Visiblement, à la société de foires de Düsseldorf (Messe Düsseldorf), on est plutôt rassuré. Malgré un contexte économique toujours difficile en Europe et une météo moins clémente en Chine, ses quatre grands salons, réunis sous l’appellation GMTN pour Gifa (fonderie), Metec (métallurgie), Thermoprocess (technologie thermique de production) et Newcast (produits de fonderie de précision), vont faire le plein du 16 au 20 juin prochain.
Se tenant tous les quatre ans dans la capitale du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, ce quatuor de salons pour l’industrie de métallurgique va ainsi accueillir sur près de 85 000 m2 2 100 exposants et 80 000 visiteurs, dont 54 % de fréquentation étrangère.
Derrière l’Allemagne, avec 936 participants, l’Italie sera la mieux représentée avec 261 entreprises inscrites. Dans le Top 8, figureront aussi, par ordre d’importance, la Chine, la Turquie, le Royaume-Uni, les États-Unis, la France et l’Espagne. La société de foires de Düsseldorf se montre sereine, même, s’il y a une semaine, la Commission européenne a décidé d’appliquer pour six mois des taxes anti-dumping aux aciers inox en provenance de Chine et Taïwan. Or, « la Chine représente à elle-seule la moitié de la production d’acier dans le monde et sa consommation domestique a ralenti l’an dernier », rappelait Joachim Schäfer (notre photo), directeur de Messe Düsseldorf, à l’occasion d’une conférence de presse à Paris, le 30 avril. Pour compenser, la Chine a plus exporté et les prix mondiaux ont chuté. Une situation d’autant plus intolérable pour la sidérurgie de plusieurs nations que la Russie et l’Ukraine ont dans le même temps accru également leurs livraisons à l’étranger.
La Russie sera moins présente
En définitive, ce n’est pas tant le désengagement des Chinois que des Russes que craint Joachim Schäfer, même si ces derniers ne figurent pas dans les nations les plus représentées au GMTN. « Pour la Russie, on ne sait pas comment çà peut se passer. Quant aux Chinois, s’ils se retiraient, ce serait plus douloureux, mais je ne crois pas, parce que les anciennes usines étant aujourd’hui remplacées par de nouvelles, respectant les normes, notamment environnementales, investir est pour eux indispensable », argumentait le dirigeant de la société de foires allemande.
« Pour la Russie, a-t-il poursuivi, le rouble ne vaut plus rien et venir à l’étranger devient très cher ». Pour autant, Messe Düsseldorf s’efforce de maintenir un lien fort dans ce pays, notamment avec sa filiale à Moscou (un de ses 67 bureaux dans le monde), et seront ainsi accueillies à GMTN 2015 des délégations d’acheteurs et exposants russes et des responsables d’associations nationales. « Les possibilités d’affaires en Russie demeurent importantes », a justifié Joachim Schäfer pour expliquer les efforts déployés par sa société. En définitive, le nombre d’exposants directs de ce pays va passer de 19 en 2011 sur une superficie de 608 m2 à 15 sur 502 m2 cette année.
Quant aux Français, « leur nombre va baisser de trois-quatre unités et leur surface d’exposition légèrement augmenter », a indiqué Patricia Muller, directrice générale de Promessa, la société qui assure la représentation de Messe Düsseldorf en France. De façon concrète, 53 entreprises de l’Hexagone vont participer à GMTN, dont 29 à Gifa, 11 à Metec, 12 à Thermoprocess et 1 à Newcast.
La productivité des fondeurs français reconnue
Le plus gros du quatuor est Gifa, qui à lui seul va recevoir 921 exposants du monde entier (44 % de la participation de GMTN) contre 780, dont 55 % d’étrangers, en 2011. Il y a quatre ans, cette manifestation avait aussi accueilli plus de 48 700 visiteurs professionnels, dont à 61 % des représentants de fonderies à la recherche de nouvelles machines et de nouveaux équipements. Il s’agit d’un rendez-vous de l’innovation, dont la périodicité – quatre ans – convient, semble-t-il, à la profession, même si Joachim Schäfer estime que « trois serait mieux, voire deux ». Un thème qui sera ainsi abordé lors de l’édition prochaine de GMTN sera la fabrication additive ou l’impression 3 D.
S’agissant de la fonderie, « depuis l’instauration des 35 heures en France, expliquait au Moci Jean-Luc Brillanceau, directeur général de la Fédération Forge Fonderie, la productivité des fonderies françaises s’est fortement améliorée et est très réputée, notamment auprès de l’industrie automobile allemande ». Par ailleurs, ajoutait-il, « tous nos grands sont maintenant en Chine ». Reste la légion des PME de moins de 20 salariés, représentant 60 % des 450 fonderies tricolores. D’après un ancien exposant à Gifa, ayant participé onze fois d’affilée à « cette grande messe » professionnelle, « on y va aussi pour le prestige, pour finaliser des affaires quasiment déjà conclues, mais aussi pour prendre des contacts et nouer des rapprochements ». Selon Jean-Luc Brillanceau, « la jeune génération des fondeurs français a compris l’intérêt de constituer des regroupements ». Alors peut-être à l’occasion de GMTN 2015…
François Pargny