Dix ans et on bande (passante) toujours. » L’inscription imprimée sur les tee-shirts conçus pour fêter l’anniversaire d’OVH parle d’elle-même : faire les choses sérieusement n’implique pas forcément de se prendre au sérieux ! Avec son air d’éternel adolescent, Octave Klaba, 36 ans, est à l’image de son entreprise. Derrière ses petites lunettes rondes, le prodige du clavier affiche toujours un air décontracté, même lorsqu’il a passé une nuit blanche à configurer un serveur récalcitrant… Quitte à se défouler ensuite à la batterie ou à la guitare électrique pour évacuer le stress !
Son histoire familiale tient du conte de fées. C’est en 1990 que ses parents arrivent dans le Nord. Ou plutôt reviennent, car le grand-père paternel était mineur près de Béthune. En effet, en 1947, la famille passe des vacances dans son pays d’origine, la Pologne, où elle se trouve bloquée. Impossible de rentrer en France. Ils ne pourront quitter le pays qu’après l’éclatement du bloc soviétique et la chute du mur de Berlin.
À son arrivée en France, Octave a 16 ans et ne parle pas un mot de français. Mais il se révèle rapidement être un caïd de l’informatique et intègre une école d’ingénieurs de Lille (ICAM). Fraîchement diplômé, il s’ennuie chez Alcatel et démissionne au bout de six semaines pour fonder OVH. Et reprendre de façon plus structurée une activité d’hébergement de sites Internet débutée en dilettante durant ses années d’études. En 1999, il installe ses premiers serveurs, obtient en 2002 l’accréditation de l’Icann (l’organisme international qui gère les noms de domaine en .com, .org et .net.), et appelle en renfort son père et son frère en 2003. OVH décolle. Le credo du jeune directeur ? L’innovation en matière de produits et de services, grâce à une ébullition permanente. « Je passe la moitié de mon temps à l’écoute des clients », insiste-t-il.
Chaque newsletter regorge de nouvelles idées, qui sont développées dès lors qu’elles suscitent l’intérêt des clients. Une attention qui n’empêche pas Octave d’être aussi à l’écoute du monde. À l’annonce de l’incendie du Secours populaire de Roubaix, le jeune entrepreneur a indiqué qu’il versait à l’association l’équivalent du chiffre d’affaires d’OVH du lendemain. Et enjoint au passage ses clients à s’associer à cette démarche en renouvelant leurs abonnements ou services ce jour-là.
Thierry Butzbach