Lors de sa première conférence de
presse à Paris, le 11 juin, comme commissaire du Salon international de
l’alimentation de Cologne (Anuga), l’Allemand Lorenz Alexander Rau soulignait
que le commerce équitable, à partir de l’édition de 2013 (5-9 octobre), serait
mis en valeur, au même titre que les autres grandes tendances du commerce
alimentaire dans le monde. Et d’expliquer que la demande croît régulièrement
pour les produits gourmets et spécialités régionales, les produits halal, bio,
végétariens, les aliments santé et fonctionnels, les produits cascher ou encore
les marques de distributeurs et les ingrédients ».
L’Allemagne, qui est le pays le
plus peuplé de l’Union européenne (UE), avec 82 millions d’habitants, est
profondément marquée par ces évolutions. Il s’agit « du premier marché de
l’UE, le deuxième au monde pour les importations, avec 44 milliards d’euros en
2012 », rappelle Olivier Kölsch (notre photo), le directeur de la
Fédération nationale de l’industrie agroalimentaire allemande (BVE), selon
lequel « les consommateurs se voient ainsi proposer plus de 170 000
produits différents en tout dans les supermarchés et autres commerces
d’alimentation ».
Commerce équitable et bio progressent
Ainsi, d’après la Fédération
allemande des détaillants de produits alimentaires (BVLH) – cofondatrice du
forum sur le cacao durable – le chiffre d’affaires outre-Rhin du commerce
équitable a progressé de 18 % à 400 millions d’euros en 2011. Autre tendance,
les ventes de bio ont progressé de 6 % à 7 milliards d’euros en 2012. Encore une
illustration : la
santé. Dans un pays où 30 % de la population afficheront plus
de 60 ans en 2050, les aliments fonctionnels, le bien être et la praticité des
produits sont sollicités. Comme dans l’ensemble de l’UE, l’Allemagne est
touchée par l’émergence de l’obésité. Près de 60 % des hommes et 40 % des
femmes accusent déjà un surpoids.
« En Allemagne, les
changements démographiques et structurels de la société influent sur le
comportement de la consommation alimentaire », affirme Olivier Kölsch. La
progression de la consommation hors domicile est une ces évolutions majeures,
mais c’est encore plus la demande croissante pour des produits premium (haut de
gamme) qui marque le directeur de la BVE. « Si les Allemands ne consacrent
que 11,5 % de leurs revenus disponibles à l’achat de produits alimentaires et
de boissons sans alcool – contre 14,2 % en
Europe-, c’est que « le niveau de revenu est élevé » et que celui des
prix de l’alimentation « est modéré », nuance-t-il.
Pour autant, poursuit Olivier
Kölsch, aujourd’hui, « les consommateurs sont plus enclins à dépenser
davantage d’argent pour se procurer des denrées de grande qualité », le
goût, lié à la notion de plaisir, devenant alors le premier critère d’achat,
devant la confiance dans le produit et son fabricant, la transparence et le
développement durable. Cette évolution explique, en particulier, l’émergence du
bio, du commerce équitable et des produits de terroir ou spécialités
régionales.
Un quart des marques de distributeurs dans le haut de gamme
Du coup, au paradis du hard
discount, les marques de distributeurs (MDD) ne sont plus que des
« premiers prix ». Alors que la part globale des MDD dans les ventes
serait passée de 40 à 45 % depuis 2005, aujourd’hui « environ un quart de
l’ensemble des marques de distributeurs correspond à une offre du haut de
gamme », selon Michael Gerling, directeur de la BVL.
Cette recherche de la qualité est
planétaire, ce qui amène d’autant la profession à s’adapter que l’Allemagne
figure dans le trio de tête des exportateurs mondiaux. « Pour son lait,
ses produits laitiers ou sa viande, notre industrie cherche des débouchés dans
les pays à plus forte croissance économique, comme les Etats-Unis et la Chine,
parce que l’Union européenne est en difficulté économique », précise
Olivier Kölsch.
Pour autant, la France constitue
le deuxième partenaire commercial de l’Allemagne, selon ce responsable. Elle
lui a ainsi acheté pour 4,8 milliards d’euros en 2012 (+ 1,4 %) et exporté pour
4,4 milliards d’exportations (- 5,4 %). Viande, produits à base de viande et
produits de boulangerie figurent parmi les principales livraisons de
l’Allemagne dans l’Hexagone, alors qu’en retour la France vend surtout des
oléagineux, des vins et des fromages.
François Pargny