Palmarès MOCI 2018 : Thimonnier, Meilleure stratégie d’accélération à l’international de l’année

Thimonnier conçoit et fabrique des machines d’emballages de produits liquides en sachets souples destinés aux secteurs agroalimentaire et médical et à la filière chimie-cosmétique. Pionnière sur le marché des machines d’emballage en sachets flexibles, souples et en coques rigides, l’entreprise réalise 80 % de son chiffre d’affaires au grand export (hors Europe). Pour identifier les axes prioritaires de croissance, la PME, à l’initiative de sa présidente Sylvie Guinard, a participé au premier programme accélérateur de PME Auvergne-Rhône-Alpes lancé à l’automne 2017 par la Région et Bpifrance.

Photo : Christophe Bellanger, directeur régional Ile-de-France de Business France, a remis le 23 novembre à Paris lors de la dixième cérémonie du Palmarès des PME & ETI leaders à l’international le prix Meilleure stratégie d’accélération à l’international de l’année du Moci à Sylvie Guinard, présidente de Thimonnier.

L’entreprise Thimonnier, installée au nord de Lyon à Saint-Germain-au-Mont-d’Or, a intégré en octobre 2017 l’accélérateur de PME Auvergne-Rhône-Alpes pour booster son développement. « Nous avions déjà des idées de développement, mais intégrer ce programme d’accélérateur nous a permis de réfléchir à la stratégie », explique Sylvie Guinard, présidente de l’entreprise fondée en 1870 par son grand-père Louis Doyen. Sylvie Guinard a rejoint l’entreprise familiale depuis cinq générations en 2002. Elle y a occupé successivement les postes de chef de projets, directrice technique, directrice générale adjointe et financière avant d’en être nommée P-dg en 2009. À la tête d’une PME familiale réalisant un chiffre d’affaires de 14,6 millions d’euros, Sylvie Guinard a intégré le programme d’accompagnement sur 24 mois de Bpifrance pour clarifier sa vision quant à la stratégie d’accélération à court et moyen terme à mettre en place pour structurer son entreprise à fort potentiel de croissance.

Identifier des leviers de croissance
La première promotion de l’accélérateur Auvergne-Rhône-Alpes est composée de 15 PME de croissance, hétérogènes dans leur marché, mais ayant la capacité de s’enrichir mutuellement à travers, par exemple, le partage d’expérience.

En début de parcours, chaque entreprise doit se soumettre à un diagnostic individuel « à 360° ». Celui-ci est réalisé par un consultant partenaire proposé par Bpifrance pour identifier les enjeux de croissance. Sur les 75 collaborateurs de Thimonnier, 15 personnes ont été mobilisées pendant la phase de diagnostic amorcée en décembre 2017. Un véritable travail d’équipe pour la société familiale. Le diagnostic initial a pour objectif d’identifier les axes prioritaires de croissance et les points où l’entreprise affiche des faiblesses en passant au crible son fonctionnement interne (organisation RH, développement commercial, croissance externe…). Le diagnostic, estime Sylvie Guinard, pousse les chefs d’entreprise à se poser les bonnes questions : « Quelle est la maturité de l’entreprise ? », « Où en est-on ? », « Où est-ce que je veux emmener l’entreprise ? ».

Le diagnostic a été restitué à Thimonnier en janvier dernier. « Il nous a permis d’identifier les leviers de croissance pour aller plus vite », confie la chef d’entreprise. Avancer encore plus vite et afficher une croissance à deux chiffres, tel est l’objectif que se fixe pour l’avenir cette PME très fortement exportatrice. En effet, grâce à son savoir-faire unique dans les technologies de soudure et de remplissage des liquides et pâteux, l’entreprise tricolore réalise 85 % de son chiffre d’affaires à l’international. À partir des conclusions du diagnostic, Sylvie Guinard et ses équipes de collaborateurs ont choisi les axes qu’ils souhaitaient travailler en priorité. Ils sont au nombre de deux : la stratégie et la gouvernance/organisation/RH.

Définir une nouvelle stratégie pour accélérer encore plus vite
Dans le cadre du programme Accélérateur, Thimonnier a suivi un module complémentaire sur la « stratégie » pour clarifier la vision de l’entreprise. Concrètement, il s’agit pour l’entreprise de définir un plan stratégique et sa déclinaison opérationnelle. Le programme d’accélération a aidé le leader mondial de la conception et fabrication de machines de conditionnement en sachets flexibles à mettre en place un plan stratégique pour se développer en poursuivant ses efforts sur l’innovation et l’international. Pour offrir à ses clients partout dans le monde des réponses hautement technologiques sur-mesure, l’entreprise sous la houlette de sa présidente s’est appuyée sur deux piliers : l’innovation et l’export.

Historiquement, Thimonnier a commercialisé jusqu’au XXe siècle des machines à coudre avant de prendre un virage technologique vers les machines à fermer les plastiques par soudure. En 1962, Louis Doyen, fils de Barthélémy Thimonnier, l’inventeur de la machine à coudre, invente l’emballage flexible Doypack®, nom formé par la contraction de « Doyen » et de « Packaging ». Un sachet souple qui tient debout et peut contenir des produits liquides. Révolutionnaire. Les machines de conditionnement Thimonnier produisent 200 milliards de poches par an pour l’industrie agroalimentaire (sucre, lait, olives, etc.), le milieu médical (poches de transfusion sanguine) ou encore les fabricants de lessive (berlingots de détergents liquides).

Son bureau d’études est composé de 15 ingénieurs et techniciens. Pour continuer à innover et donc rester un leader mondial dans son domaine, Thimonnier réinvestit chaque année, depuis trois ans, un peu plus de 20 % de son chiffre d’affaires dans la R&D. Une stratégie payante. Expert reconnu dans les technologies de soudure et de remplissage des liquides, Thimonnier a conquis le monde avec ses machines spéciales d’emballages souples que la société familiale commercialise dans plus de 200 pays. La durée de vie moyenne de ses machines ultra-résistantes étant de 40 ans, d’une année sur l’autre, l’entreprise ne commercialise pas ses machines dans les mêmes pays.

Entre 2016 et 2017, son chiffre d’affaires à l’international a progressé de 30 %. « C’est certain, affirme Sylvie Guinard, nous avons eu une augmentation incontestable ». Cependant, nuance-t-elle, « nous avons vendu plus de machines en France en 2016, ce qui explique cette accélération sur un an ». Cette croissance enregistrée à l’export a notamment été tirée par l’Indonésie et l’Inde. En Indonésie, un des leaders mondiaux de la production d’huile de palme, Thimonnier expédie des machines pour le conditionnement d’huile de palme alimentaire en Doypack®.

L’Inde, un marché porteur
En 2017, l’Inde a représenté 19 % du chiffre d’affaires, totalisant 2,8 millions d’euros contre 700 000 euros en 2016. « L’Inde, c’est un vrai axe de développement stratégique pour nous dans le futur », assure la dirigeante. « Ce pays a un potentiel immense », renchérit Sylvie Guinard. La chaîne du froid est inexistante en Inde, les foyers indiens ne disposant pas de réfrigérateur. L’emballage du lait aseptique dans des briques aseptisées pour conserver le lait à température ambiante hors chaîne du froid est donc essentiel. Le marché du lait en brique aseptisée est en plein essor en Inde. Les machines de conditionnement de Thimonnier produisent des emballages pour l’industrie laitière qui permettent de s’affranchir de la chaîne du froid. L’entreprise est donc portée par la croissance des marchés de conditionnement en Inde, en Amérique latine et en Afrique.

Pour décrocher de nouvelles commandes dans ces marchés à fort potentiel, la PME envisage d’abord de peaufiner sa stratégie. « Nous allons d’abord absorber la partie ‘stratégie’ de la première partie du programme », confie la présidente de Thimonnier. La PME rhônalpine, qui compte 80 salariés aujourd’hui, suivra en début d’année prochaine le module complémentaire consacré à la gouvernance et l’organisation/RH. Ce module doit notamment l’aider à définir les rôles et les responsabilités de ses collaborateurs, mais aussi à réfléchir, pourquoi pas, à une nouvelle organisation RH. « On aura peut-être une nouvelle configuration, passant de 80 à 100 salariés », avance Sylvie Guinard.

Venice Affre