La DGIS soutient les pôles de compétitivité dans leur effort d’internationalisation, notamment par le biais d’Ubifrance. Et les partenariats technologiques internationaux sont fortement encouragés.
Le ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi a confié la politique des pôles de compétitivité à la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS). Cette instance, relativement récente, résulte de la fusion, en janvier 2009, de la Direction générale des entreprises (DGE) – jusqu’alors chargée de la politique des pôles de compétitivité –, de la Direction du tourisme (DT) et de la Direction du commerce, de l’artisanat, des services et des professions libérales (DCASPL).
La DGCIS a conclu une convention avec Ubifrance. Objectif affiché : renforcer le développement international des pôles de compétitivité et des entreprises adhérentes (voir article « Agences opérationnelles » plus loin). Depuis, l’agence organise, en accord avec la DGCIS, des missions à l’étranger. Même si les montants engagés chaque année par cette direction auprès de l’agence publique sont modestes (moins de 1 million d’euros), le ministre de l’Industrie et de l’énergie, Eric Besson, aimerait, semble-t-il, obtenir une évaluation des résultats de ces missions. Des retombées difficiles à quantifier, car les bénéficiaires ne font pas forcément étalage des fruits récoltés. Et les contacts établis pendant les missions ne se concrétisent généralement que quelques mois, voire quelques années après.
« De 2007 à fin 2010, nous avons identifié à 150 partenariats technologiques, impliquant au moins une entreprise adhérant à un pôle », précise Pascal Rogard, sous-directeur aux partenariats européens et internationaux à la DGCIS. S’y sont ajoutés 50 partenariats technologiques, concernant des coopérations interpôles.
S’agissant de l’accompagnement réalisé par Ubifrance, celle-ci a piloté la première année, en 2009, 250 PME dans 17 missions à l’étranger. En 2010, ces chiffres étaient passés à 300 PME et 25 opérations. « Et nous espérons cette année clôturer avec 32 opérations impliquant 400 sociétés, ce qui représenterait 10 % des PME membres des pôles français », souligne Pascal Rogard.
La grande majorité des missions d’Ubifrance ont été menées en Allemagne, aux États-Unis, au Japon, un peu en Italie et dans quelques pays émergents, comme le Brésil et la Chine. Parmi les actions prévues en 2011 figurent des opérations dans les biotechnologies et la santé aux États-Unis. Cette année, le pôle de compétitivité mondial Lyonbiopôle (voir encadré page précédente), spécialisé dans la lutte contre les maladies infectieuses et le cancer, participe à quatre opérations, pilotées par Ubifrance, aux États-Unis. « Dans notre domaine, les plus grands congrès scientifiques se déroulent outre-Atlantique. Nous allons donc en profiter pour organiser trois journées B-to-B thématiques dans l’oncologie, les maladies infectieuses et les neurosciences », explique Isabelle Scarabin, directeur des affaires économiques et internationales de Lyonbiopôle. La quatrième opération est un séminaire sur l’offre française, organisé à l’occasion du Salon international des biotechnologies Bio (27-30 juin, Washington).
Systematic, pôle de compétitivité mondial spécialisé dans les technologies de l’information et des communications (TIC), participe aussi à des missions d’Ubifrance en Amérique du Nord. Le pôle francilien dispose d’un bureau permanent à Boston, qui offre un accueil à ses membres (utilisation de salles, bureaux…) et une relation privilégiée avec l’Institut technologique du Massachusetts (MIT). « Comme le marché américain est très ouvert aux technologies de pointe, les PME membres de notre pôle, éditeurs de logiciels ou de solutions à base de logiciels, ont déjà réalisé 1 million de dollars de chiffre d’affaires », se félicite Sylvain Dorschner, délégué général de Systematic.
En matière d’innovation, les États-Unis constituent souvent la référence. C’est ainsi que, pour atteindre une taille critique comparable à celle des clusters américains dans le monde, Lyonbiopôle et deux pôles français complémentaires, Cancer-Bio-Santé (Toulouse) et Alsace Bio Valley (chimie, technologies médicales…), ont noué une alliance. Dans le cadre du Programme de partenariat technologique international (PPTI) lancé par la DGCIS, les trois partenaires ont fondé un super-pôle, appelé Life Science Corridor, pour accompagner les PME à l’international et engager des collaborations technologiques autour de projets de R & D. C’est ainsi que 27 sociétés de Lyonbiopôle ont conclu huit accords de partenariat international et trois autres dans le cadre de projets européens.
François Pargny
Lyonbiopôle étoffe son offre technologique
Pôle de compétitivité mondial spécialisé dans les maladies infectieuses et le cancer, Lyonbiopôle a été fondé en 2005. En cinq ans, le nombre d’entreprises adhérentes y est passé de cinq à une centaine, dont 80 PME. « Dès la constitution du dossier de création du pôle, nous avions prévu la construction d’un centre d’infectiologie », relate Isabelle Scarabin, directeur des Affaires économiques et internationales de Lyonbiopôle. Ce centre, combinant laboratoires et équipements divers, a été ouvert, le 1er avril 2009, sur une zone de 1 920 m2 à Gerland.
C’est sur le même site qu’est prévu AcCinov, une plate-forme de 6 000 m2, offrant des plateaux techniques à des start-up et des PME dans la bio-analyse et la bio-production. Un investissement de 18 millions d’euros est prévu dans l’immobilier et le matériel. L’immeuble doit être ouvert en juin 2013. Enfin, conjointement avec l’Institut Pasteur à Paris, Lyonbiopôle assure la maîtrise d’œuvre d’un troisième outil, l’Institut de recherche technologique (IRT) LyonBiotTech, qui occupera une superficie de 30 000 à 40 000 m2 à proximité du Centre d’infectiologie et de la plate-forme d’innovation AcCinov. Le coût du projet, qui sera réparti équitablement entre les secteurs public et privé, est estimé à 700 millions d’euros. « L’objectif est de renforcer notre industrie de la santé et de développer l’économie », précise Isabelle Scarabin. En l’occurrence, il s’agit de réunir près de 1 000 chercheurs d’ici à 10 ans pour atteindre la taille critique, de favoriser l’émergence d’ETI et de créer 3 500 emplois au total. Pendant les trois premières années, 60 projets de R&D devraient être lancés. Le secteur privé y investirait quelque 165 millions d’euros.
F. P.
Témoignage : Yves Eray, fondateur de New Rfid Concept
Yves Eray, 37 ans, est le fondateur de New Rfid Concept, un fabricant d’antennes utilisant l’identification par radiofréquence, ou RFID (Radio Frequency Identification), et la technologie NFC (Near Field Communication). Ses antennes de taille réduite offrent une économie de coût et une efficacité accrue et sont employées dans de nombreux secteurs : transport, banque, identification, etc. En septembre 2010, soit deux ans après la création de l’entreprise bretonne (Rennes), le géant Samsung a intégré dans son téléphone mobile S5230 l’antenne NFC de la PME, « la première à pouvoir être intégrée n’importe où dans le mobile » tout « en garantissant de très bonnes performances radio en conformité avec la norme ISO14443 », précise un communiqué de presse, diffusé à l’époque.
Dès le départ, New Rfid Concept a adhéré au pôle de compétitivité Transactions électroniques sécurisées (TES), basé à Caen. Un choix judicieux au regard de l’environnement professionnel avec, notamment, la présence dans la même zone de NXP, le premier producteur mondial de puces, et, depuis un an, d’un laboratoire d’essais de la technologie NFC.
« New rFid Concept est arrivé au bon moment », explique son fondateur. Les premiers téléphones mobiles équipés d’antennes NFC datent, en effet, de 2010. « Avec TES, j’ai obtenu un bon support de communication et la possibilité de me constituer un réseau, de participer à des projets régionaux, nationaux et à des missions à l’étranger », relate Yves Eray. Comme membre du pôle de compétitivité, la PME de deux salariés vient de participer au World Mobile Congress à Barcelone, dans le cadre d’une mission subventionnée par Ubifrance. Cette année encore, elle va exposer, dans le cadre d’une mission organisée directement par TES, au salon mondial dédié à la technologie NFC, Wima, à Monaco, du 19 au 21 avril. Sur un chiffre d’affaires de 400 000 euros fin 2010, 70 % ont été réalisés à l’international (États-Unis, Asie, Allemagne, Italie…).
New RFID Concept développe aussi une politique de protection de son savoir-faire. « C’est ce qui va nous coûter le plus cher dans le futur, plus cher encore que notre politique de confidentialité qui oblige la société à s’entourer d’avocats », fait observer Yves Eray. Après avoir fait breveter ses antennes dans trois pays (France, Taïwan, Thaïlande), sa société a déposé une demande de brevet mondial pour 25 pays.
F. P.