La jeune pousse globale de l’année est une société française installée entre Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie) et San Francisco, cofondée en mars 2016 par Sam Hickmann et Omar Alaouf. Ensemble, ils lancent la première montre connectée avec des icônes pour les enfants dès l’âge de trois ans. Le produit rencontre un franc succès aux États-Unis.
Photo : Patrick Coupier, P-dg de Kompass, a remis le 23 novembre à Paris lors de la dixième cérémonie du Palmarès des PME & ETI leaders à l’international le prix Jeune pousse globale de l’année du Moci à Caroline Bolle, Product Manager chez Joy.
Tout est parti d’une campagne de crowdfunding pour lever des fonds et d’une vidéo devenue virale sur le web et les réseaux sociaux. En juin 2016, à peine créée, la start-up Joy procède à une levée de fonds sur la plateforme de financement participatif Kickstarter. L’objectif initial pour la jeune pousse était de lever les 50 000 dollars nécessaires à la fabrication des premiers prototypes de sa montre connectée. Un mois plus tard, en juillet, Joy boucle sa levée de fonds avec près de 800 000 dollars de précommandes sur Kickstarter. Un montant inespéré qui lui permet de passer à l’étape suivante : l’industrialisation de sa montre connectée baptisée ‘Octopus by Joy’. « Cette levée de fonds nous a offert une exposition médiatique », raconte Sam Hickmann, CEO et cofondateur de Joy. La vidéo de démonstration des fonctionnalités de la montre connectée fait plus de 21 millions de vues sur la toile. « Ça nous a donné de la visibilité auprès des investisseurs et des distributeurs », se réjouit Sam Hickmann. La jeune pousse se fait repérer par des acheteurs de la chaîne de magasins Target à qui elle présente son prototype.
Puis, tout s’enchaîne très vite pour la start-up qui participe en janvier 2017 au CES de Las Vegas ou Consumer Electronics Show, grand-messe mondial de l’électronique. Cette manifestation d’envergure est l’occasion pour la jeune pousse tricolore de rencontrer des acheteurs américains de chaînes de grande distribution. Sur le CES, Joy concrétise ses premières négociations avec Target qui possède pas moins de 1 500 magasins à travers les États-Unis.
Sept mois plus tard, en juillet 2017, la start-up livre les internautes qui avaient précommandé la montre sur Kickstarter ainsi que les magasins Target.
Une montre éducative connectée
Dès leur plus jeune âge, les enfants sont confrontés aux écrans : tablettes, smartphones, ordinateurs, télévision. Quotidiennement, ils sont soumis à des distractions et peuvent à force développer un déficit d’attention. Parti de ce constat, Sam Hickmann, lui-même père de deux jeunes enfants, imagine un outil ludo-éducatif pour aider les enfants à prendre de bonnes habitudes au quotidien. Expatrié avec son épouse dans la Silicon Valley, il intègre l’accélérateur de start-up HAX basé à San Francisco. « L’incubateur HAX nous a beaucoup aidé et accompagné dans la conception du produit », développe Sam Hickmann. Ce dernier a envoyé le Français en Chine, où il passe cinq mois à Shenzhen, ville de la tech par excellence, pour faire maturer l’idée du projet et mettre au point le premier prototype de sa montre.
L’Octopus Watch est la première montre entièrement basée sur des icônes qui aide les jeunes enfants, de 3 à 8 ans, à assimiler la notion du temps et à se responsabiliser. La montre encourage l’autonomie dès le plus jeune âge. Des petites icônes apparaissent sur l’écran à une heure donnée. La brosse à dents, par exemple, indique à l’enfant qu’il est l’heure d’aller se brosser les dents avant de se coucher. Les informations sont envoyées sur une application contrôlée par les parents.
La première version de l’Octopus Watch est dotée de 700 icônes pour toutes les tâches du quotidien. La nouvelle version, l’Octopus Watch 2 est enrichie et contient plus de 2 000 icônes ainsi qu’une fonction pour faire apparaître une photo à la place de l’icône. Elle est également dotée d’un tracker d’activité physique pour encourager les enfants à rester actifs.
La jeune pousse n’avait pas anticipé les possibilités de sa montre pour les enfants avec des besoins spécifiques comme les enfants diabétiques, sourd ou autiste. 20 % des enfants utilisateurs de l’Octopus Watch sont des enfants avec des besoins particuliers.
Les États-Unis, un marché porteur et un tremplin vers l’international
Dès le début de l’aventure, Joy a envisagé son développement à l’international. « On a décidé de se lancer immédiatement aux États-Unis car on savait que le marché pour ce produit était davantage sur le marché américain qu’en France », relate Sam Hickmann. En 2017, la jeune pousse a généré un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros essentiellement sur le marché américain. « Cette année, nous allons doubler et atteindre 5 millions d’euros », dévoile le dirigeant. Joy réalise 98 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis et 2 % en France (dans les magasins Oxybul). Cette année, aux États-Unis, la start-up a lancé son Octopus Watch sur le site de vente en ligne Amazon et dans les chaînes de magasins Best Buy, spécialisés dans la vente de matériel électronique grand public, ainsi que dans de grands magasins Nordstrom. La start-up prévoit aussi d’investir le marché hexagonal. En fin d’année, pour la période des fêtes, la version 2 de sa montre sera référencée dans le réseau Boulanger.
Actuellement, Joy est en discussions avec le laboratoire pharmaceutique américain Pfizer qui lui a déjà passé commande de 1 000 montres Octopus pour les tester en Amérique latine sur des enfants hémophiles et soignés avec des traitements d’hormones de croissance. « La montre rappelle aux enfants de faire leur piqûre », explique Sam Hickmann. Pfizer envisage un déploiement des montres connectées en Amérique latine et en Afrique. Mais la jeune pousse française ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle a l’ambition de poursuivre son internationalisation. « On cible l’Australie et le Royaume-Uni », révèle Sam Hickmann.
Venice Affre