière l’Ile-de-France. Elle a totalisé 90 projets en 2009. Et ce chiffre est en augmentation pour 2010. La diversité et le nombre des pôles de compétitivité et clusters sont des arguments forts pour faire briller l’image de la région auprès de ces investisseurs. « Ils ont un effet de fléchage, désignant les secteurs porteurs », souligne Aymeric de Mollerat.
En toute logique, les nouvelles « prises » s’inscrivent souvent dans la lignée de ces pôles et clusters. Minalogic et son fort potentiel de recherche dédié aux microtechniques a attiré à Crolles (38) l’américain Mentor Graphics, numéro trois mondial des outils d’automatisation de la conception électronique. Déjà doté d’un centre de R&D en région grenobloise, l’américain a créé 21 emplois pour participer au programme de recherche Nano 2012.
L’Aderly, l’agence du Grand Lyon qui cible sa chasse internationale en s’appuyant sur les pôles Lyonbiopôle et Axelera, annonce : « Nous avons réalisé, en 2010, 66 implantations d’entreprises dont plus de 60 % sont à capitaux étrangers. Près de la moitié concernent les sciences de la vie et les éco-technologies. » Le pôle Lyon Urban Trucks and Bus a convaincu le canadien Westport Innovations, spécialisé dans les solutions de transport avec gaz et carburants à faible émission de C02, d’installer son siège Europe à Lyon.
Dans la Loire, grâce aux efforts conjugués du pôle Viameca et de l’agence Adel 42, l’entreprise Dinatec (38 personnes) a passé un accord de partenariat avec Orii&Mec, société japonaise (276 personnes) spécialisée dans les machines de déroulage et de planage de tôle. Dinatec va adapter une des machines du japonais aux normes européennes, s’impliquer dans les ventes en Europe. Une filiale franco-japonaise devrait bientôt voir le jour.
Laurence Jaillard
Expatriés
Une population dynamique issue de 47 nationalités Rhône-Alpes abrite plus de 3 300 sociétés à capitaux étrangers, dont 360 pour le Grand Lyon. Les universités forment de nombreux étudiants étrangers, autant dire que les profils internationaux se multiplient. On totalise 47 nationalités et, pour faciliter l’installation de ces dizaines de milliers d’expatriés sur le territoire rhônalpin l’association « Lyon à la carte expats » a été créée en 2008. Elle a été soutenue dès le départ par de grands acteurs internationaux tels que Sanofi Pasteur, Interpol, l’OMS, KPMG, l’EM Lyon mais aussi la Région Rhône-Alpes et l’association OnlyLyon. Créer du lien, réseauter, faire connaître les séductions de Rhône-Alpes, les opportunités de business, de formation pour les enfants… cette association joue un rôle dans l’ancrage à long terme de ces forces vives internationales. Elle s’exprime à travers un site, un blog et un salon dont la troisième édition s’est tenue en septembre 2010. « Nous revendiquons avant tout un état d’esprit, une dynamique : faire de Rhône-Alpes une puissante place économique européenne. »
Amazon séduit par Montélimar
« Chez Amazon, nous sommes ravis que Montélimar accueille notre tout dernier centre de distribution en Europe. Grâce à son excellente situation géographique et à son solide bassin d’emploi local, Montélimar est le lieu idéal pour ce site et nous allons pouvoir mieux servir nos clients dans la région », déclarait en juin 2010 Allan Lyall, vice-président des opérations européennes d’Amazon. Comment Montélimar et, plus précisément, la zone d’activités Les Portes de Provence sont-ils parvenus à accrocher ce géant américain de l’e-commerce hautement convoité ? Il accueille une plateforme gigantesque puisqu’elle représente la taille de 5 terrains de football et emploie déjà 300 personnes. Les 500 sont visés d’ici à trois ans. On comprend par ailleurs à demi-mot que cette plateforme sera amenée à grandir.
La situation géographique y est pour beaucoup. « Ce sont des logisticiens, ils cernent une zone géographique et cherchent à l’intérieur », décode Aymeric de Mollerat, à la tête d’Erai-Invest. Montélimar est en effet bien placé pour servir l’Europe du Sud : la ville est située au carrefour de la route des Alpes et de la vallée du Rhône et à la limite de l’Europe méridionale. Elle se situe aussi dans un territoire irrigué par un large réseau autoroutier et ferroviaire. Le réseau Internet très haut débit s’est évidemment révélé un atout puissant. En termes d’emploi, les besoins d’Amazon, qui a lancé un recrutement via le Pôle Emploi de Montélimar, sont spécifiques. En effet vendant livres, DVD, produits électroniques, jouets, chaussures, bijoux… Amazon connaît un fort pic d’activité au moment des fêtes de Noël et du jour de l’an. Elle recherchait donc un bassin d’emploi pouvant lui fournir cette main-d’œuvre supplémentaire saisonnière. Or, on trouve dans la région de Montélimar, terre vinicole, un personnel saisonnier dont la temporalité se trouve complémentaire de celle attendue par Amazon : employé dans les vignes à la belle saison, il est en quête d’emploi à la période hivernale.
Et, pour finir, ce gigantesque entrepôt était disponible. « Nous avons apporté à l’investisseur des solutions concrètes à chaque étape du projet. Tout en coopérant étroitement avec l’Agence française des investissements internationaux (Afii) et nos partenaires locaux, le conseil général de la Drôme et la ville de Montélimar », se souvient Aymeric de Mollerat. C’est un des points forts de la région, ce pack serré d’acteurs économiques et territoriaux qui joue collectif pour défendre sa candidature et « accrocher » les investisseurs étrangers.